4 ESPACES CULTURELS DE REFERENCE A NE PAS MANQUER A MARRAKECH
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Balode
Ishola Akpo, In-Discipline, Fondation Montrosso
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Il aura fallu que je visite, à l’automne dernier, plusieurs musées marrakchis, dont certains (à l’instar du MACAAL, Museum of African Contempory Art, ou de celui consacré au couturier Yves Saint Laurent) récemment inaugurés, pour enfin prendre toute la mesure des innombrables atouts culturels recelés par la Ville Rouge.
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S’étant, au fil des ans, muée en une scène artistique majeure du royaume chérifien et plus largement du continent africain.
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Émerveillée par cette réalité que je venais de toucher du doigt, il me tardait de revenir en explorer les galeries privées.
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Témoins privilégiés d’un dynamisme faisant, à raison, désormais la fierté de l’ancienne cité impériale .
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Ma présence à Marrakech, fin février, durant la première édition marocaine d’1.54 Art Fair (foire internationale d’Art Contemporain promouvant l’Afrique et sa Diaspora) constituait donc l’occasion rêvée pour poursuivre cette fascinante immersion culturelle.
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 Qui loin de se circonscrire aux seules artères du Gueliz, m’a poussée à franchir le seuil d’espaces culturels encore plus confidentiels célébrant, dans la médina comme sur la route de Fes, une Création Contemporaine plurielle.
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L’ATYPIQUE INSTITUT CULTUREL DAR MOULAY ALI-MAISON DE LA FRANCE A MARRAKECH
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Jouxtant l’emblématique mosquée de la Koutoubia, une demeure historique du 19 ème siècle, partiellement métamorphosée en antre culturel, fait figure d’escale de choix depuis son ouverture au public en mai 2017.
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salon de thé à Dar Moulay Ali
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Révolu semble donc le temps où Dar Moulay Ali n’évoquait aux uns que le nom de la résidence successivement occupée par le prince chérifien éponyme, les généraux du Protectorat ou l’actuel Consul Général de France et aux autres le siège marrakchi, jusqu’à récemment, des services consulaires hexagonaux.Â
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Car l’ancienne salle des consuls outre celle autrefois dévolue aux mariages abritent à présent de magnifiques exhibitions temporaires.
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A l’instar de la rétrospective, en cours jusqu’au 28 avril 2018, dédiée au renommé photographe marocain Daoud Alouad-Syad.
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S’inscrivant dans un parcours photographique, conçu en 3 étapes, l’exposition « Maroc d’Ombre et de Lumière » présente, contrairement aux photographies en noir et blanc accrochées aux cimaises de la banque du Maghreb ainsi que de la Galerie 127, d’inédits clichés couleur révélant un Maroc rural aux multiples facettes.
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Quant au patio de la résidence Dar Moulay Ali, dorénavant accessible aux artistes,
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il accueille en ce moment un autre virtuose de la photographie contemporaine chérifienne : Walid Layahi-Marfouk.Â
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Jeune artiste engagé qui, grâce aux portraits tirés de sa série Riad , entend rendre hommage aux Femmes l’ayant élevé.
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Autant de figures fortes, libres, indépendantes, cultivées et issues d’un milieu aisé définissant les contours d’une Femme marocaine moderne à mille lieux de celle qui nous est habituellement présentée.
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MES DEUX GALERIES D’ART COUP DE CÅ’UR
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Abdelkrim Ouazzani, Le Printemps arabe
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 Nul ne saurait dénier au quartier du Gueliz, où, dans un périmètre restreint, se succèdent plusieurs galeries d’art, le statut de Mecque culturelle marrakchie.Â
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 Mais si la pionnière Matisse Art Gallery, la récente Galerie 6.4 Gallery (installée au cÅ“ur de l’Hotel Opera Plaza)
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Mahi Binebine, Matisse Art Gallery
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Mon Marrakech, Faten Gaddès, 6.4 Gallery
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la Galerie Siniya28,Â
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Alia Ali
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la David Bloch Gallery
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Ghizlane Sali, Histoire de Tripes
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sans oublier la Galerie Noir sur Blanc y demeurent des passages obligés,Â
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j’ai, en ce qui me concerne, été littéralement époustouflée par la Galerie 127
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et le Comptoir des Mines Galerie.
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Noureddine Tilsaghani
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Installée, depuis 2006, dans un vaste loft situé au deuxième étage d’un immeuble Art Déco, la galerie 127, dirigée par Nathalie Locatelli et première spécialisée à ce titre au Maroc, est une magnifique ode à la photographie contemporaine.
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Fut elle internationale ou marocaine.Â
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Dès lors, impossible de ne pas lire dans les émouvants portraits en noir et blanc de l’artiste Daoud Aoulad-Syad, dévoilés jusqu’au 28 avril 2018, au sein de l’exposition Ethno Folk s’y déroulant, un hommage d’envergure aux troupes folkloriques du royaume.
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Car à travers ces visages de danseurs et chanteurs, photographiés sur l’ensemble du territoire, c’est bien l’infinie richesse du patrimoine culturel marocain qui se trouve assurément personnifiée.
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Quelques mètres plus loin, au 62 rue de Yougoslavie, se dressent deux immeubles mitoyens bâtis, au début des années 30, dans le style Art Déco.
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La société minière qui, jadis, occupait les lieux a, depuis 2016, en revanche cédé la place au Comptoir des Mines.
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Une galerie-résidence de 1000 m2, dédiée à la promotion de l’art contemporain marocain et africain, que son propriétaire, Hicham Daoudi, est, en peu de temps, parvenu à hisser au rang d’incontournables espaces culturels.
