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MWARAMUTSE, PAYS DES MILLE COLLINES

  |   AFRIQUE, ART & CULTURE, HISTOIRE & DEVOIR DE MEMOIRE, HOTELS ATYPIQUES, HOTELS D' EXCEPTION, MÉMORIAUX, MOMENTS D EVASION, MUSEE, NATURE, RWANDA, TOUS, VOS ENVIES   |   13 Comments
 
Vue sur le lac Ruhondo depuis le Virunga Lodge
 
 
 
 Paris, Février 2013
 

 

« Où pars-tu en vacances cet été ? »

 

 
« Au Rwanda »

 

 
 Selon mon interlocuteur, j’obtenais alors deux réponses :

 

«  Au Rwanda ??? Le pays du génocide de 1994 ? Mais que vas-tu y faire ? Est-ce une destination sûre désormais ? » .
 

 

Ou alors :

 

« Tu y vas pour voir les gorilles ? Mais cela ne va tout de même pas te prendre deux semaines ?! »
 

 

 
Encore une fois, mon choix de destination de vacances n’a pas manqué d’en surprendre plus d’un, même parmi les plus curieux de mon proche entourage 🙂
 
 
 
A tort ou à raison, ce petit pays d’Afrique de l’Est, situé à une dizaine d’heures de vol de Paris, ne se rappelle à la mémoire de la majorité qu’au travers du génocide perpétré à l’encontre des Tutsi, du 7 avril 1994 (soit au lendemain du crash du falcon du président Juvénal Habyarimana) au 4 juillet 1994 (date de la prise de Kigali par les troupes du Front Patriotique Rwandais).
 
 
 
Oui, 100 jours d’horreur absolue durant lesquels un million de Tutsi ont été méthodiquement massacrés, parce que considérés comme des Inyenzi (cancrelats), traîtres de surcroît,  sous les yeux d’une communauté internationale qui n’a pas voulu s’immiscer dans une  guerre présumée « ethnique « .
 
 
 
En 1994, les rares images qui nous ont été données à voir  sont soit celles d’Interahamwe (miliciens extrémistes, partisans du Hutu Power à la solde du régime génocidaire, armés de machettes et de gourdins cloutés) « coupant » des hommes, femmes, enfants et vieillards, déjà à terre et sans défense, soit celles de milliers de cadavres, ensanglantés et empilés les uns sur les autres, qui jonchaient les rues ou flottaient à la surface des rivières.
 
 
 
20 ans plus tard, le pouvoir de ces atroces moments semble s’être figé dans l’inconscient collectif et, pour beaucoup, le Rwanda reste et demeure, en premier lieu, le pays du génocide.
 
 
 
Un pays  de désolation où le temps se serait donc arrêté depuis 1994.
 
 
 
Dès lors pourquoi  parcourir autant de kilomètres pour s’y rendre en vacances et de surcroît durant deux semaines ??!!
 
 
 
Si, de prime abord, ce choix peut sembler étrange  pour la plupart des francophones, exception faite des belges (passé colonial du pays oblige), les anglo-saxons, eux, ne s’y sont pas trompés !
 
 
 
En effet, ils affluent en grand nombre dans le pays (même si c’est, essentiellement, pour aller trekker le Gorille dans le massif septentrional des Virungas ).
 
 
Et pourtant !!
 
 
 
Hormis ces primates (emblèmes du Rwanda), le Pays des Mille Collines a tant d’autres beautés insoupçonnables à offrir au regard curieux des touristes !
 
 
 
De plus, il a, tel un Phénix,  su très vite renaître des cendres du génocide  et a, désormais, pour ambition de se transformer (grâce au programme de développement Vision 2020) en un Singapour africain.
 
 
 
Mais pour être tout à fait honnête, je ne vous cacherais pas que le choix du Rwanda comme destination n’a pas été complètement innocent.
 
 
 
En effet, mon enfance a été bercée par des récits enchanteurs de proches se rendant régulièrement dans ce pays et, aussi loin que je m’en souvienne, des agasékés (paniers coniques tressés typiques de l’artisanat rwandais) ont toujours trôné en bonne place dans le salon familial.
 
 
 
Plus tard, étant passionnée d’Histoire, je me suis  intéressée aux causes de ce dernier génocide du XX eme siècle et ai découvert, par le biais d’une amie de fac, l’association IBUKA France.
 
 
 
( Celle-ci  contribue à rendre dignité et hommage à ceux dont on a tenté d’effacer jusqu’au souvenir et lutte, par ailleurs, pour que les crimes commis par des présumés génocidaires ayant trouvé asile en France ne demeurent pas impunis ).
 
 
 
Puis, plusieurs amis rwandais ont achevé de me convaincre du bien fondé de mon choix en m’assurant que je ne pourrai qu’être émerveillée par ce pays aux multiples facettes, aisément parcourable en deux semaines, eu égard à sa petite superficie.
 
 
 
Enfin, l’accueil téléphonique chaleureux reçu à l’ambassade parisienne du Rwanda (laquelle ,contrairement à d’autres représentations consulaires africaines de la capitale française, ouvre vraiment aux horaires précisées sur son site), où il m’a été indiquée, avec beaucoup de gentillesse, la procédure à suivre pour obtenir mon visa d’entrée à l’aéroport de Kigali, m’a confirmée, si besoin encore était,  de la justesse de cette échappée .
 
 
 
Une fois mon guide touristique acheté, il ne me restait donc plus qu’à établir un parcours individualisé ( car j’aime explorer, autant que faire se peut, les pays dans lesquels je me rends) qui s’efforcerait de concilier mes envies de nature, celles de  découverte des grandes villes ainsi que la visite des principaux mémoriaux du génocide.
 
 
 
C’est ce parcours réalisé, à travers tout le pays,  pendant la saison sèche d’août 2013 que j’aimerais, à présent, partager  avec vous.
 
 
 
Prêts pour la découverte ?
 
 
 
 

 

                    1.  Mes 5 villes coup de cœur: Kigali, Butare, Nyanza, Kibuye et Gisenyi
 
 
 musée de Butare
 
 
 Bien que le Rwanda soit essentiellement un pays  de campagnes et de collines, d’où son surnom de « Pays des 1000 collines », 5 villes sont, à mon sens, des lieux de visite incontournables.
 
 
 
La première impression que j’ai eue de  la capitale   Kigali,  située à 1500 mètres d’altitude, est celle d’une ville d’une propreté irréprochable !
 
 
 
Celle-ci  est la résultante d’une sensibilisation, dès le plus jeune âge, de la  population à l’écologie (les sacs en plastique y sont bannis) conjuguée aux travaux de l’Umuganda, travaux d’intérêt général auxquels doivent participer, tous les derniers samedis du mois, les rwandais.
 
 
 
Par ailleurs,  en dépit des nombreux bombardements qu’elle a subis et des combats acharnés qui s’y sont déroulés,  rien ne permet, aujourd’hui d’imaginer (à l’exception du bâtiment du CND, siège du Parlement Rwandais) le champ de ruines qu’à été Kigali au sortir du génocide.
 
 
 
En effet, elle est désormais une ville moderne, en plein chantier, avec ses  constructions multiples de grands complexes, de nouveaux hôtels de luxe, superbes restaurants, bars et lounges ainsi que ses larges avenues ombragées.
 
 
 
Pour autant, elle n’en oublie pas son identité africaine.
 
 
 
Kigali, ville également d’ambiance avec tous ses bars et boîtes de nuits d’où s’échappent autant de musique r’n’b que de musique africaine.
 
 
  La prédilection allant à la musique congolaise, l’azonto ghanéen, le coupé décalé ivoirien et le kwaito sud africain !
 
 
 
Kigali, ville également du souvenir où se tiennent chaque année, au mois d’avril, les commémorations officielles du génocide dont nous parlerons plus loin.
 
 
 
   Puis,  j’ai poursuivi mon voyage à Butare, la 2ème ville du pays (située à un peu plus de 100 kms de Kigali)  considérée comme étant la capitale intellectuelle et  culturelle du Rwanda.
 
 
 
Si l’université nationale de la ville en a assuré la notoriété, les touristes s’y arrêtent désormais pour visiter le superbe musée national du Rwanda, inauguré en 1989, à l’architecture originale.
 
 
Il retrace, de façon exhaustive, l’histoire, depuis l’époque pré-coloniale, de ce territoire .
 
 
 
 
 
 
Ce musée figure d’ailleurs sur les billets de 1000 francs rwandais.
 
 
 
 Pour ne rien gâcher, s’y produit régulièrement une troupe de danseurs permettant de découvrir les danses de la vache et celle des Intore, danseurs-guerriers hérités de l’époque  de la royauté tutsie.
 
 
 
 
 
  Ma halte suivante fut à Nyanza (située à quelques encablures de la ville de Butare), cité qui fut,  jusqu’à la Révolution de 1959, la  capitale du royaume du Rwanda , sous la colonisation belge.
 
 
 
maison royale
 
 
J’ai  littéralement été éblouie par la reconstitution et l’aménagement réussis des huttes de la résidence royale.
 
intérieur de la hutte
 
 
 
La visite des appartements privés du  mwami Mutara III (1er roi à avoir embrassé la religion catholique) dans la maison annexe ( construite « en dur », pour lui, par les autorités belges) fut tout aussi intéressante.
 
 
 
 
 
 
Mais à mon sens, le clou de toute visite à Nyanza reste la découverte dans l’enclos, situé derrière le palais royal, des vaches royales Inyambo.
 
 
 
Ultimes symboles de beauté dans la culture rwandaise !
 
 
 
 
 
 
 
 
Ces dernières, reconnaissables à leurs grandes cornes en forme de lyre, ne sont, en effet, pas  élevées pour tirer profit de leur lait et ou de leur viande mais bien pour leur légendaire beauté.
 
 
 
On peut donc lire tout un symbole dans la perpétuation de cet élevage dans la mesure où la possession de vaches, par les éleveurs tutsis, a toujours été assimilée à une grande  richesse.
 
 
 
D’ailleurs, dire à une jeune fille qu’elle a des yeux de génisse demeure, encore aujourd’hui, un compliment de grande valeur.
 
 
 
Je vous laisse apprécier 🙂
 
 
 
Il s’est, lors du génocide, avéré que l’importance revêtue par la vache dans la culture tutsie avait  bien été assimilée par les tueurs.
 
 
Ces derniers n’ont, en effet,  pas hésité, après avoir massacré les hommes, à  voler ou à tuer les vaches (dont ils faisaient des brochettes) de leurs victimes.
 
 
 
   Les deux dernières villes, Kibuye et Gisenyi, où j’ai posé mes valises sont situées au bord du lac Kivu lequel sépare le Rwanda de la République démocratique du Congo.
 
 
 
les rivages de Gisenyi
 
 
Ces cités sont les lieux de villégiature préférés des Rwandais.
 
 
Beaucoup y ont ainsi construit des résidences secondaires cossues, souvent ultra sécurisées.
 
 
La route qui, depuis la forêt de Nyungwe, longe le lac pour parvenir à Kibuye  vaut, en dépit des quelques nids de poule qui s’y trouvent par endroits, à elle seule le détour pour ses spectaculaires panoramas.
 
 
En voici un aperçu :
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
En effet,  le paysage qui s’offre alors aux yeux du touriste ébahi est la vision du lac Kivu coincé entre montagnes et forêts !
 
 
 
   Située à l’ouest du pays, Kibuye,  théâtre d’importants massacres durant le génocide, est désormais une ville paisible où l’on se rend pour se détendre au bord du lac ou pour y faire des excursions.
 
 
 
Généralement sur l’Ile Napoléon, habitée par des chauves-souris, ou celle d’Idjwi au Congo voisin.
 
