ALARA, DERNIÈRE ADRESSE INÉDITE ET BRANCHÉE A LAGOS LA CAPITALE ECONOMIQUE NIGÉRIANE
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Alara. Architecture ajourée. Entrée du concept storeÂ
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Impossible de manquer l’imposant parallélépipède noir et rouge-ocre aux motifs géométriques inspirés de la culture nigériane, se dressant, au milieu de la Akin Olugbade Street, dans le quartier lagotien de Victoria Island.
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Conçu par l’architecte britannico-ghanéen David Adjaye ( ayant notamment bâti le National Museum of African American History inauguré à Washington le week-end dernier), Alara, l’inédit et luxueux concept store qui y a élu domicile depuis 18 mois, est, en effet, devenu l’adresse la plus branchée de la capitale économique nigériane.Â
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En offrant et en promouvant, en un même lieu, le meilleur de la création  africaine contemporaine (aussi bien en terme de Design, d’Art que de Mode), sa propriétaire, la business woman, designer et autrefois avocate, Reni Folawiyo, est parvenue à séduire une élite nigériane désireuse d’acquérir, sans sortir de Lagos, des articles de Luxe qu’elle ne pouvait jusque là se procurer qu’en se rendant à l’étranger.
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Parce que oui, et on a bien trop souvent tendance à l’oublier, le Nigeria compte, selon le dernier classement établi à ce titre par le magazine Forbes, quelques unes ( à l’instar, notamment, de Mme Forolusho Alakija ou des sieurs Aliko Dangote, Mike Adenuga ou encore Tunde Folawiyo qui n’est autre que l’époux de Reni Folawiyo) des plus grandes fortunes, se chiffrant en millions voire en milliards de dollars, du continent africain.
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Il n’est dès lors pas étonnant que cette lumineuse boutique, se distinguant, en premier lieu, par son espace méticuleusement aménagé, sa décoration épurée ainsi que ses larges baies vitrées, soit aussi bien devenue l’incontournable lieu de rendez-vous des riches fashionistas et dandys en quête de pièces uniques que celui des personnes simplement désireuses de toucher du doigt le travail des talentueux designers qui y sont exposés.
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Alara sous la pluie….
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Ainsi, la montée des modulables (afin de s’adapter aux divers événements, qu’ Alara accueille) marches conduit,  sur trois étages répartis sur près de 1000 m2, à la découverte d’une sélection ( faite par Reni Folawiyo elle-même) de pièces exclusives, vendues en dollars, joliment mises en scène.
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 Si pour satisfaire sa clientèle, certaines d’entre elles sont issues de collections appartenant à  de  grandes marques occidentales (telles Sophia Webster, Valentino, Yves Saint Laurent, Stella Jean), la majorité des articles proposés à la vente proviennent cependant de designers africains, dont des créateurs nigérians (charité bien ordonnée commençant par soi même), de renom.
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Ainsi,  des vêtements de réputées marques locales telles  Tsemaye Binitie, Lisa Folawiyo, Orange Culture, Tifanny Amber, Duro Olowu (vendu pour la première fois sur le continent) et  Maki Oh (les deux dernières ayant déjà habillé la première dame américaine Michelle Obama ou plus récemment l’actrice mexico-kenyane Lupita Nyongo) côtoient donc les créations des stylistes ivoiriennes  Loza Maléombho et Laurence Airline ainsi que les accessoires du kényan Cyrus Kabiru (lunettes) ou de la marque ghanéenne AAKS (sacs).
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Entre autre.
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Et pour rendre l’expérience encore plus agréable tout en gagnant du temps (time is money n’est ce pas ?), un service de personal shopper est même proposé à la clientèle.
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De là à réduire ce concept store à son seul statut de pré carré des amoureux du shopping il n’y a qu’un pas ….à ne pourtant, définitivement, pas franchir selon moi .
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Pourquoi ? Tout simplement parce que les férus d’Art et de Design y trouveront aussi leur bonheur.
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Comment, en tout état de cause, pourrait il en être autrement tant toutes les Å“uvres, disponibles à la vente, qui sont ou y ont été exposées, se révèlent d’une beauté à couper le souffle.
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 Qu’il s’agisse des atypiques chaises du designer malien  Cheick Diallo (en rouge sur la photographie)
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des superbes meubles de l’artiste burkinabé Hamed Ouattara, des singuliers tableaux, coussins et tables basses, des émouvantes photographies ou encore des très beaux ouvrages publiés aux éditions Assouline .
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Enfin, les mélomanes seront, quant à eux, enchanter d’apprendre que des concerts sont régulièrement organisés dans le concept store.
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Reste que la découverte d’Alara, aussi belle et exclusive soit elle, ne saurait être uniquement circonscrite à cette seule démarche consumériste visant à promouvoir le Luxe Made in Africa.
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Cela reviendrait, en effet, à omettre la magie culinaire offerte par le Nok (un nom choisi à dessein en ce qu’il fait écho à  cette brillante civilisation du nord du pays, aujourd’hui disparue, déjà évoquée ici),
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l’innovant restaurant gastronomique du rez-de-chaussée, ouvert depuis 9 mois, se situant à l’arrière du concept store.
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Bien que ce dernier soit accessible, via un corridor, depuis la boutique,
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un tableau accroché dans le couloir reliant la galerie au Nok
 je vous recommande plutôt d’emprunter le chemin qui, depuis l’extérieur, y mène en contournant l’édifice.
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Meilleure option pour, à mon sens, prendre toute l’extraordinaire mesure de l’ architecture des lieux.
