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THE 600:THE SOLDIERS’STORY,LE BOULEVERSANT DOCUMENTAIRE RENDANT HOMMAGE A UN HÉROÏQUE BATAILLON DE L’APR

  |   AFRIQUE, HISTOIRE & DEVOIR DE MEMOIRE, Kigali, RWANDA, TOUS, VOS ENVIES   |   4 Comments

 

 

 

Marquant le 25 ème anniversaire de la libération du Rwanda par les troupes du Front Patriotique Rwandais (FPR, mouvement politico-militaire fondé en 1987 par des exilés Tutsi réfugiés en Ouganda), les commémorations du 4 juillet 2019 ont, l’an dernier, coïncidé avec la projection en avant-première mondiale, suivie peu après d’une sortie au Century Cinéma de Kigali, de l’inédit documentaire « The 600 : The Soldiers’Story.

 

Une date on ne peut plus symbolique pour cette bouleversante œuvre, signée Richard Hall, Annette Uwizeye et Laurent Basset, rendant hommage, avec une infinie justesse, au 600.

 

Héroïque bataillon, composé de 600 soldats, sélectionnés avec soin, de l’Armée Patriotique Rwandaise  (branche armée du FPR) , qui, dès le soir du 6 avril 1994 où le génocide perpétré durant 3 mois contre les Tutsi du Rwanda commença, fut le premier à combattre les Forces Armées (génocidaires) Rwandaises (FAR).

 

Puisque dans le cadre de la signature, intervenue en août 1993, des Accords de Paix d’Arusha (prévoyant un partage du pouvoir entre le parti présidentiel, dirigé par le président Juvénal Habyarimana, et le FPR), l’unité des 600 avait en effet, depuis fin décembre 1993, déjà investi le cœur de Kigali. 

 

Occupant le CND (actuel Parlement toujours en activité) et assurant la protection de plusieurs figures du FPR (à l’instar de Tom Ndahiro qui s’exprime dans le documentaire) appelées à participer au gouvernement de transition devant être mis en place.

 

Jusqu’à ce que la mort du président Juvénal Habyarimana  fasse basculer, en sonnant à travers le pays le début des massacres perpétrés contre les Tutsi, le destin de ces valeureux soldats du 3 ème Bataillon de l’APR.

 

Aussi connu sous le nom de « The 600 ».

 

Autant de héros dont j’ai, quant à moi, pour la première fois découvert l’existence lors de ma visite, en mars 2019, du très émouvant Campaign Against Genocide Museum.

 

Photos prises lors de ma visite, en mars 2019, du Campaign Against Genocide Museum

 

sculpture hommage aux soldats de l’APR

 

 

Véritable lieu de mémoire, inauguré en décembre 2017, qui par ses façades,

 

 

 

ses sculptures-hommage

 

 

 

et son riche parcours muséal retrace les opérations conduites, durant 100 jours, par l’APR afin d’atteindre un triple objectif.

 

Lui ayant , dès le 7 avril 1994, été assigné par son commandant en chef, le Général Paul Kagame.

 

A savoir :

 

Libérer le pays en défaisant , par des contre-attaques, l’armée gouvernementale; mettre fin au génocide contre les Tutsi et secourir les milliers de Tutsi voués, peu importe leur âge, à une mort certaine par les forces gouvernementales aidées de milices (dont les tristement célèbres Interahamwe ) et d’une partie de la population.

 

Trois missions que les 600, pourtant sous-équipés en armes lourdes; encerclés par des forces ennemies en large surnombre (hordes de miliciens; soldats des FAR, stationnés à Kigali dans les camps Gp, Kigali, Kacyiru et dans la caserne de la garde présidentielle, outre civils ayant embrassé l’idéologie raciste prônée par le gouvernement) et ne bénéficiant d’aucune aide de la part des forces onusiennes encore présentes sur le sol rwandais, commencèrent à relever seuls, à Kigali, entre les 7 et 11 avril 1994 .