 
 
 
 
Toutefois, la promenade lacustre qui a retenu  mon attention est celle grâce à laquelle j’ai pu effectuer le trajet Kibuye – Gisenyi sur l’eau au lieu de reprendre la route.
 
 
 
Bien m’en a pris car les deux heures de trajet  passées sur l’immensité du lac Kivu ont été un véritable enchantement !
 
 
 
 
 
En outre, cette traversée  a aussi le mérite de s’arrêter à environ 7 km  de Gisenyi.
 
  Là où se trouvent les sources chaudes de Nyamyumba que des enfants s’empressent de vous faire découvrir !
 
 
 
 
  
 
les sources où pataugent les enfants
 
 
 
 
Douillets s’abstenir !
 
 
 
   Gisenyi est, quant à elle, une station balnéaire  vivante (proche de Goma) ,située à la frontière de la République Démocratique du Congo, fière de ses plages de sable fin.
 
 
 
 
 
 
C’ est également la ville où se mêlent les commerçantes venues, du Congo voisin, pour y faire des emplettes en tout genre (produits maraîchers, lapins, vêtements et j’en passe) qu’elles revendront, ensuite, dans leur pays.
 
 
 
 
 
 
La cité, en outre,  où, dès l’aube, les églises résonnent de chants religieux  interprétés sur fond de musique congolaise .
 
 
 
 
Celle, par ailleurs,  du siège de la Bralirwa qui brasse les fameuses bières Mutzig et Primus consommées dans tout le pays.
 
 
 
Rien ne permet, dès lors, de soupçonner  que cette, a priori paisible, région   du Nord Ouest du Pays,  ait été victime des incursions des Interahamwes,  venus du Congo, après la fin du génocide.
 
 
 
Après avoir découvert ces 5 villes, il me tenait à cœur, par devoir de mémoire, de voir les lieux du génocide.
 
 

 

 
  2.  Les Lieux de Mémoire incontournables : Gisozi et autres lieux à Kigali, Murambi, Bisesero, Nyamata & Ntarama
 
 

 

 
 Memorial de Gisozi à Kigali
 
 
A mon sens, la visite de 5 grands mémoriaux permet d’avoir une vision très complète des massacres de Tutsi qui se déroulèrent, au printemps 94, au Rwanda.
 
 
 
   Tout d’abord le superbe Mémorial de Gisozi, ouvert, en 2004, à Kigali, où se tiennent chaque année, au mois d’avril, une partie des cérémonies de commémoration.
 
 
 
Ce mémorial  a, en premier lieu, une visée pédagogique car il explique :
 
 
      – l’Histoire du pays avant puis à compter de la colonisation belge
 
 
 
– l’instauration, par les Belges (à partir de 1931),  de la mention de l’appartenance ethnique sur les cartes d’identité.
 
 
 
 
 
Cette dernière étant déterminée au vu de critères physiques infondés et alors même que les Twa, les  Hutu et les Tutsi (habitants du Rwanda) vivaient jusque-là en bonne intelligence en partageant  même langue, le Kinyarwanda, ainsi qu’identiques  coutumes.
 
 
Malheureusement,  cette mention sera, lors du génocide, d’une redoutable efficacité aux barrages érigés par les miliciens en signant l’arrêt de mort de tous les porteurs d’une carte d’identité indiquant « Tutsi ».
 
 
 
– les différents massacres dont ont, de façon récurrente,  été victimes les Tutsi en 1959, 1963, 1973, 1990 et 1992.
 
Autant de tueries véritables préludes au génocide de 1994 (dont l’élément déclencheur fut le crash du Falcon présidentiel).
 
 
 
– la préparation, dès 1990, des mentalités au génocide. A ce titre, les médias ont joué un rôle important en déshumanisant progressivement les Tutsis, notamment via les émissions incendiaires de la RTLM et les publications du journal extrémiste Kangura .  Par ailleurs, était publié un code de conduite, «  Les 10 commandements des Bahutus »,  devant montrer aux « bons Hutus », si besoin encore était, la bonne conduite à tenir. Celle-ci  impliquant, évidemment, l’absence de relations, de quelque nature qu’elle soit, avec les Tutsis !
 
 
 
– la formation et la préparation des milices Interahamwe auxquelles étaient livrées de nombreuses armes, notamment des machettes, et ce, nonobstant l’embargo alors imposé, à ce titre,  au Rwanda.
 
 
 
l’influence grandissante des membres de l’Akazu (aile dure du régime dont faisait, à priori, partie Madame Agathe Habyarimana, première Dame du pays) lesquels étaient vivement opposés à l’application des accords d’Arusha de 1993. Ces derniers prévoyaient un  partage du pouvoir avec le FPR.
 
 
– l’impuissance de la Minuar, personnifiée par le Général Dallaire
 
 
– le rôle  ambigu  joué par les forces françaises : notamment en amont du génocide, dans la formation des FAR (forces armées rwandaises) puis, durant le génocide, au cours de l’Opération turquoise.
 
 
 
Par ailleurs, plusieurs témoignages (écrits, audios et visuels) de rescapés et de Justes (ceux qui, au péril de leur vie, ont caché des Tutsi); une salle où sont entreposés des ossements de victimes, et d’autres où sont accrochées leurs photos,  nous permettent de prendre la particulière mesure de cette horreur.
 
 
 
Cependant, mon émotion parvint à son comble dans la salle consacrée aux enfants.
 
 
 
 
Oui !
 
 
Le génocide a également dévoré les enfants car aucun Tutsi, aussi jeune soit il, ne devait survivre !
 
 
 
Y sont affichées une dizaine de photos,  de plein pied, de quelques bébés et enfants Tutsis massacrés en 1994.
 
 
 
 
 
Une légende rappelle les activités et  les repas préférés de ceux-ci ainsi que l’âge qu’ils avaient  au moment de leur assassinat.
 
 
Enfin, une dernière salle permet d’explorer les ressorts d’autres génocides du 20ème  siècle à savoir, notamment, celui des Juifs  et des Arméniens.
 
 
A l’extérieur du mémorial, plusieurs fosses communes rassemblent les restes de centaines de milliers de disparus de Kigali et de ses environs tandis que des portraits street art de Justes rwandais ainsi que de celles et ceux qu’ils ont sauvés , réalisés par l’artiste Christian Guemy, alias C215, sont, depuis 2015, également visibles près de l’amphithéâtre. 
 
 
 
 
 
 En dehors de ce mémorial, d’autres lieux, de la capitale rwandaise, sont étroitement associés à l’Histoire du génocide tels que :
 
 
 
– l’ Hôtel des Mille Collines, lieu d’action du film éponyme, où plusieurs milliers de Tutsis trouvèrent refuge au cours des premiers jours des massacres
 
 
 
 
 
–  le  Stade Amahoro  où des milliers de Tutsis se sont également réfugiés pendant les tueries. C’est d’ailleurs au sein de ce lieu que se sont tenues les commémorations du 20ème  anniversaire du génocide en avril dernier (2014).
 
 
– la Résidence (située, près de l’aéroport,  aux alentours du camp militaire de Kanombe) du Président Habyarimana , aujourd’hui transformée en musée,  où , peu après 20 heures, son Falcon  s’ écrasa, le 6 avril 1994,  alors que sa famille se trouvait dans la maison.
 
Cette résidence a cependant été transformée, en 2018, en un magnifique musée d’art contemporain, visité en mars 2019, que j’évoque ici.
 
 
 
 
On peut apercevoir, en accédant à un promontoire, l’épave de l’avion  tombée dans le jardin de la résidence.
 
Il est toutefois interdit de la photographier.
 
 
Si  les massacres ont officiellement débuté, à Kigali, le 7 avril 1994, les Tutsi vivant aux abords de la demeure présidentielle ont, quant à eux, été assassinés  par des éléments de la Garde Présidentielle dès le soir du 6 avril, soit quelques heures à peine après le crash.
 
–  l’Antenne, encore visible aujourd’hui, de la RTLM.
 
 
 
 
 
Cette radio qui, dans les mois qui précédèrent  ledit crash,  multiplia activement les appels à la haine à l’endroit de ses auditeurs et qui n’hésita pas, après avoir annoncé la mort du président Habyarimana  le 6 avril, à exhorter les Hutu à  aller« travailler ».
 
C’est à dire à exterminer « les cancrelats » Tutsi.
 
 
Durant les 3 mois du génocide, elle ira même jusqu’à révéler, sur les ondes, le nom et l’adresse de Tutsi, encore vivants, à retrouver, outre à encourager miliciens et population à  se rendre dans des lieux où la résistance Tutsi s’était organisée, notamment à Bisesero, afin de « finir le travail » !
 
 
 
 
A une cinquantaine de kilomètres de Kigali se trouvent les églises de Ntarama et Nyamata, autres sites essentiels (à  mon sens)  à visiter.
 
  Car, pour la première fois depuis des décennies, les tueurs n’ont pas hésité à massacrer une population Tutsi qui s’était réfugiée en masse dans les lieux de culte, persuadée, à tort,  que les tueurs n’oseraient pas y commettre leurs méfaits.
 
 
 
Peine perdue car, aujourd’hui encore,  les stigmates de l’horreur, notamment les impacts de balles, d’obus et de mortiers, restent visibles dans ces deux églises.
 
 
 
A Ntarama, l’édifice religieux contient des ossements ;  des vêtements ensanglantés empilés les uns sur les autres ; des cercueils ainsi que des objets de la vie quotidienne ( peignes, assiettes, carte d’identité portant la mention Tutsi) que les victimes avaient  sur et avec elles au moment de leur mort.
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans une salle de catéchisme (annexe au bâtiment principal), construite en briques, un mur anormalement teinté d’une grande tâche rouge attire l’attention du visiteur. 
 
 
 
Notre guide, l’un des rescapés de Ntarama, nous explique qu’il s’agit du sang séché des enfants Tutsi qui étaient projetés, par les tueurs, sur ses parois jusqu’à ce que mort s’en suive.
 
 
 
Dans cette même salle, on peut également apercevoir un long bâton avec lequel les génocidaires empalaient, après leur avoir fait subir les pires sévices, les femmes Tutsies.
 
 
En effet, ces dernières, objet de nombre de fantasmes de la part des tueurs, ont payé un lourd tribut lors des massacres.
 
 
Atrocement mutilées avant d’être tuées ou laissées en vie après des viols répétés  au cours desquels elles ont, malheureusement  été contaminées, à dessein, par le virus du Sida.
 
 
 
 
   
A l’intérieur de l’église de Nyamata, les vêtements ensanglantés des victimes jonchent les bancs jusqu’au pied de l’autel et de la statue de la Vierge Marie !
 
 
 
 
 
De nombreux ossements sont, quant à eux,  entreposés dans un souterrain se trouvant  derrière l’église.
 
 
Enfin, et toujours  à l’arrière de cette dernière, se trouve la  tombe de l’héroïque religieuse italienne, Tonia Locatelli.
 
 
Celle-ci  a été assassinée, en mars 1992, après qu’elle ait dénoncé  un massacre qui se préparait alors à l’encontre des Tutsi  dans cette même église.
 
 
 
   
 
Le Mémorial de Murambi, situé à  deux heures et demie de route de Kigali et dans un environnement d’une grande beauté, 
 
 
 
 
 
 est l’un des plus bouleversants qu’il m’ait été donné de voir.
 
 
Si le musée explicatif rappelle de façon un peu moins exhaustive celui de Gisozi ; tout l’intérêt de Murambi réside dans ses salles de classe (car il s’agissait d’un complexe scolaire) où sont exposés les corps de certaines des 40000 victimes assassinées sur ce site.
 
