FES (EL BALI), L’ENSORCELANTE CITE MAROCAINE
Â
 medersa Attarine
Â
Authentique. Ensorcelante. Inoubliable.
Â
Tel est le précieux souvenir que je garde de ma récente rencontre avec la ville de Fès.
Â
Choisir, pour cette toute première incursion en terre marocaine, d’explorer l’ ancienne cité impériale, fondée à la fin du 8 ème siècle par le souverain Idriss I er, sonnait comme une évidence.
Â
Car au-delà de son incontestable statut de capitale culturelle et spirituelle du royaume chérifien,  j’ai vu dans la survivance de ses traditions arabo-andalouses, la préservation de l’exceptionnel patrimoine  qui est le sien outre une Histoire, fruit d’un véritable creuset civilisationnel,  autant d’attraits auxquels il m’aurait été impossible de résister.
Â
Mais pour être tout à fait honnête, seuls deux des trois secteurs la composant m’ont, une fois sur place, réellement séduite :
Â
Fès El-Bali, l’originelle bastide, et Fès El-Jedid, édifiée, au 13 ème siècle, sous l’ère de la dynastie des Mérénides .
Â
 La ville nouvelle, érigée, quant à elle, au moment de l’instauration du Protectorat français, ne présentant, à mon sens, que peu d’intérêt.
Â
Pénétrer dans les quartiers historiques de Fès, après avoir franchi les remparts médiévaux
Â
Â
Â
ainsi que l’une ou l’autre des quatorze portes (bab) permettant d’accéder  à la vieille ville,
Â
Bab Boujloud
Â
 Bab R’Cif
Â
 fait, dès lors, figure d’incroyable remontée dans le temps.
Â
Irrésistible échappée dont l’itinéraire vous mènera  jusqu’au cÅ“ur de la vivante et particulièrement bien préservée médina de Fes El-Bali, ayant, en 1981, été inscrite au Patrimoine de l’Unesco.
Â
 vue sur la médina depuis le borj Nord
Â
Â
C’est, en premier lieu, depuis les hauteurs de la ville que l’ incroyable  immensité de ce joyau se révèle de la plus spectaculaire des manières.
Â
Le Borj (fort) Nord
Â
 autre vue sur les remparts et la médina depuis le borj Nord
Â
Â
ainsi que  le site abritant les ruines des tombeaux Mérénides
Â
Â
 en arrière plan des tombeaux : collines et cimetière aux tombes blanches
Â
offrent, à ce titre, un imprenable panorama sur la médina fassie s’étendant en contrebas.
Â
Devant un tel point de vue,  l’assertion selon laquelle cette dernière serait la plus grande du Maroc fait immédiatement sens.
Â
Â
 vue sur la médina et les remparts depuis le site des tombeaux des Mérénides
Â
Â
Vient, ensuite, le temps de déambuler à travers le dédale formé par les milliers d’étroites et pittoresques ruelles labyrinthiques qui ont assuré sa renommée.
Â
Â
Â
Â
De succomber au charme, suranné, des fenêtres en bois de ses modestes demeures,
Â
Â
Â
des murs peints et des portes extrêmement travaillées derrière lesquelles se cachent des hammams traditionnels de quartier .
Â
Â
Â
Â
De se laisser  happer par l’univers des souks, aux centaines d’échoppes, où couleurs,  senteurs et saveurs règnent en maître.
Â
Â
Â
dans le souk de la place R’Cif
huile d’argan
Â
boucher vendant de la viande de dromadaire
Â
 four a pain collectif de quartier
Â
Â
De découvrir l’étendue du savoir-faire, transmis de générations en générations,  des artisans marocains regroupés par corporations autour des différentes places de la vielle ville :
Â
 Maroquinerie, tissage, bijouterie, travail du cuivre
Â
tapis vendus par l’enseigne Palais Quaraouiyine
Â
soie
Â
Â
sans oublier les célèbres poteries dont la couleur emblématique demeure le bleu dit de Fès.
Â
Â
Â
A ce propos, la coopérative Art de Poterie ACH, située en dehors de la médina, est l’adresse où se rendre pour en apprendre davantage sur leur processus de fabrication et acquérir, par ailleurs,  des pièces uniques exclusivement fabriquées à Fès .
Â
assiette vendue à la coopérative
Â
 Â
Pourtant, qui dit artisanat chérifien pense, d’emblée, au travail du cuir et, par extension, à ses tanneries traditionnelles.
Â
Mettez donc le cap sur celles de Chouara, les plus grandes de Fès, récemment rouvertes après plusieurs mois de rénovation.
