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ICH BIN EIN BERLINER OU LES VESTIGES DE LA GUERRE FROIDE

  |   ALLEMAGNE, ARCHITECTURE, EUROPE, HISTOIRE & DEVOIR DE MEMOIRE, MOMENTS D EVASION, MUSEE, TOUS, VOS ENVIES   |   2 Comments
  
 
Test the Rest, East Side Gallery, Berlin

 

 
   Je rêvais depuis plusieurs années de me rendre à  Berlin!
 
 
Pas pour déployer mes talents, perdus depuis déjà belle lurette, dans la langue de Goethe,  seconde langue étrangère que j’ai pourtant apprise pendant 6 ans, mais parce que  l’histoire de cette ville m’a toujours fascinée !
 
 
      Eh oui, c’est un autre pan de ma personnalité que je vous dévoile aujourd’hui : je suis une passionnée d’Histoire !
 
 
A tel point qu’avant d’envisager des études juridiques , il y ‘a déjà bien longtemps de cela (oh la vieille !), j’ai un moment songé à m’inscrire en faculté d’histoire.
 
 
Mais le peu de débouchés offerts, à mon sens, par cette formation m’a poussée à m’orienter vers le droit, une autre matière qui m’attirait.
 
 
Fin de l’aparté 🙂
 
   A ce titre, Berlin me paraissait donc être le lieu idéal pour approfondir mes connaissances historiques.
 
 
Il aura fallu attendre le chaud été 2013 et une surprise de mon homme pour que je me retrouve, enfin et avec bonheur, dans la capitale allemande que je vous ferai découvrir à travers 3 billets thématiques.
 
 
Actualité oblige, je me dois cependant de commencer le premier récit de cette épopée  en vous racontant comment je me suis mise en quête des vestiges, encore visibles, de la Guerre Froide à Berlin.
 
 
En effet, vous n’êtes pas sans savoir que l’Allemagne célèbre aujourd’hui le 25 ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin, mur dont je vous ai d’ailleurs montré quelques photos dans mon article sur le Mucem à Marseille !
 
9 novembre 1989 – 9 novembre 2014.
 
 
Deux millions de personnes, berlinois, allemands ou touristes étrangers, ont convergé depuis le début du week-end vers Berlin pour assister aux célébrations prévues en grande pompe, notamment concerts, visites guidées, fête à la Porte de Brandebourg, projection sur écran géant d’un film relatant cette nuit historique, pour marquer cet anniversaire. A ce titre, l’installation qui remporte le plus de suffrages est  la reconstitution, à l’aide de 8000 ballons éclairés,  du tracé exact du Mur, sur environ 15 kilomètres, à travers Berlin.
 
 
Cette frontière lumineuse, la Lichtgrenze, imaginée par les frères Bauder, est une façon originale de rappeler à tous où ce mur, surnommé le Mur de la Honte à l’Ouest et le Mur Antifasciste à l’Est,  dont il ne reste plus grand chose aujourd’hui s’élevait.
 
En coupant en deux Berlin, il symbolisait l’affrontement entre deux blocs politiques aux antipodes l’un de l’autre, l’Ouest Libéral et l’Est Communiste, et matérialisait, de façon concrète, le Rideau de Fer qui divisait le monde d’alors.
 
Mais un instant ! Reprenons tout depuis le début : Guerre Froide, Mur kesako ?
 
En 1945, au sortir de la seconde guerre mondiale, les forces Alliées (Usa, Grande Bretagne, France et Union Soviétique), après avoir vaincu l’Allemagne nazie d’Hitler, se partagent le pays:  l’Ouest revient grosso modo aux forces occidentales tandis que les soviétiques s’emparent de l’Est. 
 
 
Berlin, enclave située à l’est, qui a été occupée en 1945 par les 4 forces alliées, est alors divisée en  4 zones.
 
 
Ainsi ses 3 zones occidentales (USA, Grande Bretagne et France) fusionnent désormais sous le nom de Berlin Ouest tandis que la zone tenue par les soviétiques devient Berlin Est. Entre les deux zones, la libre circulation des personnes reste de mise.
 
 
 
En mai 1949, la RFA, République Fédérale Allemande avec Bonn pour capitale, est fondée à l’ouest tandis que l’Union Soviétique crée, en octobre 1949, la RDA, République Démocratique Allemande,  avec Berlin Est pour capitale à l’est.
 