 
 
 
 
 
Ces corps  ont été conservés, avec un réalisme insoutenable, dans de la chaux.
 
  
Rien n’est plus difficile que de voir un crane d’enfant fracturé ; une femme pointant du doigt son tueur ; un homme « machetté » ; les fosses où étaient jetés les corps ou encore le terrain de volley-ball construit, juste au-dessus d’un charnier, par les soldats français, lesquels avaient fait de Murambi  le QG de l’Opération Turquoise en juin 1994.
 
 

 

 

 

 
Ce mémorial est la preuve palpable du génocide ainsi qu’ une réponse cinglante aux négationnistes.
 
   
Enfin le Mémorial de Bisesero, situé à environ une heure de route de Kibuye, est le plus difficile à trouver.
 
 
 
 
 
 
Il a été construit sur la bien nommée« colline de la Résistance » où les Abaséséros (éleveurs Tutsi)  avaient déjà eu, par le passé, à résister à des massacres.
 
 
 
C’est pourquoi , en 1994, des dizaines de milliers de Tutsi, jeunes ou vieux, y ont afflué avant d’y organiser, pendant plusieurs semaines, une vaine résistance à main nues contre des tueurs armés, eux, jusqu’aux dents.
 
 
 
Les forces de l’Opération Turquoise ayant tardé à les secourir, ils y seront presque tous assassinés.
 
 
 
Ce mémorial est composé de 9 lances symbolisant les 9 communes situées aux alentours du site et dont étaient issues les victimes.
 
 
 
Par ailleurs 9  salles étaient, en août 2013, alors en construction pour rassembler plus de documentations à ce sujet.
 
 
En contrebas du site se trouve, par ailleurs, un entrepôt provisoire contenant des milliers d’ossements humains de victimes tuées sur la colline.
 
 
 
   Toutes les visites des mémoriaux que j’ai faites en dehors de Kigali l’ont toujours été avec des rescapés.
 
 
 
Je les ai trouvés étonnamment apaisés, ne prêchant pas la haine et n’étant animés, malgré toutes les épreuves endurées, d’aucun sentiment de vengeance.
 
 
 
Au contraire, dans un pays résolument tourné vers l’avenir et dont la réconciliation est désormais le leitmotiv ( l’Etat rwandais encourageant les citoyens à se sentir avant tout Rwandais afin d’éviter que des dérives ethniques, semblables à celles de 1994, ne se reproduisent) les rescapés tentent de reconstruire une nouvelle vie après avoir déjà tout perdu une première fois.
 
 
 
Ces derniers  m’ont indiquée que les gacacas (ces tribunaux traditionnels d’antan, réinstaurés à partir de 1998 et effectifs dès 2001, pour désengorger les prisons en  jugeant des citoyens ordinaires, et non les planificateurs, s’étant compromis lors du génocide) leur ont, en partie, permis  de tourner, peu à peu, la page en accédant à l’histoire de la fin de leurs proches.
 
 
 
C’est donc une véritable leçon d’espoir et de tolérance même si, pour les victimes, vivre au quotidien (surtout dans les collines) aux côtés de tueurs libérés après avoir purgé  leur peine est loin d’être une sinécure.
 
 

 

  
3. Les Parcs et Lacs : Forêt de Nyungwe, Parc National des Volcans, Lac Muhazi et le Parc National de l’Akagera
 
 
 
 
 la canopy walk de Nyungwe
 
 
 Il ne faut pas non plus perdre de vue que le Rwanda est également un pays où Dame Nature semble s’être attardée durablement.
 
A chaque tournant, le regard embrasse, en effet, paysages verdoyants, rivières et collines.
 
 
 
 
De plus, du fait de la prédominance de l’agriculture dans le pays,  les champs de sorgho, les plantations de thé et de café, les parcelles cultivées ainsi que les bananeraies s’étendent  à perte de vue.
 
 
 
Sans oublier, ça et là, les troupeaux de vaches qui paissent ( le cheptel d’avant le génocide ayant quasiment été reconstitué) !
 
 
 
Le pays des Mille Collines est donc incontestablement un lieu privilégié pour quiconque aime la Nature !
 
 
 
   A ce titre, je ne pouvais pas passer à côté de la forêt primaire de Nyungwe, située au sud-ouest du pays, non loin de la frontière Burundaise.
 
 
 
Cette forêt abrite une riche flore (plus d’une centaine d’espèces d’arbres et de nombreuses autres de fleurs), de multiples cascades, ainsi qu’une faune d’exception, constituée notamment d’oiseaux et de singes.
 
 
 
 
 
En effet, colobes et  chimpanzés   y ont, notamment, élu domicile.
 
 
Ces derniers sont d’ailleurs devenus l’attraction touristique majeure de la foret.
 
 
 
Comme tant de touristes avant moi, j’ai donc (inévitablement) cédé à la tentation de partir à leur découverte au cours d’une expédition .
 
 
 
Ni le coût de l’excursion ;  ni le réveil à l’aube, dans le froid, pour se rendre au lieu de départ de ce trekking ; ni la grande probabilité, selon notre guide, d’entendre les chimpanzés sans parvenir à les voir, ni enfin la difficulté à se déplacer dans la forêt n’ont réussi à entamer mon enthousiasme.
 
 
 
Ce sentiment n’a, pourtant, été que de courte durée.
 
 
 
   J’avais clairement présumé de mes forces d’escalade dans en environnement où se déplacer au rythme ultra rapide des chimpanzés, s’avère, en réalité, très éprouvant.
 
 
 
Combien de fois, après les avoir entendus à quelques mètres, ai-je pensé que la rencontre avec ces primates était enfin au bout du chemin !
 
 
Mais que nenni !!
 
 
Le temps pour moi de l’atteindre, que ces coquins étaient déjà loin.
 
 
Me revenait alors à l’esprit les paroles du guide nous rappelant, peu avant le départ de l’expédition, que certains touristes tentaient l’expédition plusieurs jours d’affilée avant d’avoir la chance de rencontrer un groupe de chimpanzés.
 
 
 
A 12h30, exténuée et affamée après plus de 5 heures de marche et de grimpes sous un soleil ardent, j’ai décidé, de guerre lasse, que je n’étais plus en état de pister des singes  qui n’avaient, visiblement, pas envie de se montrer.
 
 
Il était donc grand temps de rentrer  à l’hôtel.
 
 
Pour la petite histoire, ce n’est qu’aux alentours de 16 heures (soit plus de 3 heures après mon départ)  que le groupe avec lequel j’avais tenté l’expédition du matin a fini par approcher quelques uns de ces primates.
 
 
Je n’aurais jamais pu être capable d’une telle endurance!
 
 
Donc, à mon avis, cette excursion est un must do si l’on est un randonneur aguerri et que l’on n’a pas peur de passer toute la journée à pister des chimpanzés capricieux 🙂
 
 
 
   Pour les autres, comme moi, cette ballade dans une forêt, préservée et très propre, permet, à défaut de rencontrer des chimpanzés, d’admirer de magnifiques paysages,  de voir d’autres espèces de singes (à l’instar des colobes) et surtout d’y vivre l’inoubliable expérience de la Canopy Walk !
 
 
 
 
Ouverte depuis seulement quelques années, cette jolie promenade à travers une partie de la forêt a pour point d’orgue la traversée d’un pont suspendu en métal, de plus de 100 mètres de long, posé  au-dessus de la canopée !
 
 
 
 
Frissons garantis !
 
 
Bien qu’étant  quelque peu sujette aux vertiges, j’ai tout de même pris mon courage à deux mains pour traverser, non sans fierté, ce pont.
 
 
Quelle sensation que celle de découvrir, d’en haut, les merveilles de la forêt qui s’offre à vous, outre la fierté de se dire, une fois au pied du pont, I DID IT !!
 
 
 
Cette canopy walk est par conséquent un must DO dans la forêt de Nyungwe !
 
 
 
   Ensuite, ma deuxième étape nature s’est déroulée dans le nord du pays, à un peu plus d’une heure de route de Gisenyi,  au Parc National des Volcans.
 
 
 
 
Il constitue la partie rwandaise protégée du massif des Virungas (ce dernier se partageant entre l’Ouganda et la République Démocratique du Congo).
 
 
 
On accède à ce sanctuaire des derniers gorilles de montagne, classé depuis 2002 au patrimoine naturel de l’Unesco, en passant par la ville de Ruhengeri  puis le village de Kinigi.
 
 
 
Chemin faisant, j’ai pu admirer les  lacs Ruhondo et Burera et apercevoir au loin, perdus dans la brume, les sommets des monts Bisoke et Karisimbi, les plus hauts du pays, culminant  respectivement à  plus de 3500 et 4500 mètres d’altitude.
 
 
 
Ces derniers sont d’ailleurs mondialement connus  grâce à l’action de la primatologue  Diane Fossey (dont la vie a été adaptée à l’écran dans le film « Gorille dans la Brume »)  laquelle a passé plus des quinze dernières années de sa vie dans les montagnes rwandaises.
 
 
 
En effet, à la fin des années 70, elle y a installé un centre de recherche afin de contribuer à la protection de nos cousins les Gorilles des montagnes.
 
 
 
C’est aussi là qu’elle  a été  enterrée après avoir été assassinée, en 1985, dans des circonstances non encore élucidées.
 
 
Il est d’ailleurs possible, au titre des excursions proposées, de se rendre sur sa tombe.
 
 
 
   Contrairement aux autres villes du pays, Ruhengeri et Kinigi voient affluer, malgré le coût très élevé du permis de visite aux gorilles ( préalable nécessaire, délivré quotidiennement en nombre limité, à toute expédition visant à rencontrer les primates) un grand nombre de touristes.
 
 
 
Ces derniers sont tout excités à l’idée de vivre cette « ultimate experience » qu’est la rencontre avec un animal, dont nous partageons les gènes à 97 %,  qui n’est désormais visible à l’état sauvage (en Afrique) qu’en Ouganda et au Rwanda.
 
 
 
La protection de ces primates en danger est si efficace au Pays des Mille Collines que près du tiers des gorilles de montagne que compte encore la planète y a trouvé refuge !
 
 
 
Cette conservation desdits primates revêt, ainsi, différentes formes.
 
 
Elle passe, notamment, par la sensibilisation de la population à leur préservation , l’interdiction du braconnage, la formation des pisteurs, la collecte de fonds nécessaires à la protection de l’espèce,  la mise en œuvre de projets pour les populations avoisinantes du parc ou encore l’organisation annuelle de nomination des nouveaux bébés gorilles.
 
 
 
Ainsi, chaque année, depuis 2005, ces nouveaux nés sont, au cours d’une cérémonie appelée Kwita Izina, baptisés ( c’est à dire identifiés par leur empreinte nasale, unique, équivalente à nos empreintes digitales humaines) et adoptés par des parrains qui pourront suivre leur évolution.
 
 
 
A l’instar de l’expédition pour les chimpanzés à Nyungwe, le départ pour celle des gorilles  a également lieu à l’aube.
 
 
 
   Le lieu de rendez-vous est fixé au centre de Kinigi d’où l’on aperçoit, par temps clair,  les 5 sommets du Parc, dont les plus connus restent notamment les monts Sabyinyo, Bisoke et Karisimbi.
 
 
 
 
 
Les touristes y sont alors répartis par groupe dont la constitution diffère selon les capacités physiques respectives des participants et le groupe de gorilles qu’ils désirent rencontrer.
 
 
En effet, une dizaine d’entre eux,  au nombre d’individus variables, sont observables.
 
 
Le plus grand, le Groupe Susa, comprend ainsi plus d’une trentaine de primates  (dont plusieurs dos argentés, femelles et gorillons)  et stationne autour du Mont Karisimbi, donc à plus de 4500 m d’altitude !
 