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Yassine Balbzioui
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Avec Traversées, exhibition en cours jusqu’au 10 avril 2018, 12 artistes marocains, ayant investi l’endroit, y livrent leurs points de vue personnels sur le Monde.
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Évoquant, par le biais d’oeuvres et installations fortes, quelques uns des maux et enjeux (urbanisme, migrations, relations Nord/Sud et notion de Liberté, notamment) auxquels ce dernier fait face.Â
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Mariam Abouzid Souali
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Abdelaziz Zerrou, Lumières du Maroc
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Larbi Cherkaoui
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Hassan Bourkia
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Younes Atbane, European Flag
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Mariam Abouzid Souali, A three person game, The occidental
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Mustapha Akrim, Killing Machine
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Carte blanche à  Hassan Hajjaj
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L’INÉDITE MONTRESSO ART FONDATION
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Sur la route de Fès , à une trentaine de kilomètres de Marrakech, une piste mène à l’atypique fondation privée Montresso ayant, depuis 2007, pris ses quartiers au cÅ“ur d’une oliveraie de plusieurs hectares.Â
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Uniquement ouvert au public lors de visites guidées à réserver à l’avance, cet inédit espace culturel est né de la volonté d’un homme :  Jean-Louis.
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 Véritable passionné d’Art, collectionneur averti de surcroît, qui souhaitait donner aux artistes, initialement issus de la mouvance streetart, les moyens nécessaires à la réalisation de leurs projets.
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Kashink
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David Mesguish
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Un objectif allant, par ailleurs, aujourd’hui de pair avec la promotion de l’Art Contemporain dont la Fondation Montresso s’est dans l’intervalle faite l’héraut.
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 Hormis les initiatives concrétisées en dehors de ses murs ( au rang desquels Tmecha Fel Medina, réalisée dans le quartier du mellah par le street artiste français Jace, ou Tracing Morocco comprenant un portrait d’Aziz, maçon marocain peint par Hendrick Beikirch en face de la gare de Marrakech ), elle a, en effet, donné naissance à deux projets majeurs :
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Le Jardin Rouge, en 2009.
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Incroyable résidence d’artistes, lieu de rencontres et d’échanges entre créatifs de tous horizons, offrant à ces derniers des conditions optimales pour travailler.
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L’espace d’Art Montresso en 2016.
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Un bâtiment, d’une superficie de plus de 1000 m2, où se tiendront, annuellement, des expositions temporaires offrant une visibilité accrue aux Å“uvres exposées.
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Inauguré le 19 février 2018, le programme IN-Discipline, dont l’objectif vise à créer des ponts entre Afrique du Nord et Afrique noire, invite ainsi à y découvrir la scène artistique de pays subsahariens dont la vitalité n’est, à ce titre, plus à démontrer.
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Et c’est donc le Bénin, sous le commissariat du plasticien Dominique Zinkpe, qui ouvre cette première édition (la Cote d’Ivoire et le Nigéria constitueront les rendez-vous suivants) en présentant le travail de 5 de ses artistes contemporains.Â
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  Autant d’œuvres, exposées jusqu’au 31 mars 2018, ayant été réalisées par eux lors de leur résidence à Jardin Rouge.
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Le plasticien Dominique Zinkpe se distingue par des peintures très colorées, où surgissent des personnages aux traits mi humains-mi animaux, ainsi que de singuliers totems et installations évoquant cultes animistes et croyances vodoues, prégnants encore aujourd’hui au sud de l’ancien Dahomey.
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Minuit
Ton pied mon pied
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Charly D’Almeida recycle quant à lui le métal .
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Lequel renait sous forme de visages expressifs, assemblés en sculptures intemporelles laissant transparaitre l’influence de la culture vaudoue.
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Puis l’on se laisse aisément émouvoir par l’univers, singulier, du plasticien Gerard Quenum .
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Reconnaissable à ses peintures mettant en lumière, sur fond blanc, des personnages, sans visages, aux traits d’une simplicité enfantine totalement assumée mais également à l’usage de la couleur, ici, réduite à sa plus simple expression.
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Avec les totems du peintre Nathanael Vodouhé, prenant l’apparence d’une cigarette se consumant, l’artiste béninois s’interroge sur nos addictions et évoque, en creux, la destruction de l’ Homme par lui même.
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Série Cigarettes
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Enfin, les autoportraits du photographe Ishola Akpo explorent la notion d’Identité, selon lui multiple.
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Dans la série photographique Daibi, renvoyant à un Dieu imaginaire, l’artiste se met ainsi en scène portant des attributs (chapeaux berbère ou youruba, couteau) renvoyant à plusieurs cultures.
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Débutée au sein de l’espace d’Art Montresso, la visite guidée de la Fondation se poursuit ensuite dans la sphère plus intime du Jardin Rouge.
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A la fois agréable lieu de vie et espace de travail pour les artistes en résidence où se révèlent également un extraordinaire corpus d’oeuvres d’art contemporain.
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L’une de mes plus belles visites à Marrakech !
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Ceet
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Jace
Kouka
Hendrik Beikirch
Skunkdog
Stepan Krasnov
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Wahib Chehata
C215
Fenx
l’un des salons du Jardin Rouge, en arrière plan une oeuvre de Wahib Chehata
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Inaugurations de Musées, ouvertures d’avant gardistes galeries et multiplications des rendez-vous culturels d’exception, Marrakech n’a assurément pas fini de nous surprendre artistiquement !
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