 
Mais très vite, les 2 Allemagnes prennent un chemin économique et politique différent et l’opposition entre les 2 se révèle flagrante.
 
 
La RFA se développe grâce à la mise en Å“uvre d’ une économie capitaliste.
 
 
Cette dernière étant soutenue par le plan Marshall,  aide économique octroyée par le gouvernement américain du président Trumann en 1947.
 
A contrario, en RDA,  la politique communiste alors en vigueur ainsi que le régime de terreur instauré par la Stasi, la police secrète qui, entre autre, espionne ses habitants, constituent un frein indéniable à la croissance économique de cette dernière.
 
 
 
   C’est donc sans surprise qu’environ 3 millions de personnes vivant à l’est émigrent, de façon continue, à partir de 1949 vers Berlin Ouest et la RFA.L’ouest représentant un eldorado où ils espèrent trouver une vie meilleure.
 
 
Cet exode perdurera jusqu’en août 1961 !
 
   C’est donc pour mettre un terme à la fuite de ses cerveaux,  de l’est vers l’ouest, que les autorités de la RDA ordonnent la construction, dans la nuit du 13 août 1961,  du Mur de Berlin.
 
 
Désormais, tout passage à l’Ouest pour les habitants de l’Est est interdit.
 
 
Les étrangers et les habitants de l’Ouest ne peuvent, quant à eux, se rendre à Berlin Est qu’en passant, après avoir au préalable obtenu un visa, par l’un des 7 postes frontières autorisés, à l’instar du célèbre checkpoint Charlie évoqué plus loin dans ce billet.
 
En outre, les communications téléphoniques entre les deux secteurs de la ville sont désormais coupées.
 
 
   Construit initialement de barbelés puis de béton, le dispositif du mur est progressivement étoffé afin de rendre impossible toute tentative d’ évasion vers l’Ouest.
 
 
Ainsi, sont ajoutés un « couloir de la mort » électrifié,  pourvu de projecteurs et où patrouillent des soldats ainsi que des miradors, depuis lesquels les soldats ont ordre de tirer sur toute personne tentant de franchir le mur.
 
 
   Pendant 28 longues années, ce symbole par excellence de la Cold War prive ainsi de liberté la moitié des citoyens berlinois.
 
 
En déclarant au cours d’un discours, prononcé à Berlin en juin 1963, la désormais célèbre phrase « Ich bin ein Berliner », le président américain John Kennedy entend s’identifier aux berlinois et défendre le principe de liberté. 
 
 
  Il faudra néanmoins attendre l’arrivée au pouvoir du président Gorbatchev dans les années 80, les soulèvements populaires survenus notamment en Pologne, l’exode massif des allemands de l’est via la Hongrie ou la Tchécoslovaquie, puis la multiplication des manifestations, à l’automne 1989, en RDA pour se rendre à l’évidence que la chute du Mur est désormais inéluctable.
 
 
Restait désormais à savoir quand !
 
 
Contre toute attente, elle est survenue, sans coups de feu ni effusion de sang, dans la soirée du 9 novembre 1989, aux alentours de 23 heures, après une succession d’événements inespérés.
 
 
Tout d’abord, en début de soirée, une annonce télévisée malencontreuse, faite par un dirigeant communiste, indiqua que les voyages à l’étranger étaient désormais autorisés pour les citoyens d’Allemagne de l’est.
 
 
Cette mesure prenant effet immédiatement, des milliers de citoyens se rassemblèrent  progressivement aux abords des postes frontières attendant leur ouverture. Or, aucune consigne allant dans ce sens ne confirmait cette annonce.
 
 
C’est, in fine, le lieutenant colonel Harald Jaeger, alors adjoint au poste frontière de Bornholmer Strasse, au nord de berlin est, qui permit, quelques heures plus tard, la chute du mur en donnant l’ordre à ses subalternes d’ouvrir le poste frontière qu’il tenait jusque là.
 
Aux alentours de 23 heures, des milliers de personnes franchirent donc, et dans une liesse incroyable, la frontière pour rejoindre l’Ouest. On a tous en tête l’image de toutes ces personnes qui s’embrassent, qui pleurent ou encore de celles qui tentent déjà, à coup de pioches, d’arracher quelques pans de ce mur, comme pour se convaincre qu’une époque était désormais révolue.
 
 
   Mais, 25 ans après que reste t-il de ce monument, le plus visité, de Berlin ?
 