 
 L’atteindre nécessite, en conséquence, d’être en bonne condition physique pour affronter  la marche, d’au moins 3 heures et sur des sentiers escarpés, qui mène à sa rencontre!
 
 
Comme vous l’avez compris, ayant bien retenu la leçon de ma précédente expédition à Nyungwe, j’ai pris la sage décision d’opter pour un groupe se trouvant à seulement une heure de marche.
 
 
   C’est ainsi que le guide nous a annoncés, à mes 3 compagnons (qui visiblement n’étaient pas prêts, non plus, à risquer un infarctus sur le chemin) et moi, que nous irions voir le groupe nommé Uganda.
 
 
Puis il nous a indiqués quelques précautions d’usage à observer lorsque nous serions en présence des gorilles à savoir : ne pas tourner le dos au dos argenté ou silverback (mal dominant) ni s’approcher trop près d’une guenon avec ses petits, d’une façon générale respecter une distance de sécurité d’au moins 5 mètres avec eux, ne pas manger ou boire en leur présence, ni tenter de les nourrir ; toujours parler à voix basse et surtout LA RÈGLE n°1 : ne jamais soutenir le regard du dos argenté ni pointer un doigt dans sa direction. Cela pouvant être perçu par lui comme un signe d’agression !
 
 
 
Et face aux  perceptibles signes d’énervement des gorilles, une seule parade possible : adopter une attitude de soumission, en s’accroupissant,  et  lui,  céder, tout simplement le passage.
 
 
Désormais parés pour faire face à toutes les éventualités, nous nous sommes, ensuite, mis en route, précédés par des pisteurs et des hommes armés.
 
 
Prudence est toujours mère de sûreté face aux possibles braconniers.
 
 
Après une heure de marche à travers des champs de pyrèthres, insecticide naturel, des plantations de légumes, des montées escarpées et des ronces acérées, nous sommes parvenus dans une petite clairière où les cris et autres bruits émis par les gorilles nous parvenaient de plus en en plus fort.
 
 
 
 
 
Nos guides se sont alors mis  à émettre de légers grognements à l’endroit des primates  afin de leur indiquer que nous ne leur voulions aucun mal.
 
 
 
   Soudain, à 10 mètres de moi, a surgi de nulle part un gorillon.
 
 
 
Il s’est arrêté  et m’a fixée pendant quelques minutes.
 
 
 
Cette première rencontre m’a littéralement sciée et je n’ai pas pu m’empêcher de le fixer, incapable que j’étais alors de bouger ou de le prendre en photos.
 
 
 
Puis, il a, aussi brusquement qu’il était apparu, dévalé la pente pour rejoindre d’autres petits qui jouaient plus bas !
 
 
 
Première claque émotionnelle !!
 
 
 
En file indienne, derrière le guide, nous avons continué à descendre la pente pour enfin découvrir, cachés au pied de deux arbres, deux guenons ainsi que plusieurs petits qui se délectaient de feuilles, se balançaient de branches en branches ou s’épouillaient !
 
 
 
 
Quel phénoménal spectacle que celui-là !
 
 
 
Puis réaliser toute la mesure de notre lien de parenté avec ces primates en voyant leurs paumes et leurs doigts, si semblables aux nôtres !
 
 
 
 Soudain, un grognement, inattendu,  est venu interrompre ce paisible spectacle.
 
 
 
Un silverback,  mâle pouvant atteindre les 200 kilos, s’est rapproché, comme pour nous signifier qu’il nous avait à l’œil.
 
 
J’ai été impressionnée par la stature imposante de ce colosse ainsi que son air renfrogné mais il s’est, très vite, assis sous un arbre pour entamer son petit déjeuner, fait de feuilles,  sans plus du tout se soucier de nous.
 
 
 
 
Chose impensable, et sans même nous en rendre compte, nous nous sommes tous rapprochés pour ne finalement plus être qu’à un mètre de lui.
 
Notre curiosité ayant clairement été la plus forte.
 
 
 
Là encore ce cher dos argenté n’a pas paru gêné de cette promiscuité et a continué à se délecter de ses feuilles.
 
 
 
Quel spectacle !!….
 
 
 
Reste que par souci de sécurité,  la visite auprès des gorilles ne dure qu’une heure.
 
 
60 minutes d’observation qui passent à une vitesse éclair !!!
 
 
C’est donc avec beaucoup de regrets, mais des souvenirs plein la tête ainsi que porteuse de mon certificat de visite aux gorilles, que j’ai dû redescendre à Kinigi.
 
 
 
   Ma troisième halte estampillée nature s’est faite, en redescendant vers  Kigali, au lac Muhazi, situé à environ une heure de route de la capitale.
 
 
 
 
 
Une pause très reposante  au Jambo Beach, petit restaurant situé sur la rive, m’a permis d’ apprécier la quiétude des abords du lac où  le président Paul Kagamé possède d’ailleurs une résidence secondaire.
 
 
 
 
 
 
Enfin, l’ultime étape consacrée au parcours nature fut  au parc de l’Akagera, à environ 120 kms à l’est de Kigali,  tout proche de la frontière tanzanienne.
 
 
 
 
Les touristes en quête de safari s’y  rendent pour admirer  des éléphants, dont le célèbre mâle solitaire  Mutware ayant terrorisé, par le passé, plusieurs visiteurs, des babouins, des  girafes, des hippopotames, des gazelles, et plusieurs espèces d’oiseaux.
 
 
 
 
 
Cependant, aucunes traces de fauves !
 
 
Selon le guide, fuyant les braconniers lors du génocide, ceux ci seraient passés en Tanzanie voisine.
 
 
Pour ma part, le safari à l’Akagera a tout son charme si l’on n’est pas à la recherche de ces derniers.
 
 
A défaut, il faut plutôt privilégier les parcs tanzaniens.
 
 
[ MISE A JOUR AU 30.06.15 !
 
 
Mais ça c’était avant !
 
 
Car depuis aujourd’hui (30.06.15), 7 lions, venus d’Afrique du Sud, vont être réintroduits dans le Parc, qui est, depuis bientôt deux ans,  entouré d’une clôture électrique (afin de protéger les habitants demeurant à proximité des bêtes sauvages).
 
 
 
Une raison de plus pour visiter l’Akagera et contribuer à l’essor touristique du Pays des 1000 Collines 🙂 ……………………………… ]
 
 
 
 
   Si je n’ai pas été emportée par le safari terrestre que j’y ai fait, j’ai en revanche eu un énorme coup de cœur pour la croisière, proposée à bord d’un petit bateau, sur le lac Ihéma   traversant le parc.
 
 
 
Oui oui vous avez bien lu !
 
 
Une magnifique ballade, d’une heure,  à faire idéalement en fin d’après-midi afin de pouvoir admirer le coucher du soleil en étant sur l’eau.
 
 
Priceless !!
 
 
 
 
 
Grâce à ce safari « on the water », j’ai pu admirer toute la flore du lac, notamment de jolis papyrus, mais également une faune non moins négligeable : plusieurs rapaces, nombreux hippopotames et crocodiles ainsi que des buffles repérés sur la berge grâce aux yeux de lynx de notre guide.
 
 
 
 
 Enfin, ce petit tour en bateau m’a également permis de voir, sous un autre angle, le magnifique ponton en bois, avançant sur le lac, du joli hôtel Ruzizi Tented Lodge, dont je vous parlerais plus loin.
 
 
 
4. Ma sélection des meilleurs  endroits  où dormir et se restaurer au Pays des Mille Collines.
 
le Nyungwe Forest Lodge
 
 
Si les grandes villes, et plus particulièrement Kigali, offrent,  plus aisément,  une grande diversité d’hébergements (pour toutes les bourses)  ainsi que des lieux de restauration variés en terme de cuisine, il n’en demeure pas moins qu’il existe quelques bijoux à l’intérieur du pays.
 
 
Vous trouverez ci-dessous quelques-uns de ceux qui m’ont laissée un souvenir impérissable.

 

Le best of de Kigali:
 
 
 
   L’incontournable Hôtel des Mille Collines n’est pas un mythe.
 
 
S’il était, en août 2013 (date de mon voyage au Rwanda), dépassé, notamment en terme de confort,  par le Serena ou les hôtels de la Chaîne Gorillas, il demeurait un établissement où l’on se sent bien. (il est toutefois à noter que  l’hôtel des Mille Collines fait partie, depuis quelques mois, de la chaîne Kempiski)
 
 
 
 
C’est  donc avec beaucoup d’émotion que j’ai pénétré dans cet établissement, représenté dans le film Hôtel Rwanda, où tant de Tutsis ont, après y avoir trouvé refuge, eu la vie sauve durant le génocide.
 
 
 
   Épisode moins connu mais qui mérite d’être rappelé  :  celui du capitaine sénégalais Mbaye Diagne, l’un des deux soldats de la MINUAR basés aux Mille Collines, qui a contribué au sauvetage de  centaines de persécutés avant d’être finalement tué, fin mai 1994, par un éclat d’obus.
 
 
Il a notamment secouru les enfants de la première ministre hutue modérée, Agathe Uwilingiyimana,  assassinée par des éléments de la garde présidentielle rwandaise, dès le 7 avril 1994 et avec les 10 soldats belges qui assuraient sa sécurité, car elle était favorable à l’application des accords d’Arusha de 1993.
 
 
 
   La piscine de l’hôtel ainsi que  le bar y attenant sont très agréables.
 
 
 
 
 
On revoit bien la description qui en a été faite dans le livre «  Un Dimanche à la piscine de Kigali » de Gil Courtemanche.
 
 
 
Deux fois par semaine, il en était, du moins,  ainsi lors de mon passage à Kigali début août 2013, sont organisées des happy hours aux accents jazzy où les kigaliens se rencontrent autour d’une primus.
 
 
   La cuisine des Mille Colline est bonne avec une mention toute particulière, parait t-il,  pour les brochettes de poulet, que je n’ai, cependant et malheureusement,  pas eu la chance de goûter.
 
 
C’est sans doute la rançon du succès !
 
 
   S’agissant des restaurants, ne manquez pas les buffets du déjeuner de Chez John, une institution à Kigali, pour qui veut découvrir la gastronomie rwandaise.
 
 
 
 
 
Pour une somme modique, l’équivalent de 5 euros, il est possible de déjeuner à volonté et de découvrir quelques spécialités locales.
 
Telles que les samoussas (emprunts à la gastronomie asiatique),  l’igisafuriya (un plat à base de poulet et de bananes plantains)  les brochettes de chèvre grillée, les délicieux sambazas  (petits poissons frits du lac kivu)  du manioc  ainsi que des délicieuses frites de patate douce ou de pomme de terre (héritage colonial belge oblige),   les mizuzu (bananes plantains mures frites connues sous le nom d’alloco en Afrique de l’ouest) ainsi que de délicieux fruits tropicaux pour terminer le repas sur une note sucrée.
 
 
   Chez Robert, un  joli restaurant aux superbes fontaines, est également une autre institution (située juste en face des Mille Collines) dont le déjeuner vous laissera un souvenir ému !
 
 
 
 
 
 Grace à un ami, j’ai, aussi, pu  découvrir un charmant hôtel/restaurant, le Sélect, lové dans le magnifique écrin de verdure d’une maison individuelle située sur les hauteurs de Kigali.
 
 
 
On y sert une très bonne cuisine occidentale à dominante française.
 
 
 
   Pour le goûter, le Shokola Lite café, ayant pris ses quartiers dans le même bâtiment que la très belle librairie Ikirezi, est un petit havre de paix.
 
 
Mention spéciale pour sa bibliothèque dont les livres sont recouverts de wax !
 
