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« DEY YOUR LANE, LAGOS VARIATIONS » ou quand les multiples visages de Lagos s’exposent à Bruxelles

  |   AFRIQUE, ART & CULTURE, BELGIQUE, Bruxelles, EUROPE, NIGERIA, SHORT BUT SWEET ESCAPADES, TOUS, VOS ENVIES   |   4 Comments

 

 

Portrait d’Uti Nwachukwu, 2015, par Iké Udé. Dey your Lane, Lagos Variations, BOZAR, Bruxelles

 

 

Côté pile,  une ville tentaculaire et chaotique qui, du fait de son quotidien rimant avec perpétuel combat, semble, à première vue, n’offrir que des conditions de vie difficiles.

 

Bruits incessants. Interminables go-slows (embouteillages) auxquels les okadas (motos taxis similaires aux zemidjans béninois et togolais), les voitures, les kékés (triporteurs) et  les danfos ( emblématiques bus jaunes, couverts de graffitis, proverbes et stickers) tentent désespéramment d’échapper.

 

Corruption liée à la manne (ou pas) que constitue l’or noir (aka le pétrole). Importante criminalité.  Urbanisation anarchique. Absence cruelle d’infrastructures.  Fréquents délestages.

 

Criantes disparités entre les riches quartiers de Victoria Island ou Ikoyi et les bidonvilles tels celui, très connu, sur pilotis de  Makoko.

 

Sans oublier l’incroyable densité urbaine (on estime, désormais, sa population actuelle à  21 millions d’habitants).


 

Côte face, une cité, pleine de ressources et en constante mutation,  où, notamment, l’Art (sous toutes ses formes) témoigne du dynamisme créatif qui la caractérise depuis plusieurs décennies et contribue,  par ailleurs, à son essor (outre à celui du pays tout entier) économique.

 

  Haut lieu de la Mode avec ses fashions week et ses designers de renom.

 

Siège de la prospère industrie cinématographique Nollywood.

 

Scène musicale africaine réputée  dont le rayonnement remonte aux débuts de l’Afrobeat et, partant, à l’ère de, feu, Fela Kuti.

 

Terre de  Littérature qui voit plusieurs de ses auteurs, à l’instar de Chinua Achebe, Chimamanda Adichie ou encore Wole Soyinka (1 er, en 1986,prix Nobel de  Littérature originaire du continent africain), jouir  d’une reconnaissance internationale amplement méritée.

 

Mais aussi,  névralgique centre d‘Art contemporain en Afrique.

 

 Grâce, entre autre, à ses galeries d’art, ses lieux de culture, ses festivals, ses artistes, outre ses exceptionnels curateurs et critiques d’art ( à ce titre, Okwui Enwezor fut, en 2015, le commissaire de la 56 biennale d’art contemporain de Venise) dont la renommée ne souffre plus la discussion .

 

 Telles sont donc  les multiples facettes de cette,  ô combien paradoxale  et pourtant si fascinante, mégapole ouest africaine, dont le pays est dorénavant (par le poids de sa démographie et de son économie) la première nation du continent africain.

 

  Bienvenue à Lagos, la nigériane, où des millions d’individus essaient chaque jour, envers et contre tout , de (sur)vivre.

 

Il n’est donc pas étonnant que, dans le cadre de sa 6 éme édition sondant les interactions entre l’homme et l’espace urbain,  l’ incontournable biennale bruxelloise Summer Photography ait, cette année, choisi  de braquer ses projecteurs, et ce, le temps d’une exposition se tenant au Bozar (Palais des Beaux Arts)  jusqu’au 4 septembre 2016, sur cette ville à la croissance exponentielle.

 

 

Réalisée sous le commissariat du lagosien Azu Nwagbogu (directeur du réputé Lagos Photo Festival et, entre autre, curateur de l’exposition Tear my Bra, mettant en lumière l’impact de Nollywood sur la photographie africaine contemporaine, aux Rencontres de la Photographie d’Arles 2016),  « Dey your Lane, Lagos Variations«   offre, ainsi, une immersion inattendue au cÅ“ur d’une Lagos parfois bien loin de l’imaginaire habituellement véhiculé par les médias occidentaux .

 

Une capitale économique dont  l’unicité de l’ ADN tient, notamment, à l’ énergie créatrice continuellement déployée (pour répondre aux incessantes nécessités de la vie auxquelles ils doivent faire face) par ses habitants.

 

Car, aucun doute possible, ces derniers se sont bel et bien définitivement appropriés l’expression, typiquement lagosienne, « Dey your lane« .

 

Qui pourrait indifféremment se traduire par rester sur sa voie;  s’occuper de ses propres affaires ou encore rechercher, chacun à son niveau, les ressources nécessaires pour aller de l’avant sans attendre une quelconque aide de la part des autorités locales ou des bailleurs de fonds internationaux.

 

Ainsi, débutant dès le parvis du Bozar où un Danfo ( moyen de transport le plus utilisé par les habitants de Lagos) a été installé

 

danfo devant le Bozar à Bruxelles

 

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« Dey Your Lane, Lagos Variations » offre l’ inespérée opportunité de saisir,  à travers  l’objectif de 24 talentueux artistes (nigérians ou internationaux) contemporains  (dont certains, à l’instar d’ Ikere Jones ou Zina Saro Wiva,  ont fait partie de la magnifique rétrospective Making of Africa évoquée en automne dernier ici), quelques unes des multiples facettes (diurne ou nocturne) de Lagos .