 
Force est aujourd’hui de constater qu’ il ne subsiste que très peu de traces de cette frontière intramuros, hormis un marquage au sol spécifique, une rangée de pavés, posée sur l’ancien tracé du mur.
 
 
 
   En effet, ce dernier a presque été entièrement détruit, durant le deuxième semestre 1990, à l’exception d’un pan de 1,5 kilomètres.
 
 
Ce dernier constitue désormais la très célèbre East Side Gallery, dont je vous parlerais un peu plus loin dans ce billet. Mais… que vois je ?
 
Vous affichez d’ores et déjà une mine déconfite !?
 
Ne soyez pas déçus car j’ai une très bonne nouvelle à vous annoncer !
 
 
Même si vous votre rêve de voir le Mur, se dressant fièrement dans Berlin, vient de s’effondrer ( à ne pas confondre avec l’ouvrage le Monde s’effondre de l’auteur nigérian Chinua Achebe, très beau livre que j’ai eu à lire en 3 ème), vous aurez tout de même la possibilité de découvrir d’autres lieux de la capitale allemande, également témoins de cette période de l’Histoire.
 
   En effet, pour qui se donne la peine de parcourir Berlin, certains vestiges de la Guerre Froide, que je désire à présent partager avec vous, s’offrent aux regards des visiteurs.
 
   Gute Reisen (Bon voyage en allemand !)

 

LA PORTE DE BRANDEBOURG, EMBLÈME DE LA RÉUNIFICATION ALLEMANDE
 
 
  Cet arc de triomphe, inspiré de l’Acropole d’Athènes, symbolise, désormais la réunification du pays.
 
Toutes les grandes festivités du pays, dont celles du Nouvel An, y sont organisées !
 
 
   Si aujourd’hui, la Porte de Brandebourg se dresse fièrement sur la Pariser Platz, où se sont établies ambassades et banques, au tout début de l’avenue Unter den Linden (les Champs Elysées Berlinois),  non loin également du Reichstag, Parlement allemand, ou du célèbre hôtel Adlon,il n’en demeure pas moins que jusqu’à la chute du Mur elle se situait à Berlin Est, donc du côté soviétique.
 
 
Outre cet aspect historique, la renommée de cette porte tient également à la beauté du quadrige, représentant la déesse de la Victoire conduisant un char tiré par 4 chevaux, qui la surmonte.
 
Ainsi, tout au long de la journée, un flot ininterrompu  de touristes s’y presse pour  la photographier.
 
 
Impossible donc pour moi de la prendre, malgré mes passages à différents moments de la journée, sans avoir au moins une vingtaine de personnes dans mon objectif.
 
 
De guerre lasse, je me suis finalement résolue à prendre ces quelques photos,sous différents angles, en priant les dieux qu’aucun touriste ne surgisse à la dernière minute et n’anéantisse mes efforts:)
 

 

de face
 

 

 

de dos

 

le quatridge de plus près
 
 
QUAND L’EAST SIDE GALLERY EXPOSE DES FRESQUES CONTEMPORAINES ÉTONNANTES
 
L’image d’Epinal du Mur: des centaines d’œuvres peintes en 1990, au pinceau et à la bombe,  par 118 artistes en provenance de 21 pays, sur ce qui est le plus long tronçon encore debout du mur.
 
Ce dernier, d’un peu plus d’un kilomètre de long,  longe la Spree, la rivière qui traverse Berlin, et se situe entre la Gare de l’est et le pont Oberbaumbrucke.
 
 
East Side Gallery a d’ailleurs été classée au patrimoine historique en 1991.
 
 
Avant d’admirer ces fresques en plein air,dont  certaines ont malheureusement été taguées,  j’ai été surprise de découvrir un petit café aux accents rastafaris sur une petite plage aménagée.
 
 
quelques photos cette aire « rastafari »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Puis est venue l’heure de découvrir les œuvres éclectiques de l’East Side Gallery, qui ne laissent pas indifférent
 

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

 

 

Thomas Klingenstein

 

 

 

 

 

 

 

Le baiser de l’amitié
 
 
 
 
L’ÉMOUVANT MÉMORIAL DU MUR DE BERLIN
 
 
Le lieu  qui m’a le plus émue à Berlin c’est bien celui là.
 
Tout d’abord l’arrivée à la station de métro Bernauer Strasse,où quelques photos rappellent en images cette triste période de l’histoire allemande, est une première surprise. L’émotion se poursuit une fois sortie du métro.
 