Â
Â
Â
Avant de s’immerger dans cet insolite pré-carré où des hommes, difficilement, s’escriment à la longue transformation de peaux d’animaux, un brin de menthe fraîche, dont vous ne percevrez pas tout de suite l’utilité, vous sera offert.
Â
Très vite, en montant vers les terrasses panoramiques, appartenant à des commerçants
Â
Â
Â
et surplombant les cuves remplies de teintes obtenues à partir de plantes naturelles,
Â
Â
Â
une odeur nauséabonde prend à la gorge : celle de la fiente de pigeon utilisée durant la première étape du fastidieux processus de tannage.
 Â
Ai-je besoin de préciser que ces feuilles de menthe deviendront alors vos plus précieux alliés ?
Â
Parce que oui, sachez d’ores-et-déjà que la visite de la tannerie durera plus longtemps que vous ne l’imaginiez.
Â
Observer ce monde, où se perpétuent des gestes multiséculaires, a, en effet, quelque chose de fascinant.
Â
Â
Â
Et avant de quitter ce haut-lieu du tourisme fassi, peut être vous laisserez vous aller à  quelques emplettes dans les boutiques établies à proximité ?
Â
Â
Â
 Explorer Fès, c’est aussi tomber en pâmoison devant ses magnifiques fontaines sculptées et ses
Â
 fontaine place Nejjarine
Â
fabuleux fondouks (caravansérails restaurés) dont certains ont été reconvertis en insolites musées.
Â
A l’instar de celui, sis place Nejjarine, dédié aux arts et métiers du  bois .
Â
Â
Â
Un lieu méritant aussi bien le détour pour les pièces qui y sont exposées que pour son salon de thé installé sur la jolie terrasse panoramique
Â
Â
Â
s’ouvrant sur la Médina .
Â
 vue depuis la terrasse du Musée Nejjarine
Â
 Â
Parmi les incontournables de Fes El-Bali figurent ensuite ses médersas dont l’architecture est tout simplement à couper le souffle.
Â
Â
Il suffit pour s’en convaincre de s’attarder, indifféremment,  sur les détails de leurs portes , la beauté de leurs plafonds et de leurs patios ou le raffinement des vasques, mosaïques, calligraphies et zelliges qui donnent à l’ensemble de ses écoles coraniques une majesté toute particulière.
Â
 détails des portes et murs  de la médersa Sahrij
Â
Â
Â
A défaut d’avoir pu, en ce premier jour du Ramadan, contempler celle de Bou-Inania,
Â
vue sur le minaret de la mosquée Bou Inania depuis la terrasse du Café Clock
Â
j’ai jeté mon dévolu, avec grand bonheur je dois dire,  sur la médersa Attarine.
Â
Un chef d’oeuvre  qui, à bien des égards, m’a rappelée certaines pièces du palais andalou des Nasrides situé dans  l’Alhambra de Grenade.
Â
Â
 Â
Après les médersas, les mosquées et mausolée, bien que non accessibles aux non-musulmans, sont les must see de la médina fassie.
Â
minaret surgissant au détour d’une place de la médinaÂ
Â
Ainsi,  le mausolée Moulay Idriss II,
Â
Â
Â
les emblématiques mosquées des Andalous
Â
Â
Â
et de Qaraouiyine, laquelle tient également lieu d’université, s’admirent depuis l’extérieur.
Â
Â
Â
 Il est , en revanche, possible de pénétrer dans l’enceinte de la  bibliothèque Qaraouiyine sans, pour autant, pouvoir la visiter.
Â
Â
Â
Lieu de dispense du savoir, de prière,  de commerce et de vie, la médina recèle pourtant d’autres indiscutables trésors.
Â
Ces derniers prennent, notamment, la forme de séduisants cafés, plus ou moins connus, cachés au cœur de la vieille ville.
Â
Y faire une halte pour siroter, aux heures les plus chaudes de la journée, thé à la menthe ou jus d’orange fraîchement pressé tout en jouissant d’un panorama d’exception sur les toits de Fes El-Bali, constituera, à n’en point douter, une mémorable pause.
Â
terrasse d’un café dans la médina
Â
Â
Â
Â
Café Clock
Â
Â
Â
Et si après avoir grignoté les différentes pâtisseries et brochettes vendues dans les allées du souk, l’envie de s’attabler venait à se faire ressentir, franchissez le seuil des Ruined Gardens.
Â
Comme son nom le laisse présager, cet exclusif  bar-restaurant a pris ses quartiers au milieu d’un jardin où s’amoncellent des ruines.