 
 
 
Le bijou de Nyungwe :
 
 
 
   
Nyungwe Forest Lodge ( désormais One & Only Nyungwe House) !
 
 
C’est l’hôtel dont tous mes amis m’ont parlée avant mon départ pour le Rwanda.
 
 
A les entendre,  il s’agissait d’un véritable petit bijou caché dans des plantations de thé situées près de la forêt de Nyungwe.
 
 
 
 
 
Si le site web de l’établissement m’a tout de suite transportée, la réalité, à l’arrivée sur les lieux, en fin de journée et alors que la nuit tombait déjà sur les champs de thé, a, pour ainsi dire,  dépassé TOUTES mes espérances.
 
 
   L’emplacement du Nyungwe Forest Lodge est idyllique.  Ses parties communes sont décorées avec beaucoup de goût, alliant décorations modernes et occidentales à des ornements plus artisanaux et produits localement, notamment les tableaux imigongo.
 
 
 
Une terrasse, ouverte sur les champs de thé, reste le parfait endroit pour, de jour comme de nuit,  admirer la beauté de la Nature tout en s’ y  restaurant. 
 
 
 
 
 
   De même on ne saurait rêver plus belle piscine que celle à débordement, ouverte sur la forêt, où il fait bon se délasser.
 
 
 
 
 
 Les chambres, intégrées dans des maisons individuelles, sont quant à elles un véritable cocon, décorées toujours avec beaucoup de goût, d’où l’on a du mal à s’extirper, tant y règnent luxe, calme et volupté.
 
 
 
Je suis, pour ainsi dire, tombée en pâmoison devant la très grande et jolie salle de bain, le lit si moelleux,  qu’il est une invitation criante au sommeil,  ainsi que devant la terrasse privative (tout en bois) qui permet de profiter du panorama offert par les champs de thé et les singes espiègles jouant dans les arbres.
 
 
 
 
   
De surcroît, et pour ne rien gâcher, le chef cuisinier du Nyungwe Forest Lodge prépare une délicieuse cuisine qui ravira même les papilles les plus exigeantes !
 
 
 
Voila un autre bijou rwandais que l’on ne s’attend pas à dénicher dans cette forêt mais que l’on quitte difficilement une fois découvert.
 
 
La désormais paisible Kibuye:
 
 
 
   Après une route très dégradée qui m’a parue sans fin, je suis arrivée au Cormoran Lodge.
 
 
 
 
 
Un joli hôtel, constitué de chalets  en bois avec des petites terrasses privatives, faisant face au lac Kivu.
 
 
 
 
Toute l’architecture des lieux  privilégie  bois ainsi que  matériaux locaux.
 
 
 
   La terrasse panoramique du restaurant permet, en outre,  de déguster son repas tout en profitant d’une vue magnifique sur le lac où passent, de façon continue,  des pirogues de pêcheurs.
 
 
 
 
 
Il est également possible de se prélasser sur des chaises longues installées près du ponton où peuvent accoster de petits bateaux.
 
 
 
 
Les enfants seront, par ailleurs,  ravis de découvrir l’ aire de jeux spécialement aménagée  pour eux sur la  plage de l’hôtel.
 
 
   Enfin, le Cormoran Lodge  propose plusieurs activités à ses clients dont la possibilité de faire du kayak ou celle de profiter d’excursions en bateau vers des îles situées sur le lac Kivu.
 
 
En somme, un endroit en théorie totalement idyllique !
 
 
   Sauf que si j’ai tout de suite été émerveillée par le charme de l’endroit ainsi que les jolis chalets en bois, j’ai  toutefois été déçue par l’accueil qui m’a été réservée.
 
 
 
La propriétaire n’étant pas là, les employés, que ce soit au moment du check in ou du check out ou même au restaurant, ne semblaient pas pressés d’accueillir les clients et manifestaient presqu’ une totale indifférence à leur égard.
 
 
 
Cela est vraiment dommage car l’hôtel, qui jouit d’un emplacement géographique inouï,  est vraiment magnifique.

 

 
 La paradisiaque Gisenyi:
 
 
 
   Grace à une amie rwandaise, j’ai abandonné l’idée de loger au Serena de Ginseyi pour plutôt prendre mes quartiers au Paradis Malahide.
 
 
 
   Et j’ai eu raison car j’ai , dès les premières minutes, été conquise par cet établissement conjuguant beauté et caractère paisible.
 
 
 
 
 
 
 
 
Mon arrivée au bien nommé Paradis Malahide s’est faite en bateau puisque l’hôtel était le terminus de mon escapade depuis Kibuye dont je vous ai parlé plus haut.
 
 
 
Le « débarquement » a d’ailleurs eu lieu, en fin de matinée, sur la petite plage, jouxtant les chambres aménagées dans des paillotes disséminées dans la végétation, où se prélassaient déjà quelques clients.
 
 
 
Les bungalows (construits à partir de matériaux locaux) , d’un confort sans chichis, sont très agréables.
 
 
 
Seul petit bémol cependant, la literie de certains d’entre eux  qui peut devenir un véritable cauchemar nocturne !
 
 
 
Heureusement, ces petites tracasseries s’oublient dès le réveil !
 
 
 
En effet, quel plaisir de pouvoir petit déjeuner , dans des couverts tout en bois, sur une table installée au bord du lac ; puis d’être en mesure de se régaler (tout en étant blottis sous des couvertures) , au dîner, de sambazas ou d’excellentes brochettes de poissons autour du boma !
 
 
 
Et que dire de l’accueil efficace et souriant des membres du personnel ?
 
 
Autant d’atouts qui rendent tout séjour au Paradis Malahide inoubliable !
 
  
 
   Enfin, l’on peut soit profiter du charme de la baignade sur la plage privée de l’hôtel ou louer la petite embarcation de ce dernier pour naviguer dans les environs.
 
 
 
Pour ma part, je me suis contentée de profiter de sa plage et de ses jardins.
 
 
 
  Le Paradis Malahide est définitivement l’adresse de charme à ne pas manquer pour quiconque cherche un hébergement original et à taille humaine à Gisenyi.
 
 
 
J’ai également eu l’occasion de me rendre au Serena de Gisenyi.
 
 
 
Malgré sa jolie piscine, sa petite plage aménagée et ses délicieux sambazas, il m’a semblée plus impersonnel.
 
 

 les sambazas, petits poissons frits

 
 
Toutefois sa boutique de souvenirs,  bien achalandée, regorge de superbes pièces d’artisanat que vous ne retrouverez sur aucuns étals de marchés!
 
 Cela vaut donc le coup d’y casser sa tirelire !
 
 
 
En mode safari au Parc de l’Akagera:
 
 
 
   Lors de ma visite dans ce parc, deux options d’hébergement étaient possibles : l’Akagera Game Lodge, longtemps le seul hôtel du parc mais dont les infrastructures sont désormais considérées, par beaucoup, comme étant vieillottes, et le tout nouveau et intime Ruzizi Tented Lodge.
 
 
 
J’ai opté pour ce dernier avec beaucoup d’enthousiasme ! Là encore je n’ai pas du tout regretté mon choix, tant le site est majestueux !
 
 
 
  Je vous plante le décor: 7 tentes, auxquelles l’on accède par des passerelles en bois, aménagées sur des plateformes en dur sur les rives du lac Ihema.
 
 
 
  Magnifique ponton en bois donnant sur le lac où prendre  le petit déjeuner (juste avant le lever du soleil),  l’apéro (au moment où le soleil se couche) ou le dîner (autour d’un boma) est un plaisir des yeux inouï.
 
Mais possibilité également de dîner, de façon conviviale, avec les autres clients (pour la plupart anglophones) dans une salle ouverte aux 4 vents.
 
Safari nocturne auquel vous pourrez, en outre, succomber.
 
Mais, pour être tout à fait objective, le clou du spectacle, au Ruzizi, se trouve dans  les tentes-chambres, d’un grand confort,  faisant toutes face au lac  et qui, cerise sur le gâteau, disposent d’un petit coin terrasse.
 
 
 
   C’est un plaisir indescriptible que d’entendre, dans la nuit, alors que l’on est soit-même lové sous ses couvertures, les croassements des grenouilles, le bruit des hippopotames qui sortent de l’eau et celui des singes qui s’amusent.
 
 
 
5. Que ramener du Rwanda ?
 
 
 
En ce qui me concerne j’aime bien rapporter de mes voyages des magnets ainsi que des souvenirs représentatifs du pays.
 
 
Au Rwanda, si je n’ai pas trouvé de magnets à mon goût ,  j’ai néanmoins pu dénicher d’autres superbes souvenirs à rapporter.

 

 
L’incontournable vannerie et notamment les Agaseke:
 
 
 
   Mon premier choix s’est porté sur les agaseké, ces paniers cylindriques coiffés d’un couvercle conique en fibres tressées.
 
 
 
Vous en trouverez partout et de toutes les couleurs car il s’agit d’une pièce d’artisanat utilisée dans la vie quotidienne : à titre décoratif ou à titre de rangement.
 
 
 
 
Différents tissus : wax, khanga et tie & dye notamment:
 
 
 
   Plusieurs étoffes colorées sont vendues sur les étals des différents marchés du pays.
 
 
 
Ainsi à coté du wax, tissu en coton coloré que l’on retrouve également dans toute l’Afrique de l’ouest, appelé Kitenge au Rwanda ;  se trouvent le khanga, étoffe, typique d’Afrique de l’est et notamment de la Tanzanie, assez colorée et comportant le plus souvent des messages sous formes de proverbes, et enfin de magnifiques tie and dye, des pièces de coton teintées selon une méthode ancienne et qui offrent de superbes dégradés de couleurs.
 

 

 
Les originales peintures Imigongo:
 
 
   Il s’agit de peintures, aux motifs géométriques, réalisées avec de la bouse de vache séchée.
 
 
Nul doute qu’elles orneront avec beaucoup d’originalité tous les intérieurs.
 
 
 
 
Des accessoires de la marque rwandaise INZUKI:
 
 
   Par le biais d’une amie j’ai pu découvrir, quelques mois avant de m’envoler pour le Rwanda, la marque, Inzuki, créee par une jeune entrepreneure  du nom de Téta Izibo.
 
 
 
J’ai aussitôt eu un coup de cœur pour cette ligne qui propose beaucoup d’accessoires (colliers, sacs, boucles d’oreilles), très colorés et réalisés selon des techniques traditionnelles rwandaises.
 
 
 
   La jolie boutique INZUKI se situe, en plein centre ville de Kigali, sur le boulevard de la Révolution ( erratum : lors de mon second voyage, en 2019, à Kigali la boutique Inzuki avait déménagé. Elle a désormais pris ses quartiers non loin de l’hotel Mariott).
 
 
 
   6. Pour aller plus loin  sur le Génocide:
 
 
Pour ceux qui aimeraient en apprendre  davantage sur cette tragédie qu’a été le génocide,  voici une petite liste, non exhaustive, de films, documentaires, expositions, ouvrages et podcast écouté, lus et vus par mes soins que je vous recommande  :
 
 
 De Podcast :
 
 Réalisé par la National Commission for the Fight Against Genocide (CNLG) rwandaise, cet exhaustif podcast permet, à travers des épisodes consacrés à chacun des 100 jours que dura le génocide perpétré, en 1994, contre les Tutsi au Rwanda, de mieux appréhender la préparation puis l’exécution de ce dernier effroyable génocide du 20 ème siècle.
 
Il est à retrouver en cliquant sur ce lien : https://anchor.fm/kwibuka-rwanda
 
De Films :
 
 
   Tout le monde pense d’emblée à Hôtel Rwanda, de Terry George, dont l’action est supposée se dérouler à l’Hôtel des Mille Collines (alors propriété de la compagnie aérienne belge Sabena) à Kigali.  En réalité, ce dernier a été tourné, en Afrique du Sud.
 