 

Avant de recevoir, à compter de cette date, le renfort des compagnies Alpha et Bravo (ayant depuis Mulindi, le quartier général des forces du FPR situé au nord du pays, marché 3 jours pour rejoindre la capitale rwandaise) et de poursuivre, après avoir fusionné avec elles, la bataille.

 

Profondément émue par mon exploration du Campaign Against Genocide Museum, auquel un chapitre du dernier billet du blog relatif à Kigali est d’ailleurs consacré , je n’avais donc, depuis l’été 2019, plus qu’une hâte : visionner, à mon tour, The 600.

 

Ce qui, un an et deux mois plus tard, est désormais chose faite.

 

Me permettant, aujourd’hui, de vous dire pourquoi ce documentaire, plusieurs fois primé à l’international, est à mon sens définitivement un must see.

 

1. PAR DEVOIR DE MÉMOIRE

 

A l’heure où les propos négationnistes et révisionnistes concernant l’extermination préméditée des Tutsi du Rwanda sont, 26 ans après, malheureusement, ici ou là, encore légion, rappeler l’indicible qui s’y est produit, d’avril à juillet 1994, demeure une incontestable nécessité.

 

Qui mieux, dès lors, pour en parler que les membres du 3 ème Bataillon, ayant participé à la lutte de libération du pays et secouru des personnes condamnées à mort pour le seul fait d’appartenir à la minorité Tutsi, outre les rescapé(e)s ayant in extremis été sauvé(e)s par eux ?

 

 En décidant de tendre le micro à plusieurs vétérans des 600 (qui pour certains s’exprimaient pour la toute première fois publiquement à ce titre), et ce, indifféremment de leur genre ou du grade qui était en 1994 le leur (comme l’illustrent notamment les soldats Théogène Kayitakire et Regis Rurangirwa, le médecin militaire Venantie Mukagatare, le major Jacob Tumwine, le vétéran Daphrose Intaramirwa,

 

Photo prise lors de ma visite, en mars 2019, du Campaign Against Genocide Museum

Entrée du Musée, portrait de Daphrose Intaramirwa (à gauche)

 

 

le brigadier général Vincent Nyakarundi ou encore les généraux Charles Karamba et Sam Kaka ),  puis de recueillir les témoignages de rescapés (Beatrice Uwera, Consolée Nishimwe, Vestine Mukasano, Vestine Muzirankoni, Joseph Mukasa, Antoine Rutayisire, Paul Rukesha, entre autre) secourus par les premiers, Richard Hall et Annette Uwizeye ont contribué à libérer une parole résolument authentique.

 

Qu’aucuns documentaires ou films évoquant le génocide des Tutsi n’avaient jusque là captée.

 

Celle de témoins oculaires rwandais qui, grâce à leurs points de vue croisés, racontent l’horreur du génocide tel qu’ils l’ont vécu et corroborent, ce faisant, des faits depuis objectivement établis.

 

Là réside, selon moi, la première force des 27 interviews rassemblées dans The 600.  

 

2. POUR L’INÉDITE PERSPECTIVE OFFERTE SUR LA LUTTE DE LIBÉRATION 

 

Si au fil des propos tenus par les membres des 600, le spectateur se retrouve, bel et bien, immergé au cœur de la lutte de Libération conduite par les troupes de l’APR, il comprend néanmoins très vite que leur victoire, de manière générale, et l’incroyable capacité des 600, en particulier, à faire, nonobstant les circonstances défavorables, reculer, les FAR avant de les vaincre définitivement réside, tout d’abord, dans l’adhésion totale de ses soldats à la cause, juste, qu’ils défendent.

 

Celle de rebâtir un nouvel état rwandais dans lequel tous les citoyens seraient désormais égaux, pourraient vivre et aller et venir librement et où, enfin, la discrimination institutionnalisée, les humiliations et les pogroms visant, depuis des décennies et de manière récurrente, la communauté Tutsi n’auraient plus cours.