 
En effet, et à ma connaissance, c’est le seul endroit à Berlin où il est possible de voir à quoi ressemblait concrètement le dispositif du Mur.
 
 
Ainsi, on peut y voir des pans du mur originel, des miradors ou encore les couloirs de la mort où patrouillaient des gardes.
 
 
En outre, au Mémorial du Mur,  les portraits de tous ceux qui ont péri en essayant de le franchir, bien que quelques évasions du côté de la Bernauer Strasse aient réussi, nous appellent à la réflexion, tout comme la halte à la Chapelle de la Réconciliation.

 

 

 

 

 

comprendre les gares fantomes, ces gares désaffectées qui traversaient berlin est, sans marquer toutefois l’arrêt, pour rejoindre berlin ouest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

le centre de documentation du mur

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

CHECK POINT CHARLIE, LE POSTE FRONTIÈRE LE PLUS CÉLÈBRE DU MONDE
 
 
   Avant de parvenir au célèbre check point, j’ai longé une exposition, située sur des panneaux géants à quelques mètres de là, à ciel ouvert.
 
 
Une première approche bien documentée pour tenter de comprendre les mécanismes de la Guerre Froide.
 
 
  Puis, en traversant le petit passage clouté qui me séparait du poste frontière j’ai aperçu des Trabants, ces vieilles voitures utilisées en RDA, dans lesquelles il est désormais possible de visiter Berlin 🙂
 
 
 
En face de moi : la mise en scène de Frank Thiel.
 
 
Un panneau, semblable à ceux qui existaient durant la guerre froide, délimitant la zone américaine de Berlin ainsi que 2 portraits de soldats, l’un américain et l’autre soviétique, en écho aux deux puissances qui s’ affrontérent en octobre 1961 devant ce check point.
 
 
   A Check Point Charlie, se dresse également une guérite devant laquelle des hommes déguisés en soldats posent, contre quelques euros, avec les touristes.
 
 
Je n’ai pas cédé à cet exercice et ai préféré me diriger, quelques mètres plus loin, vers le Musée du Mur.
 
 

 

 

Affrontement chars soviétiques et américains au poste frontière de check point Charlie

 

trabant

 

 

 
 
 
NE RATEZ PAS LE MUSÉE DU MUR A CHECKPOINT CHARLIE
 
 
   Si ce musée retrace le contexte de la guerre froide, la section qui m’a le plus captivée est celle consacrée aux tentatives d’évasions imaginées, à leurs risques et périls (car sur les 100000 personnes qui tentèrent de fuir, plusieurs centaines furent tués), par les habitants de Berlin Est ainsi que leurs passeurs
 
 
.Au rang de celles ci figurent notamment la fabrication d’un sous marin, la creusée d’un tunnel, ou encore le survol du mur en Montgolfière !

 

 

 

A l’entrée du Musée

 

 

LA DÉSORMAIS TRÈS FUTURISTE POSTDAMER PLATZ
 
 
   Aujourd’hui, lorsque l’on pense à cette place on imagine immédiatement le bâtiment avant gardiste, avec son toit en verre, du Sony Center.
 
 
Pourtant à y regarder de plus près, des vestiges de la Guerre Froide y sont encore visibles.
 
 
Ceux sont quelques pans du mur car le tracé de ce dernier passait par là.

 

quelques pans du mur

 

 

 

  
 
Ainsi s’achève cette première échappée thématique Berlinoise du Pigeon Voyageur !
 
A très bientôt pour partager la deuxième 🙂

 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

2 Commentaires
  • Céline | Fév 6, 2015 at 10 h 44 min

    Berlin est une ville que j'aime particulièrement, merci pour cet article qui me donne de nouveau envie de partir dans cette ville que j'affectionne.
    Merci pour tes articles qui nous permettent de faire un moment d'évasion sous le ciel de Paris
    Céline

    • Le Pigeon Voyageur | Fév 6, 2015 at 11 h 21 min

      Merci Céline pour ton message et je suis ravie d'apprendre que le JPV te permet de voyager par ces temps très froids 🙂
      J'ai beaucoup aimé Berlin également (un peu moins la chaleur qui y sévissait quand j'y suis allée durant l'été 2013) et j'espère pouvoir y retourner pour visiter quelques lieux que je n'ai pas eu le temps de découvrir, faute de temps.
      Sinon, je vais bientôt publier un troisième article sur la capitale allemande, stay TUNED 🙂

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