 
Mais s’il semble, à première vue, plutôt bien réalisé, le film ne rend non seulement pas assez compte, à mon goût, de la tension et des enjeux qui ont existé pendant le génocide mais il demeure, en outre, l’objet de vives controverses.
 
Car selon les témoignages de nombreux  rescapés s’étant réfugiés à l’Hôtel des Mille Collines, cette œuvre hollywoodienne  présenterait Paul Rusesabagina (directeur des lieux durant cette période) comme un véritable héros ayant mis sa propre vie en danger pour les sauver ce qui serait en réalité loin d’être le cas.
 
Ce dernier ayant notamment frayé avec les autorités génocidaires et, entre autre, exigé le paiement par les réfugiés de sommes d’argent, ou à défaut l’établissement de reconnaissances de dettes, pour occuper les chambres . 
 
Ainsi qu’ en atteste l’ouvrage « Hotel Rwanda ou le génocide des Tutsis vu par Hollywood« ,  basé sur des témoignages de rescapés de l’hôtel , publié par Alfred Ndahiro et Privat Rutazibwa.
 
 
Je vous conseille donc :
 
–   les films : Shooting Dogs de Michael Caton-Jones  et Sometimes in April de Raoul Peck
 
 
Notre Dame du Nil de Atiq Rahimi, vu en avant-première parisienne le 21 novembre 2019 et qui sortira dans les salles françaises le 5 février 2020,  adaptation  du roman éponyme de Scholastique Mukasonga. Une œuvre qui évoque les racines de la Haine, ayant 20 ans plus tard mené au génocide des Tutsi, en filmant le quotidien des jeunes filles pensionnaires du réputé lycée catholique Notre Dame du Nil en 1973. Une année qui vit notamment s’accroître les discriminations et persécutions à l’encontre des Tutsi.
 
Munyurangabo de Lee Isaac Chung  : Un film qui s’attache, dans un Rwanda post génocide, à suivre le voyage de deux adolescents, l’un Hutu et l’autre Tutsi, mus par des désirs semblant, au début de leur épopée, identiques.
Par le biais de ses deux personnages principaux, cette œuvre parle également de réconciliation, de pardon, de la difficile reconstruction des rescapés et de la nécessité de ne désormais dessiner qu’une seule identité rwandaise , débarrassée de toutes considérations ethniques.
 
 
 – De poignants Documentaires
 
 
. » Tuez-les tous ! » (disponible sur Youtube) de Raphael Glucksmann, David Hazan et Pierre Mezerette qui explique, à l’aide d’images d’archives, d’écrits et de nombreux témoignages ( de rescapés, de bourreaux, de militaires et politiques tant français , rwandais que canadiens notamment, de représentants de l’Onu ) le génocide des Tutsi de manière chronologique en se plongeant, à partir de l’Histoire précoloniale, dans l’Histoire du Rwanda et en rendant compte des différentes étapes qui ont peu à peu permis la mise en place puis l’effroyable exécution du génocide en 1994. Ce très instructif documentaire s’attarde également sur l’absence de réaction de la communauté internationale face à l’horreur qui, durant trois mois et sous les yeux du Monde, s’est jouée au Pays des 1000 Collines mais aussi sur  le rôle et l’implication des autorités françaises auprès du gouvernement génocidaire avant, pendant et aux lendemains du génocide.
 
 
. » 7 jours à Kigali, la semaine où le Rwanda a basculé » de Mehdi Bah qui donne la parole à plusieurs personnes ayant vécu les  premiers jours du génocide 
 
 
. « Inkotanyi : Paul Kagamé, la tragédie rwandaise » de Christophe Cotteret . Ce dernier raconte l’Histoire du FPR (Front Patriotique Rwandais) grâce, notamment, à des images d’archives et des témoignages exclusifs : allant de ceux de ses figures phares (tel l’actuel président rwandais Paul Kagamé, jadis dirigeant de ce mouvement à la fois politique et militaire) à ceux d’historiens et journalistes.
 
 
.  » Rwanda, un génocide en héritage » d’André Bataille . Il donne la parole à des jeunes, né (e)s après le génocide et désireux de faire toute la lumière sur les causes desdits massacres, qui, sans avoir vécu ces heures sombres, ressentent néanmoins les douleurs psychologiques outre les traumatismes hérités de leurs parents, acteurs ou victimes du génocide.
 
. » Les Juste du Rwanda : rencontre avec les héros du génocide «  documentaire réalisé par  France 24 ,disponible sur Youtube à cette adresse ( https://www.youtube.com/watch?v=l1DyglFLDyw), qui rend hommage à 3 Justes qui durant le Génocide des Tutsi conservèrent leur humanité et mirent tout en œuvre, au péril de leur propre vie, pour sauver des hommes, femmes et enfants alors promis à une mort certaine du fait d’être nés Tutsi.
 
 
.  » Retour à Kigali, une affaire française » de Jean-Christophe Klotz . Un instructif documentaire, réalisé par un reporter s’étant rendu au Rwanda durant le génocide, qui grâce aux documents d’archives, témoignages de politiques outre militaires français et films qu’il a lui même réalisés sur place démontre notamment le rôle trouble joué par la France avant 1994 et pendant le génocide au Rwanda . En pointant également du doigt le refus de la France de désormais reconnaître ses erreurs à ce titre, il témoigne d’une volonté d’avoir, enfin, accès à la vérité concernant ce dernier génocide de l’Histoire du 20 eme siècle qui empoisonne les relations diplomatiques entre Paris et Kigali.
 
Ce documentaire est d’ailleurs actuellement disponible en replay, jusqu’au 3/5/19, sur le site France 3 en cliquant sur ce lien : https://www.france.tv/documentaires/societe/957617-une-affaire-francaise.html
 
 
. « Kigali, des images contre un massacre  » de Jean-Christophe Klotz. Blessé, au printemps 1994, lors d’une attaque perpétrée par des miliciens Interahamwe contre une paroisse de Kigali, dont le père avait ouvert les portes à des réfugiés Tutsi, où il réalisait un documentaire, Jean-Christophe Klotz revient en 2004 au Rwanda pour rechercher d’éventuels survivants à ce massacre. Bouleversante par ses images, cette œuvre l’est également par les interviews qu’elle contient (rescapés, témoins, acteurs) outre les documents et informations livrés témoignant de l’inertie, de l’indifférence voire même de la complicité de la communauté internationale ou du moins de certains pays occidentaux manifestées durant le génocide des Tutsi.
 
 
 
. « Rwanda : portraits du pardon  » de Joel Karekezi,  réalisateur rwandais dont « La Miséricorde de la Jungle« , sa deuxième œuvre cinématographique primée de l’Etalon d’Or du Yennenga lors de l’édition 2019 du Fespaco, est d’ailleurs projetée dans les salles françaises depuis le 24 avril 2019.
A travers les bouleversants portraits de plusieurs rescapés et bourreaux est évoquée la question du pardon portant elle même en creux celle de la réconciliation.
 
Ce documentaire est actuellement disponible en replay sur le site de la chaîne Toute L’Histoire
 
 
. « Rwanda, chronique d’un génocide annoncé  » de Michael Sztanke . Un autre aussi magnifique qu’édifiant  documentaire qui, à travers les témoignages de rescapés Tutsi, de militaires et politiques français (ayant opéré au Rwanda avant le déclenchement du génocide ou organisé l’Opération Turquoise) et de miliciens Hutu mais aussi via des documents présentés, enquête et interroge sur le rôle plus que trouble  joué par la France avant, pendant et après le génocide de 1994.
 
 
. « Rwanda, après le sang, l’espoir  » d’ Alain Stanké. Un bouleversant documentaire qui donne la parole à plusieurs rescapés du génocide. Ces derniers racontent ce qu’ils ont vécu mais évoquent aussi l’après-génocide et leur processus de reconstruction dans un pays ayant su renaître de ses cendres .
Parmi les survivants dont la parole est ici mise à l’honneur figure, notamment,  Albert Nsengimana, un jeune homme qui a également choisi de raconter son histoire dans un ouvrage intitulé « Ma mère m’a tué » 

 

 
 
Des Livres :
 
 
   Il peut parfois sembler difficile de se retrouver dans les nombreux ouvrages, relatifs au génocide,  qui sont parus depuis 1994.
 
 
Néanmoins je vous conseille ceux-là que j’ai lus et qui me semblent très bien documentés :
 
 
– « Un dimanche à la piscine à Kigali » de Gil Courtemanche
 
 
–       – « Récit des marais rwandais » de Jean Hatzfeld qui comprend la trilogie « Dans le nu de la vie » (consacré aux rescapés), « Une saison des machettes « (consacrée aux tueurs) et « La Stratégie des Antilopes » (consacrée à la cohabitation entre les premiers et les seconds après la libération de ces derniers de prison)
 
 
     –  «

 
 
– « L’Ouragan a frappé Nyundo» de Félicité Lyamukuru : Emouvant témoignage de l’auteure, rescapée du Génocide des Tutsi, qui revient à Nyundo, où presque toute la totalité de sa famille (proche et élargie)  a été exterminée, et nous narre l’horreur de ce printemps 1994 qu’elle a vécu. Mais au-delà de cet aspect, ce livre est également une ode à ses êtres chers disparus, dont il ne reste quasiment aucunes photographies, et un ouvrage qui interroge, notamment, sur les notions de pardon et de résilience dont les rescapé(e)s sont invité(e)s, politique de réconciliation nationale oblige, à faire preuve  alors qu’ils continuent de faire face à  des génocidaires condamnés qui, eux , se réfugient (pour la plupart) dans le déni, les mensonges et refusent de fournir aux victimes les informations exactes qui permettraient à ces dernières d’accéder à la vérité concernant la fin de leurs familles, exhumer leurs corps pour les enterrer dignement et faire, enfin, leur deuil.
 
– « La Traversée» de Patrick de Saint- Exupéry 
 
Récit d’une longue enquête menée, de Kigali à Kinshasa, par le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, présent au Rwanda en 1994, cet ouvrage vient battre en brèche les théories colportées par les extrémistes, négationnistes et révisionnistes, de tout bord,  du génocide des Tutsi de 1994, qui tentent depuis 1994 de faire croire à l’existence d’un  » double génocide  » ou  » d’un deuxième génocide ».
 
Lequel se serait déroulé en République Démocratique du Congo, après la reprise du Rwanda, à l’été 1994,  par les troupes de Paul Kagamé, aurait visé les populations hutu ayant alors fui le Rwanda pour se réfugier au Congo voisin et aurait été perpétré par les troupes du FPR.
 
Dans cet ouvrage, la preuve est en effet rapportée qu’il n’y a jamais eu de « double génocide » en République Démocratique du Congo, la notion de génocide impliquant qu’un Etat s’organise pour préparer avec minutie et de façon anticipée l’assassinat d’une partie de sa population en raison de ce que celle-ci représente.
 
Les massacres survenus sur place , conséquences de la présence d’anciens génocidaires, ayant fui au Congo aux lendemains du génocide, qui ont continué à y promouvoir leur idéologie exterminatrice, ne pouvant être assimilés à un génocide.
 
 
– «Là où tout se tait » de Jean Hatzfeld :
 
Ayant toujours pour cadre le district de Nyamata, cet nouvel ouvrage de l’auteur s’intéresse cette fois ci aux Justes ( personnes Hutues qui, durant le génocide des Tutsi de 1994, ont aidé ou sauvé leurs concitoyens qui étaient alors promis à une mort certaine).
 