 

Mais la force desdits militaires tient également à l’unité et au sens du collectif qu’ils manifestent;

 

Au patriotisme qui est le leur; aux valeurs communes ( entre autre de dignité et d’intégrité), notamment évoquées dans les chants de libération, pleins d’espérance (avec une mention toute particulière pour ceux écrits par le soldat Maji Maji), boostant leur moral au quotidien, qu’ils partagent

 

et dans la bravoure (reflet de leur surnom d’Inkotanyi signifiant ceux qui se battent avec courage) , la discipline, le sang-froid, l’esprit de sacrifice et la résilience dont ils feront preuve durant les 3 mois du génocide.

 

Autant d’éléments qui permettent d’expliquer s’agissant, en l’occurrence, des 600 :

 

– La farouche résistance qu’ils opposèrent pendant plusieurs jours, début avril 1994, aux assauts menés par les FAR sur le bâtiment du CND (lequel, avec ses impacts de balles et d’artillerie lourde, en porte encore aujourd’hui les stigmates).

 

Photos prises lors de ma visite, en mars 2019, du Campaign Against Genocide Museum

Façades du CND criblées d’impact

 

 

Une lutte dont le sergent David Rwabinumi est, au CND, l’une des plus vibrantes personnifications.

 

sculpture représentant, sur le toit du CND, le sergent David Rwabinumi 

 

 

 

Lui qui depuis son poste, installé sur le toit du bâtiment, parvint entre les 7 et 9 avril 1994 à contenir, malgré les bombardements continus des FAR, l’absence de repos et la faim le tiraillant,  l’avancée des forces gouvernementales.

 

Ripostant à leurs attaques par la manœuvre de l’unique arme lourde, en l’espèce une mitrailleuse, dont disposait alors le 3 ème Bataillon;

 

Photo prise lors de ma visite, en mars 2019, du Campaign Against Genocide Museum

Rooftop du CND

 

 

– L’incroyable énergie que ceux-ci déployèrent pour reprendre le stratégique Mont Rebero aux mains des FAR;

 

– l’importance des opérations de secours qu’ils menèrent, subdivisés en petits groupes envoyés, depuis le CND, aux quatre coins de Kigali, pour arracher, en dépit des énormes risques encourus et comme le dit si justement l’un des rescapés interviewés,  hommes, femmes et enfants Tutsi de la gueule du Lion. 

 

C’est, en effet, à eux que l’on doit les sauvetages, qu’ils aient été planifiés à l’avance ou se soient décidés à la dernière minute, de plusieurs milliers de civils Tutsi effectués au Stade Amahoro, au Collège Saint André, à l’Eglise Saint Paul ou dans les maisons du quartier de Nyamirambo.

 

 

 3.  PARCE QUE THE 600 EST UN POIGNANT DOCUMENTAIRE

 

Bouleversant, The 600 l’est incontestablement.

 

Tant l’horreur du génocide des Tutsi imprègne chaque bribe des récits que l’on découvre à l’écran.

 

A commencer, bien évidemment, par ceux des rescapés.

 

. Qu’ils se réfèrent, pour la période antérieure au 6 avril 1994, aux discriminations, intimidations, assassinats dont les Tutsi étaient continuellement victimes; aux appels à la haine diffusés par les médias gouvernementaux (Radio des Mille collines); à la mise en place et aux entraînements des milices Interahamwe et Impuzamugambi;  aux peurs et prémonitions des aînés ayant déjà connu les pogroms des décennies précédentes ou encore aux effroyables conversations entendues dans des échoppes de quartier, le matin même du crash de l’avion présidentiel, indiquant l’imminence du génocide.

 

A cet égard, les témoignages d’Yvonne Umugwaneza et Gilbert Masengo font froid dans le dos.

 

. Qu’ils soulignent le caractère prémédité du génocide des Tutsi,  confirmé par:

 

le ciblage des Tutsi opéré grâce à l’établissement de listes dont l’existence est parfois révélée par les voisins, comme le racontent le pasteur Antoine Rutayisere et Gilbert Masengo; la préparation de longue date des miliciens au génocide à venir; l’installation immédiate (dès le soir du 6 avril) de barrages routiers où les cartes d’identité, portant la mention de l’ethnie, permettent une rapide identification des Tutsi, comme l’indique Yvonne Umugwaneza; des massacres se déroulant pour la toute première fois dans des lieux (écoles, églises notamment) qui étaient, jusqu’en 1994 et comme l’indique Marie Rose Mukayiranga, considérés inviolables par les tueurs. 

