EMBARQUEMENT POUR LA NATION ARC EN CIEL GRACE A PIETER HUGO
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Le 27 avril 1994, à l’issue des premières élections démocratiques, libres et multiraciales, Nelson Mandela, le candidat de l’ANC libéré trois ans plus tôt après 27 années de détention , est élu président de la république d’Afrique du Sud !
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Tout un symbole dans ce pays qui vivait sous le régime légal de l’Apartheid, séparation en afrikaans, depuis 1948.
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  En effet, dans ce système, combattu par Mandela toute sa vie durant, la minorité blanche détenait tout, pouvoir économique et politique, tandis que la majorité de la population (laquelle n’avait aucuns droits), constituée essentiellement de noirs et autres coloured people à l’instar des indiens, devait quant à elle faire face à un quotidien exclusivement faits d’humiliations, bavures policières et de discriminations raciales.
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Mais passé ce moment historique de l’élection de Mandela, une question cruciale subsistait : comment reconstruire le pays avec toutes ses forces vives, sans le mettre à feu et à sang ?
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Une seule et même Afrique du Sud était elle possible pour tous ?
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  Humaniste convaincu et pragmatique profond, Nelson Mandela se fait alors l’apôtre de la réconciliation nationale afin que « la nation arc en ciel » qu’il appelait, depuis si longtemps, de ses vÅ“ux, et dans laquelle tous les enfants seraient des citoyens égaux, puisse enfin voir le jour !
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Une utopie pour beaucoup mais pas pour Madiba (le surnom de Mandela) qui déjà , en 1963, lors du procès de Rivonia, au cours duquel il avait lui même assuré sa défense (alors qu’il risquait la peine de mort), avait affirmé :
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« Au cours de ma vie, je me suis entièrement consacré à la lutte du peuple africain. J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie et avec des chances égales. J’espère vivre assez pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »
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  21 ans plus tard et presque 15 mois après le décès du père fondateur de la nouvelle Afrique du Sud, quel bilan peut on tirer ?
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Le miracle de la nation arc en ciel a t-il eu lieu ?
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Si l’économie du pays a redécollé et qu’une bourgeoisie noire émerge, de nombreux points ne sont pas encore résolus tels que la pandémie du sida ainsi que les problèmes d’insécurité et de corruption .
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  Mais qu’en est t-il de l’idéal du vivre ensemble ?
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La question raciale dans cette société post apartheid est elle dorénavant résolue ?
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Les inégalités raciales du passé ont t elles désormais laissées la place à  une seule identité sud africaine permettant à tous ses citoyens de se sentir à leurs places chez eux ou Blancs et Noirs se regardent ils toujours en chien de faïence?
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Vaste question à laquelle il me parait difficile de répondre car est il vraiment possible de changer les mentalités et les préjugés des uns vis à vis des autres en un laps de temps aussi court ?
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Pour moi, seul le temps peut panser les plaies …
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C’est pourtant sur cette problématique d’identité et d’appartenance à une même nation que Pieter Hugo, un renommé photographe sud africain, a décidé de nous faire réfléchir à travers une exposition de photos, réalisées entre 2006 et 2013, intitulée Kin.
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Celle ci est exposée, depuis un peu plus d’un mois et jusqu’au 26 avril prochain, à la Fondation parisienne Cartier Bresson, du nom du célèbre photographe français, inaugurée en 2003.
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Pour moi qui rêve de découvrir ce pays depuis très longtemps, qui me suis toujours intéressée à l’Apartheid, qui ai dévoré l’autobiographie de Mandela (Un long chemin vers la liberté), en seulement 3 jours, et qui, enfin, n’a pas manqué l’exposition qui s’est tenue en juillet 2013 à l’Hôtel de Ville parisien pour rendre hommage à Madiba à l’occasion de ses 95 ans, je ne pouvais pas manquer cette rencontre photographique avec Pieter Hugo!
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Ce matin, j’ai donc bravé froid et averse pour aller la découvrir.
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Alors petit conseil-aparté, notez bien que l’exposition se tient à la Fondation Cartier Bresson, située près du métro Gaité, et non à la Fondation Cartier située près du métro Raspail !
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 Vous éviterez ainsi de vous rendre à cette dernière, comme je l’ai fait ce matin, et de réaliser une fois sur place que ce n’est pas la bonne adresse 🙂
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Heureusement que les deux lieux ne sont pas très éloignés l’un de l’autre…
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 Avec Kin, j’ai donc découvert une magnifique photographie d’exception, exposée sur deux étages à la Fondation Cartier Bresson !
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A travers des portraits d’inconnus, de proches du photographe ( sa mère, sa nourrice, sa femme, sa fille) voire d’autoportrait, des photographies de paysages, d’intérieur de maison ou de townships, ainsi que des natures mortes, Pieter Hugo nous donne à voir, sans fards, une réalité sud africaine, celle de SON pays, qui est peu dépeinte dans les médias.
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Joie, Tristesse, Pauvreté sont les émotions qui transpirent de ces œuvres.
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Et pour cause !
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  Dans une interview filmée du photographe (que vous pourrez voir au troisième étage avant de clôturer votre visite) au terme de laquelle il explique notamment les raisons pour lesquelles il a décidé de réaliser cette série de photos, il indique que, pour lui, la photographie doit montrer les choses telles qu’elles sont et susciter de l’émotion.
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Pour ma part j’estime son pari gagné car j’ai été envoûtée par ses Å“uvres, happée par le regard de toutes les personnes dont il a capturé l’image et ai vraiment éprouvé de la tristesse ou des interrogations face à certaines photographies.
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  En quelques minutes, j’ai pu, de surcroît, grâce à lui, découvrir un visage, moins attendu, de l’Afrique du Sud en attendant de pouvoir prochainement aller l’explorer.
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Si vous êtes donc à la recherche d’un autre regard sur ce pays, cette exposition est faite pour vous !
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  Enfin, je tiens également à mentionner que Pieter Hugo s’est rendu, en 2004, au Rwanda où il a réalisé des séries de clichés, que vous verrez pour certains dans l’une des salles d’exposition, dans l’église de Ntarama, près de Kigali, au mémorial de Murambi, non loin de Kibuye, ainsi qu’au Home Saint Jean à Kibuye où eurent lieu d’importants massacres durant le génocide de 1994.
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Trois lieux dont je vous avais déjà parlé dans le tout premier article du blog.
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Ces photos de Pieter Hugo sont, comme vous pouvez l’imaginer, poignantes, voire insoutenables, mais elles illustrent parfaitement ce que j’ai pour ma part ressenti lorsque je me suis rendue dans ces lieux par devoir de mémoire durant l’été 2013.
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Voila !
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Je vous laisse découvrir à présent quelques uns des clichés pris ce matin.
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Mes préférés 🙂
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thoba calvin et tshepo cameron |
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Pieter Hugo et sa fille |
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hilbrow |
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green point common |
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daniela beukman |
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la maison des besters |
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nourrice du photographe |
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daniel richards |
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carrefour de Jozi |