Â
Â
Â
Le tajine koftas (boulettes de viande hachée) -Å“ufs-courgettes que j’y ai dégusté était à damner un saint !
Â
Â
Â
Impossible, enfin, d’évoquer Fès sans mentionner les palais des mille et une nuits outre les magnifiques riads dont elle regorge.
Â
Laissées, pour beaucoup, à l’abandon, ces habitations traditionnelles connaissent désormais une nouvelle vie en ouvrant leurs portes, après rénovation, aux touristes désireux de loger dans des hébergements où transpirent l’âme fassie.Â
Â
Â
Le Riad Fès est l’une de ces adresses d’exception qui, instantanément, vous subjuguera.
Â
En attestent : sa décoration travaillée, son bassin à jets d’eau, sa piscine
Â
Â
Â
son incroyable terrasse panoramique
Â
Â
Â
ainsi que l’exquise cuisine locale, héritée de la gastronomie andalouse, qui y est servie.
Â
Croyez-moi, amateurs de tajine poulet-citron confits-olive et de coquelet rôti farci à la semoule et aux fruits secs, vous vous y régalerez les papilles.
Â
 coquelet rôti du Riad Fès
Â
Â
Au Riad Fès, j’ai néanmoins préféré une maison plus intimiste et d’une spectaculaire beauté : le Riad Al Bartal
Â
Lieu, hors du temps, où les petits déjeuners ressemblaient, notamment, à ça :
Â
Â
Â
In fine, je ne saurais clore ce billet sans vous inviter à aller explorer  Fes El- Jedid dont l’intérêt est loin d’uniquement se résumer à la beauté des portes du Palais Royal.
Â
Â
 Â
A proximité se déploie, en effet, le Mellah .
Â
Quartier où s’est, dès le 15 ème siècle,  établie la première communauté juive (alors l’une des plus fortes du pays) marocaine.
Â
Si ces familles l’ont, pour la majorité, aujourd’hui quitté, visiter le Mellah permet de découvrir une autre facette de la tolérante Fès.
Â
Ici, les riads cèdent ainsi la place aux maisons, protégées par une mezouza, possédant des balcons en fer forgé,
Â
Â
Â
les enseignes de bijoutiers sont plus nombreuses et les synagogues succèdent, bien évidemment, aux mosquées.
Â
Celle, restaurée, de Aben Danan invite à pénétrer dans un édifice religieux à l’architecture peu commune et dont le sous-sol abrite encore un mikvé ( bain rituel).
Â
dans la synagogue Danan
Â
une synagogue en cours de restauration dans le Mellah
Â
Le cimetière historique aux centaines de tombes blanches parfaitement alignées constitue l’ultime point d’orgue de cette promenade.
Â
Â
Â
La richesse culturelle de Fès conjuguée à l’extrême hospitalité de ses habitants en fait donc une escale rêvée pour quiconque souhaiterait saisir un Maroc un peu plus confidentiel.
Â
Un voyage dont je garderai toujours un souvenir impérissable.
Â
Â
Map & Fork | Juin 8, 2017 at 13 h 04 min
Une ville splendide que nous avons adorée! En plus on a fait pas mal de chemin en commun, nous constatons, meme du coté culinaire 🙂
Le Pigeon Voyageur | Juin 8, 2017 at 13 h 09 min
Oui, un véritable coup de cœur .
Les grands esprits se rencontrent :-). J’aurais également pu mentionner la délicieuse pastilla au pigeon du Riad Salam.. cette ville ravira assurément tous les gourmand(e)s
Isabelle Polneau | Juin 8, 2017 at 19 h 12 min
Merci pour cet excellent article et ces belles photos qui nous font visiter cette belle ville traditionnelle marocains comme si on y était !
Le Pigeon Voyageur | Juin 8, 2017 at 21 h 12 min
Merci beaucoup Isabelle et ravie que ce voyage virtuel ait su te contenter.
Fes est incontestablement une ville magnifique !
Eve H. | Juin 9, 2017 at 11 h 32 min
Toute personne ne connaissant pas Fès aurait assurément un coup de coeur pour cette ville rien qu’en te lisant. Merci pour cet article très complet dont je vais fortement m’inspirer pour ma découverte de Fès ?
Le Pigeon Voyageur | Juin 9, 2017 at 11 h 43 min
Quel joli compliment Eve, merci !
En toute objectivité, Fes, et plus particulièrement sa vieille ville, est un véritable joyau qu’on ne se lasse pas d’explorer.