 

. Ou qu’ils se focalisent sur les souffrances vécues et épreuves traversées, tant individuellement que collectivement, d’avril à juillet 1994. 

 

Ainsi :

 

Entendre Joseph Mukasa raconter comment les hommes ont été atrocement tués par les miliciens dans la cour du Collège Saint André; entendre Prosper Bitembeka expliquer comment il y a survécu enfoui pendant plusieurs heures sous des cadavres; 

 

Entendre Marie Rose Mukayiranga dire, les sanglots dans la voix, comment son frère a, dans ce même collège, été tué à coups de machette sous ses yeux et ceux de sa femme enceinte et de leur fillette; entendre le pasteur Antoine Rutayisere évoquer sa conversation avec un soldat onusien lui expliquant, dans un stade Amohoro cerné de miliciens, qu’il n’avait pas ordre de les attaquer;

 

Entendre Yvonne Umugwaneza dire son soulagement d’avoir, du fait de son sauvetage par les 600, échappé à un viol et à un découpage à la machette; entendre Gilbert Masengo raconter comment il a, à Saint Paul, échapper à la mort en se cachant dans un plafond; 

 

Ecouter Béatrice Uwera raconter comment les miliciens pénétraient dans l’église Saint Paul pour y sélectionner des hommes (dont certains amis et membres de sa famille ont fait partie) qu’ils assassinaient ensuite et jetaient  dans des puits; lire encore la peur dans les yeux de Judith Mukasano lorsqu’elle évoque comment elle et d’autres survivantes de Saint André ont, grâce à la miraculeuse apparition d’une vache ayant distrait les miliciens, eu un sursis d’une journée

 

Ou, encore, entendre Béatrice Uwera parler des longues heures de marche, effectuées, en file indienne, sous la protection d’une quinzaine de soldats des 600, qui ont précédé la mise en sécurité des réfugiés de Saint Paul,  ne peut laisser indifférent.

 

 Douloureux souvenirs, évoqués face caméra, qui finissent par submerger les survivants de tristesse.

 

Mais, dans The 600, l’émotion affleure aussi dans les témoignages livrés par les soldats du 3 ème bataillon.

 

Qui, à mesure de leur avancée libératrice, ont non seulement pris conscience de l’ampleur des atrocités commises par les miliciens et les FAR mais ont également dû faire face à de terribles tragédies personnelles :

 

La découverte, dans un charnier, du corps de sa mère par le soldat Jean Baptiste Kajera;

 

L’évocation par un vétéran originaire de Kibungo de l’extermination de toute sa famille, à l’exception de deux nièces qu’il recueillera et élèvera avec son frère au sortir du génocide;

 

la peine du médecin militaire Venantie Mukagatare, longtemps hantée par l’image d’un enfant mutilé par les miliciens qui avait été recueilli, avec d’autre survivants, au sein du CND;

 

 la poignante rencontre avec des victimes à jamais marquées par les viols subis;

 

le récit du sergent Théogène Kayitakire revenant sur l’osé stratagème mis en place, avec une poignée de ses camarades, pour franchir les barrages tenus par des miliciens assoiffés de sang, et ce alors même qu’ils étaient accompagnés d’une cinquantaine de Tutsi fraîchement secourus dans le quartier de Nyamirambo, 

 

Ou encore celui du plan imaginé par le major Jacob Tunwine pour sauver les réfugiés de Saint Paul en constituant autant de parfaits exemples.

 

Derrière les mots desdits Inkotanyi, apparaît donc toute l’humanité d’hommes et de femmes que la raciste propagande gouvernementale avait, en les qualifiant, durant des années, de serpents (Inzoka) et de cancrelats (Inyenzi), tenté de reléguer au rang d’animaux.