Des hommes et femmes qui se sont, pour la plupart, depuis enfermés dans le silence.
 
Puisqu’ils ont conscience d’être à la fois perçus comme des traitres par leur communité d’origine (hutue), pour avoir choisi de porter assistance à des personnes qu’ils avaient pourtant ordre d’exterminer, ou regardés avec méfiance par des rescapés pour qui  » seuls les morts peuvent désigner les Justes ».
 
 
Mais ce livre évoque aussi en creux la souffrance supplémentaire endurée par les survivants du fait des mensonges proférés ou du silence gardé, à dessein, par les tueurs quant à la désignation des « trous » où ceux-ci ont jeté les familles des premiers.
 
Car en l’absence d’aveux circonstanciés et d’indications de lieux où se trouvent lesdites dépouilles, impossible pour les rescapés de faire procéder à l’exhumation des corps, leur offrir une digne sépulture ensuite et de pouvoir enfin faire leur deuil.
 
 
Murambi, le livre des ossements » de Babacar Diop
 
–        – « Tu leur diras que tu es hutue » de Pauline Kayitare
 
 
–       – « Sur la piste des tueurs rwandais » de Maria Malagardis . Un ouvrage qui raconte la lutte menée par les époux Gauthier afin que les crimes commis par des  présumés génocidaires, aujourd’hui en exil en Europe et notamment en France, ne demeurent pas impunis. C’est d’ailleurs leurs plaintes qui ont : 
 
. d’une part, permis l’arrestation du capitaine Pascal Simbikangwa  puis la condamnation historique de ce dernier, en mars 2014, par la Cour d’Assises de Paris pour crime de génocide et complicité de crimes contre l’humanité. (une peine confirmée en appel par la Cour d’Assises de la Seine-Saint-Denis en décembre 2016 )
 
. et, d’autre part, contribué à  la condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité prononcée,  le 6 juillet 2016 avant d’être confirmée en appel, le 6 juillet 2018, par la Cour d’Assises de Paris  à l’encontre d’ Octavien Ngenzi et Tito Barahira.
 
Deux anciens bourgmestres reconnus coupables de crimes contre l’humanité pour leur participation dans la mise en oeuvre du génocide des Tutsi dans la commune de Kabarondo, située à l’est du Rwanda, qu’ils avaient successivement administrée
 
 
–      –  « Notre Dame du Nil » de Scholastique Mukasonga, ouvrage primé du prix Renaudot  2012 et qui vient d’ailleurs d’être adapté au cinéma par Atiq Rahimi (le film Notre Dame du Nil est sorti dans les salles françaises depuis le 5 février 2020)

 

 
–     – « Rwanda, les médias du génocide  » de Jean Pierre Chrétien » qui rend compte du rôle des médias dans la préparation du génocide puis au cours de son exécution
 
 
« Génocidé » de Révérien Rurangwa , bouleversant témoignage d’un rescapé
 
 
– « Une Initiation » de Stéphane Audouin-Rouzeau
 
 
– « La Fleur de Stéphanie, Rwanda entre réconciliation et déni » de Esther Mujawayo & Souad Belhaddad qui évoque la quête personnelle menée par Esther Mujawayo, survivante, pour accéder à la vérité sur la fin de ses proches et retrouver leurs dépouilles (en l’occurrence celles de sa sœur Stéphanie et des enfants de cette dernière) afin de leur donner une sépulture digne; donne la parole à plusieurs rescapés lesquels se confient, notamment, sur le travail des gacaca (tribunaux traditionnels instaurés pour juger les génocidaires « non planificateurs ») , les questions du pardon face aux anciens génocidaires, de la réconciliation, du vivre-ensemble outre de la reconstruction pour les victimes dans la société d’après génocide; propose le regard croisé d’Esther Mujawayo et Simone Veil sur la Shoah et le Génocide des Tutsi .
 
 
« La jeune fille au sourire de perles  » de Clémantine Wamariya qui livre le bouleversant récit de cette rescapée du génocide, séparé durant 12 ans de ses parents,  vivant désormais aux Etats-Unis où elle fait aujourd’hui brillamment carrière.
 

 
–  « Rwanda 1994, Paroles de Rescapés » publié aux Editions l’Harmattan : un émouvant ouvrage qui recueille le témoignage de 10 rescapé(e)s du génocide des Tutsi qui avaient entre 4 et 33 ans en 1994; ils y évoquent aussi leur reconstruction au sortir du génocide .
 
 
 
–  « Tous tes enfants dispersés » de Béata Umubyeyi Mairesse . Poignant premier roman, ayant pour toile de fond le génocide des Tutsi de 1994, qui, à travers les voix de 3 personnages principaux, issus d’une même famille , appartenant à plusieurs générations et vivant au Rwanda, pour l’une, et en France pour les deux autres, aborde les questions de l’identité, du métissage, du pardon, de la transmission, de la vie.
 
 
– « Moi, le dernier Tutsi » de Charles Habonimana : émouvant témoignage de l’auteur, rescapé qui au moment du déclenchement du génocide n’avait que 12 ans, ayant perdu toute sa famille en 1994.
 
 
« Cahiers de mémoire, Kigali 2019 » sous la direction de Florence Prudhomme : rassemble les poignants témoignages d’une vingtaine de rescapés qui racontent leurs vies avant, pendant et après le génocide de 1994.
 
 
 
– « Le Feu sous la soutane : un prêtre au cœur du génocide rwandais » de Benjamin Sehene : Un roman qui, à travers la voix, les souvenirs et les états d’âme de son narrateur, le père rwandais Stanislas,  évoque non seulement la participation active ou passive de plusieurs prêtres rwandais de l’Eglise catholique dans le génocide de 1994 mais parle aussi, en creux, de la complicité plus large de l’Eglise romaine qui , aux lendemains du génocide perpétré contre les Tutsi, n’a pas hésité à exfiltrer du Rwanda les prêtres s’étant compromis et à les cacher dans des paroisses européennes.
 
Après avoir accueilli des réfugiés dans son église, Stanislas finit, en effet et contre toute attente, par céder aux sirènes de la Haine en collaborant avec les milices Interahamwe.
 
 
Inspiré de faits réels, l’histoire de ce roman rappelle ainsi celle du père Wenceslas Munyeshyaka, officiant en 1994 à la paroisse Sainte Famille de Kigali où se réfugièrent nombre de Tutsi, qui fut accusé par les rescapés d’avoir frayé avec les miliciens .
 
Au terme d’une procédure judiciaire engagée par des rescapés contre lui, en France ( sa terre d’exil depuis 1995), pour crimes de génocide en France, l’ancien curé a , en juin 2018, vu le non-lieu dont il avait déjà bénéficié en première instance  confirmé en appel. Même si les juges ont estimé qu’il avait joué un « rôle trouble » durant la tragédie.
 
 
« Le Père Seromba, Destructeur de l’Eglise de Nyange, Rwanda 1994«  de Timothée Brunet-Lefèvre : Issu du mémoire de recherche dudit doctorant, cet ouvrage s’intéresse aux massacres perpétrés contre les Tutsi du Rwanda, durant le génocide de 1994, au sein des églises, d’ailleurs considérées comme le deuxième lieu le plus important de ces tueries de masse, et plus particulièrement à ceux s’étant déroulés,  durant les deux premières semaines d’avril 1994, dans l’Eglise de Nyange.
La monstrueuse singularité des assassinats commis contre les Tutsi dans ce lieu de culte résidant non seulement dans le fait que ces derniers ont  été exécutés avec l’assentiment du père Athanase Seromba, y exerçant alors comme prêtre, mais aussi dans le fait qu’ils se soient soldés par une destruction totale, à l’aide de bulldozer, de l’édifice religieux, où s’étaient réfugiés pas moins de deux mille paroissiens Tutsi pourchassés, ordonnée par le même Père Seromba.
Un homme, premier religieux à être jugé, pour les faits de génocide commis contre les Tutsi du Rwanda, par le Tribunal Pénal International pour le Rwanda, qui a, en première instance puis en appel (en 2008) , été condamné, à ce titre, à la prison à perpétuité.
 
 
– « Petit Pays«  de Gael Faye : à travers les yeux de Gabriel, jeune narrateur franco-rwandais vivant avec sa famille, au début des années 90,  à Bujumbura (la capitale du Burundi voisin), Gael Faye  aborde les thèmes de la guerre civile au Burundi et de  l’horreur du génocide des Tutsi perpétré à seulement quelques kilomètres de là, au Rwanda. Il évoque aussi ceux de l’insouciance de l’enfance, du métissage, de l’exil, de l’Histoire ou encore de l’importance des livres. 

 
Une adaptation cinématographique du roman, signée Eric Barbier, sortira finalement  dans les salles françaises, pandémie du Covid19 oblige,  le 26 août 2020  (la sortie initiale devait se faire le 18 mars 2020).
 
 
–  » Le génocide au village »  d’Hélène Dumas . Véritable enquête menée dans le secteur de Shyorongi,  ayant d’ailleurs en partie constitué le sujet de la thèse de cette historienne française, l’ouvrage démontre, à travers recherches plurielles menées, interviews de rescapés et de génocidaires  faites ,  retranscriptions de séances de Gacaca outre études topographiques réalisées sur place, à quel point le génocide des Tutsi fut un indiscutable génocide de proximité.
 
Exécuté par des voisins avec qui les victimes étaient depuis longtemps  liées ( via des mariages, des rapports ancestraux de bon voisinage, le partage des activités journalières etc)  et en qui elles avaient, de fait,  totalement confiance et s’inscrivant, de surcroît, aussi bien dans  les espaces du quotidien (école, église, champ, maison, rivière), jusque là partagés par tous, qu’au sein même du cercle familial.
 
 
– « Untamed, Beyond Freedom » de Celine Uwineza : Ecrit en anglais, ce livre est le bouleversant témoignage de Céline qui fut, à dix ans, témoin de l’assassinat d’une partie de sa famille nucléaire.
 
Poignant hommage à ses proches, c’est à dire sa mère, son grand frère , ses deux grandes sœurs ( au rang desquelles figure  Francine Ingabire, dont le portrait fait d’ailleurs partie de ceux accrochés au mémorial de Kigali) et sa nounou, assassinés dès les premiers jours du génocide , cet ouvrage est aussi une véritable thérapie pour son auteur . Car il souligne l’importance  du pouvoir libérateur de la parole  et évoque la prise en charge des maladies mentales découlant des traumatismes vécus par les rescapés.
 
 
– « Ma mère m’a tué «  de Albert Nsengimana , bouleversant témoignage d’un  jeune rescapé qui n’avait que 7 ans au moment du génocide.
 
Issu d’une famille mixte, mais considéré comme Tutsi (l’ethnie étant à l’époque transmise par le père), il est en conséquence, avec son père et ses huit frères, promis à une mort certaine dès le début des massacres perpétrés contre les Tutsi.
 
Ce qu’il, en revanche, n’imagine pas c’est que sa propre mère, hutu, livrera ses enfants aux tueurs de la commune de Kabarando, où réside sa famille,  afin que ces derniers les tuent.
 
Mais, heureusement et contre toute attente, Albert réussira à leur échapper et à survivre.
 
Son livre, faisant pour lui figure de thérapie, est une incroyable ode au pardon, à la résilience et à l’espoir.
 
Enfin, par l’évocation d’Octavien Ngenzi ( bourgmestre de la commune de Kabarando, condamné à ce titre, en 2016 et 2018,  par la Cour d’Assises de Paris), l’ouvrage souligne également le rôle des autorités étatiques rwandaises de 1994 dans la commission, à l’échelle locale, du génocide.
 