 

Autant de perceptions singulières qui dévoilent, via de saisissantes photographies et vidéos (elles même insérées dans une scénographie globale mêlant chronologie historique de Lagos et  sonorités d’Afrobeat),  ces visages, pour la plupart méconnus, de la capitale économique nigériane.

 

 Laissez vous donc subjuguer par la beauté, immortalisée par Hans Wilschut, des vues panoramiques qu’elle offre.

 

Hans Wilschut, Various Works, Warp

 

 

Contemplez l’effervescence, qui se retrouve dans l’œuvre de Georges Osodi, de ses rues.

 

Georges Osodi, Series Lagos Uncelebrated, Trading Places

 

Découvrez, sous l’œil de Lorenzo Vitturi, la transformation du gigantesque marché de Balogun  en un royaume  où les vendeurs de rue sont rois.

 

The Balogun Particle, Pink soap, particle and cyan

 

 

Voyez  comment d’anciens édifices coloniaux abandonnés peuvent, comme dans les travaux de Medina Dugger, servir à la mise en valeur d’une oeuvre artistique.

 

Funhouse

 

 

Constatez, avec Abraham Onoriode Oghobase, à quel point  la publicité (de quelque nature qu’elle soit) envahit jusqu’au moindre mur de Lagos.

 

 

Réalisez, à travers l’oeuvre de Lakin Ogunbanwo, 

 

Lakin Ogunbanwo, the human condition 

 

et Uche Okpa Iroha  que les  ponts de Lagos sont des lieux de vie et de rencontre insoupçonnés

 

Uche Okpa Iroha, under bridge life 

 

 

 

Mais  Dey your Lane, Lagos Variations aborde également une réalité bien moins reluisante  via des clichés du bidonville flottant de Makoko où vivent les laissés-pour-compte de la cité.

 

Un thème abordé par Adolphus Opara

 

Lagos

 

 et par Christina de Middel.

 

This is what hatred did

 

 

 Gageons que la Lagos de demain, celle, de 2081, imaginée par Ikere Jones, ait résolu ces problématiques. 

 

  

Victoria Island 2081 (en haut) et New Makoko Village 2081 (en bas)

 

Ikoyi 2081

    

L’autre volet de « Dey your lane, Lagos Variations« , se concentre, quant à lui, sur les habitants de la ville via de nombreux portraits photographiques ou vidéographiques.

 

Qu’ils soient ceux de lagotiens vaquant à leurs occupations professionnelles ou profitant de loisirs, d’area boys (les gangs sévissant aux carrefours de la cité), de joueurs de rugball ou encore de figures locales (à l’instar de mannequin, designer, acteur ou présentateur de télévision).

 

Des hommes, femmes et adolescents confrontés à la solitude et à l’anonymat qu’induit la surpopulation de Lagos; désireux de ne pas se laisser happer par le tourbillon, souvent dangereux, qui la caractérise; freinés, parfois, par la peur mais également mûs  par l’envie tenace d’accomplir leurs rêves.

 

Car quoiqu’on dise, le lagotien ne perd jamais espoir.

 

 Osodi, Beaurain,  Akintunde Akinleye,

 

Akintunde Akinleye, Lagos paradox

 

Bas Losekoot 

 

Familiar Strangers

 

Adolphus Opara,

 

Rugball

 

 

 Robin Hammond, 

 

My  Lagos 

.

 

 

  Samuel James ,

 

Lagos Underground 

   

 

Ike Ude 

 

The ten snapshot of Nigeroa sartorial temperature 2015

 

Alex Ekubo

 

Julius Agwu

 

Gideon Okeke

 

Mai Atafo

 

Denola Adepetun

 

Noble Igwe

 

 et notamment Zina Saro Wiwa nous permettent de réaliser cette immersion.

 

Phyllis

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Parce que de Lagos ( cette ville aux nombreux contrastes qui, d’une façon ou d’une autre, marque  tous ceux qui y font escale), on ne sait finalement que peu de choses,

 

Parce que l’identité de Lagos façonne indubitablement ses habitants,

 

Et parce qu’enfin Lagos se révèle être une incomparable  muse pour les artistes d’ici et d’ailleurs

 

« Dey Your Lane, Lagos Variations » (qui m’a poussée, il y a trois semaines, à refaire escale à Bruxelles)  est, cet été, l’exposition incontournable à ne pas manquer si vous passez par le Plat Pays 🙂

 

Moi, j’ai adoré !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

4 Commentaires
  • Célinie | Août 3, 2016 at 18 h 12 min

    Wahou j en ai presque la tête qui tourne après cette plongée bien que brève à travers ces magnifiques clichés.
    Encore une belle découverte Lagos une mégalopole africaine!
    Merci journal d’un pigeon voyageur!;-)

  • Myriam | Août 4, 2016 at 14 h 30 min

    Après lecture de ce formidable article rythmé et bien illustré, mon envie de découvrir Lagos est grande. Merci Journal d’un pigeon Voyageur d’avoir partagé les trésors de cette époustouflante mégalopole africaine à travers la présentation de l’exposition « Dey your Lane, Lagos Variations ».

    • Le Pigeon Voyageur | Août 4, 2016 at 19 h 02 min

      Merci Myriam ! Lagos est une ville qui marque c’est indéniable. J’en reparlerai dans quelques jours sur le blog 🙂

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