 

Je ne saurais clore ce chapitre dédié aux émotions sans évoquer, in fine,  l’incommensurable gratitude que les rescapés, sauvés par les 600, leur expriment tout au long du documentaire.

 

Reconnaissance pour leur courage, compassion et gentillesse; pour tout ce qu’ils ont accompli d’avril à juillet 1994, pour leur avoir sauvé la vie et pour avoir permis la naissance, malgré tous les défis à relever qu’impliquait la reconstruction du pays aux lendemains du génocide, d’un Rwanda nouveau.

 

Un sentiment de reconnaissance qui a même, selon ses dires, poussé  Marie-Rose Mukayiranga, rescapée du Collège Saint André, à épouser un soldat de l’APR.

 

4. PARCE QUE THE 600 ÉCLAIRE LA PÉRIODE DU GÉNOCIDE

 

En plus de partager plusieurs témoignages des membres des 600 et des survivants qu’ils ont sauvés, le documentaire fournit également un grand nombre d’informations permettant une meilleure appréhension, par le spectateur, du génocide des Tutsi du Rwanda.

 

Grâce, en premier lieu, à une frise chronologique, allant de 1959 à 1994, évoquant :

 

– les discriminations, exclusions, restrictions progressives apportées à leurs droits et massacres de plusieurs dizaines de milliers de personnes (autant de préludes au génocide de 1994) dont les Tutsi ont été victimes en 1959,1963, 1973, 1990 et 1992.

 

– le départ forcé en exil de ces derniers (soit plus de 300000 personnes) dans les pays limitrophes ( Burundi, République Démocratique du Congo et Ouganda), en Europe et sur le continent américain. Il leur sera ensuite fait interdiction de revenir s’installer au Rwanda.

 

la naissance, en 1987, du FPR, rébellion constituée pour l’essentiel de Tutsi exilés

 

– la montée en puissance, à partir du début des années 1990, des extrémistes du Hutu Power. Un extrémisme notamment visible dans la création de milices, dans le lancement des médias de la Haine ( journal Kangura et radio RTLM) et dans l’influence croissante de l’Akazu

 

– la signature, en août 1993,  des Accords de Paix d’Arusha 

 

– l’attentat contre le Falcon à bord duquel se trouvait le président rwandais Juvénal Habyarimana. Abattu, le soir du 6 avril 1994,  par des missiles tirés, vraisemblablement depuis l’enceinte du camp militaire de Kanombe, par des extrémistes du Hutu Power. Un crash qui déclenchera le début du génocide des Tutsi dans un pays désormais géré par un Gouvernement Intérimaire (GIR)

 

Grâce, ensuite, à l’intégration dans le documentaire :

 

–  D’images d’archives, qu’elles proviennent des fonds du FPR (séances d’entrainement, dans les Virunga, des troupes de l’APR; discours du général Paul Kagamé à ses soldats ; arrivée des bus transportant le bataillon des 600 dans la ville de Kigali en décembre 1993, moments de chants et de danses au CND en décembre 1993; images du pays prises après sa Libération par le FPR en juillet 1994)

 

Photo prise, en mars 2019, lors de ma visite du Campaign Against Genocide Museum

Juillet 1994, après la Libération

 

ou pas (images de miliciens massacrant des Tutsi sur une route après le début du génocide; images des bombardements visant le CND);

 

photo prise lors de ma visite, en mars 2019, du Campaign Against Genocide Museum

CND bombardé en 1994

 

–  De photos de disparu(e)s exposées à l’incontournable Mémorial, kigalien, de Gisozi;

 

photos prises lors de mes visites au Mémorial de Gisozi en 2013 & 2019

 

 

 

– D’archives sonores : telles les chansons, écrites par le soldat Maji Maji (appartenant d’ailleurs au bataillon des 600) et par Cécile Kayirebwa,  qui ont, durant la lutte pour la libération, contribué à renforcer le moral des troupes de l’APR 

 

– et de scènes reconstituées illustrant les propos des personnes interviewées (écoute de la Radio, FPR, Muhabura; barrages de miliciens; sauvetages nocturnes; dernière messe à Saint André pour baptiser un bébé)

 

Des éléments, tirés d’un exhaustif travail de recherche mené en amont, qui participent de l’authenticité du documentaire.