 » Sans ciel ni terre , Paroles orphelines du génocide des Tutsi (1994-2006)  »  d’Hélène Dumas.
 
Rassemblant les témoignages rédigés, en 2006, dans des cahiers par une centaine de rescapés du génocide des Tutsi (qui à l’époque des faits étaient pour l’essentiel encore enfant ou adolescent), ce livre est tout simplement bouleversant.
 
A travers le récit de ces victimes survivantes c’est, en effet, le génocide, dans toute sa violence et son horreur, qui se laisse ainsi toucher du doigt à hauteur d’enfant.
 
La subdivision de leurs récits en 3 parties, avant le génocide/pendant le génocide/ après le génocide, permet ainsi de révéler l’ampleur des épreuves traversées.
 
 
L’avant génocide reste pour eux, nonobstant les discriminations, les humiliations et le souvenir des pogroms antérieurs que leurs ainés finissent par leur raconter, les arrestations arbitraires de leurs proches ( essentiellement les hommes) à partir d’octobre 1990 (soit après la 1ère offensive de l’APR au Rwanda), la naissance des milices, les massacres des Tutsi ayant précédé, au début des années 1990, le génocide de 1994, une période de relative insouciance : celle d’une vie vécue au sein du cocon familial et entourée de voisins dont ils ne se méfient pas.
 
Le temps du génocide correspond, ensuite,  à une période rimant avec séparations d’avec les proches pour tenter d’échapper aux tueurs;  cruelle violence meurtrière (perpétrée par des hommes et des femmes faisant depuis toujours partie de leurs quotidiens et avec qui leurs familles partageaient jusque là tout)  visant tous les Tutsi (du plus jeune au plus âgé) mais également le bétail des victimes,  dont ils sont non seulement témoins mais qu’ils subissent aussi eux même ;  prise de conscience de l’impossibilité pour eux de trouver refuge dans des lieux autrefois réputés inviolables (à l’instar des églises) et, partant, de la nécessité de devoir se cacher dans un environnement inhospitalier ( marais, champs de sorgho) afin d’avoir une chance de survivre; sauvetages (temporaires ou plus longs) dont ils ont pu bénéficier durant le génocide . 
 
L’après génocide correspond quant à lui à une ère marquée par la libération du pays par les troupes de l’Apr allant de pair avec le secours portés à ces jeunes ;  par le deuil de parents déjà disparus ou qui décéderont peu après la fin du génocide ( de maladies, des blessures infligées durant le génocide); par la solitude d’être parfois les seuls survivants de leurs familles; par l’absence de ressources ( les tueurs ayant accaparé les biens matériels des victimes); par la difficulté à se réinsérer dans la société ; par l’insécurité ressentie par les rescapés du fait des menaces proférées à leur encontre par les tueurs (notamment au moment de la mise en place de l’inédit système judiciaire des Gacacas) ; par une volonté de retrouver les corps de leurs proches pour pouvoir les enterrer dignement et par d’intenses souffrances morales se manifestant notamment par la dépression et d’importantes crises traumatiques.
 
Enfin, leurs récits sont entrecoupés d’exhaustifs rappels historiques, donnés par Hélène Dumas, permettant au lecteur une appréhension plus large du génocide des Tutsi.
 
 
« Rwanda, A la poursuite des génocidaires  »  de Thomas Zribi & Damien Roudeau
 

Apres « Sur la piste des tueurs rwandais « , de la journaliste Maria Malagardis, dont je vous recommandais déjà la lecture, l’instructive BD  » Rwanda, A la poursuite des génocidaires » , signée par Thomas Zribi & Damien Roudeau, préfacée par Gael Faye et récemment parue chez Steinkis Editions – Editions Les Escales, s’intéresse au combat mené depuis plusieurs décennies par les époux Alain & Dafroza Gauthier.
 
Œuvrant à ce que les présumés génocidaires s’étant illustrés lors du génocide des Tutsi du Rwanda de 1994, avant de se réfugier sur le territoire français aux lendemains de ce dernier puissent y être poursuivis et jugés.
 
Un combat, semé d’embûches en tout genre (lenteur d’instruction, décès des témoins et victimes, vieillissement des génocidaires présumés, menaces de mort reçues); émotionnellement ardu, coûteux et particulièrement chronophage, qu’ils mènent sans relâche pour la mémoire des leurs et celles de toutes les autres victimes dudit génocide à travers le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda) qu’ils ont à ce titre fondé en 2001.
 
Combat animé d’un double leitmotiv : lutter contre l’impunité et que justice soit (enfin) rendue à tous les disparu(e)s du génocide des Tutsi du Rwanda.
 
La BD revient ainsi, notamment, sur les lointains prémices du génocide de 94; l’histoire de Dafroza ( originaire de la ville, située au sud du pays, de Butare) dont la famille fut exterminée; les enquêtes menées sur place par le couple pour recueillir les preuves nécessaires aux dépôts ultérieurs de plaintes en France; évoque le cas de plusieurs présumés génocidaires jugés en France comme Laurent Bucyibaruta ( ancien préfet condamné, en 2022, par la Cour d’Assises de Paris à 20 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide et complicité de crime contre l’humanité , condamnation dont il a depuis fait appel), l’abbé Wenceslas Munyeshyaka ( vicaire au moment du génocide de l’église de la Sainte Famille, où des milliers de Tutsi crurent trouver refuge en 94, ayant en 2019 bénéficié d’un non-lieu); Claude Muhayimana ( ancien chauffeur ayant transporté des miliciens sur des lieux de tueries condamné à 14 ans de réclusion criminelle par la Cour d’Assises de Paris, en décembre 2021, jugement dont il a fait appel, pour complicité de génocide et de crimes contre l’humanité) ; souligne le rôle ambigu de l’église; parle des lieux de massacres, pour certains devenus des mémoriaux majeurs ( église de Kibého, Ecole Technique de Murambi, Colline de Bisesero) : s’interroge sur le rôle plus que trouble de la France avant, pendant et après le génocide, parle du rapport Duclert.
 
Un must read.
 
 
Dans le cadre de la 20 eme commémoration du génocide en 2014 :
 
 
Une Exposition actuellement (d’avril à octobre 2014) en cours au Memorial de la Shoah à Paris:
 
 
   Enfin, et dans le cadre de la 20ème  commémoration du génocide des Tutsi une exposition se tient actuellement, et ce jusqu’au mois d’octobre 2014, au Mémorial de la Shoah à Paris.
 
 
   Elle retrace avec beaucoup d’exactitude la planification de ce massacre et permet de voir des objets et textes (objets appartenant à des victimes, texte des 10 commandements des Bahutus) outre d’entendre des discours ( notamment ceux prononcés à l’antenne de la RTLM) que j’ai pu voir et écouter lorsque je visitais les mémoriaux de Gisozi ainsi que les églises de Nyamata et Ntarama l’été dernier.
 
   Par ailleurs un cycle de conférence, désormais clos, m’a permis d’en apprendre encore plus lors de projections de films ou de conférences très riches en émotions avec des rescapés tels que Claver Kayitare ou Yvonne Mutimura Galinier.
 
 
Dans le cadre de la 25 eme commémoration du génocide en 2019 :
 
 
Une Exposition actuellement en cours sur les grilles de l’Hotel de Ville de Paris :
 
Pris, en 1995 et 1996, par Michel Buhrer au Rwanda, une vingtaine d’émouvants portraits de rescapés, accompagnés d’un texte racontant leur histoire, se dévoilent sur les grilles de l’Hotel de Ville Parisien.
 
D’autres portraits de rescapés mais aussi de Justes, réalisés par Michel Bührer, sont à retrouver dans l’ouvrage intitulé « Rwanda, mémoire d’un Génocide » rédigé par ce dernier. 
 
Deux expositions actuellement en cours ( d’avril au 17 novembre 2019) au Memorial de la Shoah à Paris & à Drancy :
 
« Rwanda, 1994, notre Histoire ? » (à Paris) & « Rwanda 1994 : le génocide des Tutsi » (à Drancy)  racontent, à travers témoignages, discours, interviews, articles de presse, objets, photos outre poignants récits et dessins réalisés par des enfants rescapés, toute l’horreur de cette extermination, ultime expression d’un racisme et de discriminations institutionnalisés que subissaient alors les Tutsi depuis plusieurs décennies.
 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

13 Commentaires
  • Florence Pitman | Juil 6, 2014 at 22 h 04 min

    Chere Pigeon Voyageur, just amazing!! Mille merci de nous faire partager tes decouvertes, avec autant de generosite, d'authencite, de precision. Surely tu as un don. Congratulations and God bless you. Au plaisir de te lire, encore et encore xxx

  • Le Pigeon Voyageur | Juil 7, 2014 at 23 h 53 min

    Merci Florence pour ce retour! C'est le début d'une grande aventure au cours de laquelle j'espère continuer à toucher, à travers mes récits, toutes les personnes qui s'arrêteront sur ce blog

  • Lillian Jituboh | Juil 9, 2014 at 1 h 08 min

    Superbe article, on attend les prochains episodes avec impatience!

  • Anonyme | Juil 13, 2014 at 8 h 33 min

    Pigeon j ai bcp aimé! Surtout l épisode des chimpanzés et gorilles! J ai trop rigolé! Bravo! Vite la suite et ns il faut q on découvre ces magnifiques endroits, obligé! Karen

  • Fabrice Dabouineau | Juil 29, 2014 at 13 h 49 min

    Un bel article et une belle vision de ce pays fascinant qu'est le Rwanda… une belle écriture et cela donne envie d'aimer ce pays. Bravo à vous et bonne continuation pour la suite que j'attends avec impatience. Fabrice

    • Le Pigeon Voyageur | Juil 29, 2014 at 14 h 27 min

      Merci Fabrice pour ce retour! J'ai été, moi même, tellement touchée par la beauté du Rwanda que j'espère donner envie aux lecteurs de s'envoler pour le Pays des 1000 Collines à la première occasion ! Puissent les autres articles déjà publiés ainsi que les suivants vous procurer le même sentiment !

  • Mélissa flawless | Jan 5, 2015 at 20 h 47 min

    Très beau article qui m'a fait redécouvrir mon beau pays!!! C'est comme si j'y étais à travers ce beau récit!!!

    • Le Pigeon Voyageur | Jan 5, 2015 at 23 h 25 min

      Chère Melissa, merci pour ton retour et ravie de savoir que ces quelques pages te permettent de redécouvrir ton pays dont je suis clairement tombée amoureuse 🙂 J'espère pouvoir y retourner, un jour, car il y'a encore beaucoup d' autres endroits que j'aimerais visiter. Finalement deux semaines c'était trop court !!

  • simon corinne | Jan 28, 2019 at 17 h 20 min

    mwaramutse!

    pouah quoi vous dire? J’ai la chair de poule!
    De vous avoir lue, d’avoir vécu aussi certaines de vos émotions…
    merci de m’avoir fait revivre mon voyage de 2014

    votre récit est absolument magnifique, très précis et toutefois très émouvant

    je me permets de vous citer dans mon blog

    belles salutations d’Alsace
    Corinne

    • Le Pigeon Voyageur | Jan 29, 2019 at 10 h 50 min

      Mille mercis Corinne pour vos mots ! Le Rwanda est, en effet, un pays dont la découverte, même presque 6 ans après en ce qui me concerne, ne s’oublie assurément pas.

  • Joelle BAH-DRALOU | @elledit8 | Mar 14, 2019 at 19 h 22 min

    Ça prend aux tripes! Tu as bien fait de démarrer l’aventure du blogging avec ce beau sujet. Je ne manquerai pas de le relire lorsque notre projet de voyage au Rwanda se précisera. Merci pour le temps consacré à ce partage d’expérience 😉

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