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Quitte à parfois devoir essuyer, comme ce fut  mon cas en ce dernier dimanche du mois de juillet (saison des pluies oblige), quelques averses.
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Désagrément cependant vite oublié face à la beauté paisible, contrastant il va s’en dire avec la frénétique agitation prévalant habituellement à Lagos, de la cour extérieure-jardin du Nok où il est possible de s’attabler.
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Sans surprises, l’Art s’exprime, là encore, de la plus belle des manières.
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A travers notamment le judicieux choix de meubles de jardin issus de la collection M’Afrique, réalisée à partir de fils d’ordinaire utilisés pour la confection des filets de pêche, de Moroso.
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Impossible de résister à la beauté des sièges de Bibi Seck et Ayse Birsel; des poufs de Patricia Urquiola; des chaises et poufs de Tord Boontje et des fauteuils de Dominique Petot .
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Touti, pouf, Patrica Urquiola & Sunny Pouf de Boontje
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Shadowy, Tord Boontje
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Ibiscus, Dominique Petot
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Et que dire des chaises réalisées par le burkinabé Hamed Ouattara ;
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du bar extérieur recouvert d’une fresque de l’artiste nigérian Victor Ehikhamenor ;
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 des chaises, créées à partir de métal recyclé, de l’atelier de feu l’artisan sénégalais Baay Xaaly SeneÂ
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ainsi que des anciens bateaux de pêche, creusés en bois samba, ayant été transformés, par des artisans locaux, en babyfoot pour la marque Artlantique ?
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Un superbe panorama qui pourrait se contempler à l’infini si la faim ne finissait pas par se rappeler à notre bon souvenir.
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Ventre affamé n’a point d’oreilles ou devrais je désormais plutôt dire de vue 🙂
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 C’est donc le pas pressé que j’ai, quant à moi,  pénétré dans l’antre africaine ( la toute première sur le continent) du renommé chef sénégalais Pierre Thiam ( à la tête de nombreux et réputés restaurants à New York) où des hôtesses élégamment vêtues d’Iro et Buba (tenues traditionnelles nigérianes) réservent un accueil chaleureux à tous ceux qui passent le seuil de l’établissement.
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Assurer un service prévenant, se gardant néanmoins d’ être obséquieux, et de qualité est donc l’un des premiers atouts du Nok.
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Sa minimaliste décoration, clairement aux antipodes de celle traditionnellement privilégiée à Lagos, constitue ensuite son second attrait.
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Photographies en noir et blanc,
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mobiliers de designers disséminés ça et là ,
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stylés plafonniers ,
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originales salière et poivrière
outre la diffusion d’une playlist où la musique africaine n’est pas en reste vous plongent ainsi dans un univers, sans chichis, qui vous séduira d’emblée.Â
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La lecture des 3 différentes cartes (pour le déjeuner, le dîner ainsi que le brunch dominical) fera assurément le reste.
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Véritables odes au métissage des cultures, elles vous invitent, en effet, à découvrir une cuisine afrofusion :
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Où les classiques de la cuisine nigériane (pof pof, ugwu, yam & eggs, jollof, suya), ivoirienne (poisson braisé), ghanéenne ( waakye, red red, kelewele, shito), sénégalaise (tiebou djen, mafé) sont revisités ;
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Où les épices (gingembre, piment),  les alcools et jus de fruits (  vin de palme et bissap ) ainsi que les fruits, légumes, céréales et tubercules (millet, igname, patate douce, fruit du baobab,  noix de coco, banane plantain,  fleur d’hibiscus) appartenant au patrimoine culinaire du continent africain sont mis à l’honneur ;
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Et, où, enfin, quelques plats typiquement européen, à l’instar des pancake, des hamburgers, du pain perdu ou du cheesake, sont réinterprétés pour le plus grand bonheur de nos papilles.
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Sans oublier les délicieux cocktails signature, joliment présentés, outre les exquis thés de la luxueuse marque africaine Yswara qui s’accorderont à merveille avec les mets commandés.
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Un délice !
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Ainsi, du brunch dominical que j’ai pour ma part testé, je garde un souvenir ému des surprenantes pancakes à la noix de coco et ananas caramélisés,
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du moelleux pain perdu et ses délicieux fruits,
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des Å“ufs brouillés accompagnés d’un steak de bÅ“uf cuit façon suya (si vous n’aimez pas le piment passez votre chemin)
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et des délicieuses et croustillantes cuisses de poulet panées servies sur une pancake à base de patate douce .
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Créer, grâce à de nouvelles saveurs, des ponts entre différentes cuisines et s’inscrire en faux contre le préjugé selon lequel la gastronomie africaine, en particulier subsaharienne, ne serait que Gras et Lourdeur : voici le défi que le Nok s’efforce quotidiennement de relever.
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Et à en juger par le monde qui s’y presse depuis son ouverture en décembre 2015 (ne vous y rendez donc pas sans avoir au préalable réservé une table), le chef Thiam semble avoir réussi son pari.Â
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En associant Design,  Art, Mode, Architecture et Gastronomie, Alara est donc bien plus qu’un temple, certes haut de Gamme, de la consommation à Lagos.
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Unique en son genre, ce concept-store offre, en effet, un visage encore méconnu du Nigéria ( qui ne fait les titres de la presse occidentale que pour ses problèmes de criminalité, de terrorisme, de corruption ou d’absence d’infrastructures) si ce n’est de l’Afrique toute entière : celui d’une terre de plus en plus consciente de ses multiples richesses culturelles ainsi que de ses talents et qui a désormais à cÅ“ur de les révéler au Monde.
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Et ne serait ce que pour cela, l’initiative de Réni Folawiyo mérite être saluée.
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