 

The 600 vient donc éclairer d’un jour nouveau le parcours conçu au Campaign Against Genocide Museum

 

5. PARCE QUE THE 600 EST UN FILM RWANDAIS

 

«Tant que les lions n’auront pas leur propre histoire, l’histoire de la chasse glorifiera toujours le chasseur».

 

Un proverbe ayant, sans l’ombre d’un doute,  guidé les réalisateurs du documentaire dans leur démarche.

 

Car The 600 peut, en effet, se targuer d’être une production rwandaise :

 

Le documentaire évoque un pan méconnu de la campagne conduite par le FPR pour mettre un terme au génocide des Tutsi de 1994;

 

Les personnes interviewées (soldats des 600 comme rescapés) sont rwandaises et parlent de choses qu’elles ont elles-même vécues;

 

Tout le cast (hormis Richard Hall, producteur exécutif, et  Laurent Basset, réalisateur) l’est également.

 

D’Anette Uwizeye, la co-productrice de The 600, aux acteurs des scènes reconstituées en passant par les ingénieurs du son ou les personnes s’occupant de la logistique;

 

Et l’essentiel des plans a été tourné sur les lieux même du génocide ( Stade Amahoro, Eto, Mont Rebero)

 

………………………………………………………….. 

 

En se plaçant durant près de deux heures à hauteur d’homme pour dévoiler, via des témoignages aussi poignants que circonstanciés de militaires et de rescapés, le rôle crucial joué, en 1994, par le bataillon des 600 dans la lutte pour la Libération du Rwanda, The 600 fait, pour moi, avec brio œuvre de mémoire.

 

Une mémoire qu’il nous incombe de préserver et de transmettre afin que de tels crimes ne puissent plus jamais advenir.

 

Car comme le disait si bien l’écrivain Paul Valéry  » La Mémoire est l’avenir du Passé »

 

…………………………..

The 600 est déjà disponible, sur Amazon, en Dvd (avec néanmoins une restriction limitant son visionnage au continent américain)  et il est également visible via plusieurs plateformes en ligne ( dont https://www.mymovies.africa/view/70ea6321a553b5b6)  répertoriées ici  : 

http://the600movie.com/how-to-see-the-600-worldwide/

 

 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

4 Commentaires
  • Soumbou | Sep 23, 2020 at 18 h 54 min

    Merci Ivy pour ce bel article

    • Le Pigeon Voyageur | Sep 24, 2020 at 12 h 21 min

      My pleasure Angela ! C’est un pan d’histoire qui gagne à être davantage connu

  • Valérie | Avr 23, 2022 at 10 h 48 min

    Merci Ivy. Écrit avec justesse et émotion. Je l’avais survolé il y a quelques mois mais aujourd’hui après avoir vu le film à 2 reprises je me dois te te féliciter car ton article traduit l’émotion ressentie en regardant le film.
    Te lire c’est mettre les mots sur ce que l’on ressent en regardant le film.
    Ce film est un must see et ton article un must read.

    • Le Pigeon Voyageur | Avr 23, 2022 at 15 h 55 min

      Merci bcp Valerie pour tes mots et d’avoir pris le temps de partager ici ton ressenti après visionnage de ce film-documentaire . L’un des plus bouleversants, à mon sens, réalisé sur le génocide des Tutsi.
      En donnant la voix à celles et ceux qui l’ont vécu de l’intérieur, qu’il s’agisse de soldats ayant combattu le régime genocidaire ou de rescape(e)s ayant survécu à cet enfer, les réalisateurs nous livrent une parole, certes douloureuse, mais o combien bouleversante, authentique et nous invitant à la réflexion et au devoir de mémoire .
      Un must See comme tu le dis si bien. Surtout en ces temps où complotisme, négationnisme et révisionnisme , malheureusement, prolifèrent …

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