PANTHEON, FEMME ET RESISTANCE : DE L’OUBLI AUX RECENTS HOMMAGES, TANT ATTENDUS, DE LA NATION
    les 4 portraits des résistants panthéonisés réliasés par Ernest Pignon-Ernest
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 Paris, 17 heures, 27 mai (date de la Journée Nationale de la Résistance) 2015.
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Un rendez vous avec l’Histoire, tombant à point nommé, attend ceux qui assistent, sur place ou derrière leurs téléviseurs, à  l’événement .
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En effet, la mélopée du Chant des Partisans (l’hymne de la Résistance) résonne au cÅ“ur du Quartier Latin.
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 4 cercueils s’apprêtent, 13 ans après la dernière cérémonie s’étant tenue en ses lieux, à faire leur entrée dans ce saint des saints des Grands Hommes de la République Française qui figure au top 5 des monuments les plus visités de France.
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  La Nation rend ainsi hommage à quatre défenseurs de la démocratie et de la liberté lesquels, nonobstant la diversité de leurs origines et de leurs parcours, ont en commun le fait de s’être non seulement élevés, il y a 75 ans, contre la tyrannie annoncée mais aussi d’avoir, après d’atroces tortures et souffrances, payé cette lutte de leurs vies (du moins pour deux d’entre eux).Â
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 Ce que j’ai pour ma part, et en premier lieu, retenu de cette cérémonie c’est la parité Homme/Femme des « nouveaux entrants » qui, une fois n’est pas coutume, a été parfaitement respectée.
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  4 résistants, 2 hommes (Jean Zay et Pierre Brossolette) et 2 femmes (Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz – De Gaulle), dont l’entrée dans cette nécropole avait été annoncée en début d’année lors d’un discours du président de la République au Mont Valérien.
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[Un lieu, dans le département des Hauts de Seine, chargé de mémoire (de nombreuses exécutions s’y déroulèrent durant l’Occupation dont celles des membres du groupe Manouchian ) que je vous invite ardemment à découvrir car cette visite, en plus d’être émouvante, est très instructive comme j’ai pu moi même le constater en m’y rendant en 2010]
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les 4 résistants entrés au Panthéon le 27 mai 2015
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Impossible, dès lors, pour la passionnée d’Histoire, et plus spécifiquement celle de la Seconde Guerre Mondiale, que je suis de ne pas me saisir de l’admission au Panthéon de ces deux résistantes pour vous parler de ces grandes oubliées de l’Histoire de France que sont les Femmes en général et les Femmes résistantes en particulier.
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Ce n’est, en effet, un secret de polichinelle pour personne que l’hommage officiel de la Nation n’a, jusque là , concerné que des Hommes.
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Est ce pour être en totale adéquation avec la désormais célèbre formule du Marquis de Pastoret « Aux grands Hommes la Patrie Reconnaissante » inscrite sur le fronton de ce monument ?
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devise inscrite sur le Fronton du Panthéon |
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Gageons que l’heure soit désormais au changement et que l’entrée, en grande pompes, de ces deux illustres  femmes soit annonciatrice,  tant d’une plus grande reconnaissance de l’importance du rôle, maintes et maintes fois, joué par les Femmes dans l’Histoire nationale que d’une plus grande représentation de ces dernières au sein du Panthéon.
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Un VÅ“u que je n’espère pas pieux….
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Un souhait qui commence, je dirai même, à se réaliser comme en attestent, outre la récente panthéonisation de Germaine Tillion et de Geneviève Antonioz – De Gaulle, les instructives expositions, mettant à l’honneur les Femmes Résistantes, que le Panthéon accueille depuis un peu plus de deux semaines en son sein.
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C’est donc une incursion dans le monde de ces dernières, non sans avoir d’abord évoqué ce lieu (où quasiment aucunes femmes ne figurent proportionnellement aux hommes qui y sont entrés) suscitant la curiosité des touristes,  que je vous propose dans ce nouvel article du JPV  estampillé Histoire et Devoir de Mémoire.
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LE PANTHÉON UNE NÉCROPOLE RÉPUBLICAINE PEU REPRÉSENTATIVE DE LA DIVERSITÉ DES GENRES
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nef du Panthéon |
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En 1744, Louis XV, rétabli par miracle d’une maladie dont il pensait qu’elle lui serait fatale, demande à l’architecte Soufflot d’élever une église dédiée au culte de Sainte Geneviève (la sainte patronne de Paris) près de la montagne éponyme (située au cÅ“ur de l’actuel Quartier Latin donc dans le 5 eme arrondissement).
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La construction sera longue et c’est finalement Rondelet qui achèvera cet imposant édifice :
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 Surmonté d’une coupole (qui manquera d’ailleurs, à plusieurs reprises, de s’écrouler) combinant architecture antique (colonne) et gothique (importance de la lumière), comprenant des décors peints et sculptés et abritant, par ailleurs, en son sein une crypte.
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Celle sur laquelle tous les yeux étaient braqués le 27 mai dernier .
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Mais avant de devenir, de façon définitive et à partir de 1885 ( après le décès de l’écrivain  Victor Hugo) la nécropole laïque où reposent les « Grands Hommes »,  la vocation du Panthéon  a varié en fonction des régimes en place .
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Oscillant, notamment, entre édifice religieux sous Louis XV ou Napoléon et panthéon laïc à la Révolution .
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Et c’est pour découvrir cette nécropole nationale, installée dans la crypte aux 77 tombeaux (désormais), outre la toute récente installation du photographe JR ainsi que, il fut un temps, la pendule de Foucault (aujourd’hui déposée)  que  les touristes franchissent, depuis toujours et en masse, ses portes.
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Mais faire partie (sur décision, sous la 5 ème République, du président) de ces happy few panthéonisés n’est pas une sinécure.
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Cela suppose d’avoir défendu la République, d’avoir incarné ses valeurs ou enfin d’avoir contribué par, des découvertes scientifiques exceptionnelles,  au rayonnement de la France.
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Toutefois,  certaines personnes y sont inhumées sans être panthéonisées.
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C’est le cas de Soufflot,  y étant enterré en sa qualité d’architecte initial des lieux, ou encore de Sophie, l’épouse de Marcellin Berthelot (première femme à reposer au Panthéon en 1907), inhumée à ses côtés pour respecter les dernières volontés de ce dernier ou enfin de Marc Schoelcher dont le fils, Victor, ne voulait pas qu’ils soient séparés dans la mort .
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En revanche, les conditions que pourraient être le délai minimum entre le décès de la personne et sa panthéonisation ainsi que l’exigence d’un corps ne sont pas sine que non.
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Ainsi si Jean Moulin y fut transféré plus de vingt ans après sa mort, Germaine Tillion y est entrée 6 ans après son décès, Victor Hugo a, quant à lui, eu la chance d’être panthéonisé immédiatement après sa disparition tandis que Mirabeau et Marat en furent finalement exclus.
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De même l’exigence du corps, entier ou non, n’est pas primordiale.
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Saint Exupéry (dont le corps n’a jamais été retrouvé), Aimé Césaire, enterré au cimetière de la Joyaux de Fort de France (que j’ai pu voir il y a 4 ans), Descartes, Toussaint Louverture ou encore Diderot y sont honorés par une inscription ou une sculpture.  Â
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Enfin, seul le cÅ“ur de Gambetta figure dans une urne, Braille y est enterré sans ses mains et l’on s’est uniquement contenté des cendres de Jean Moulin et Pierre Brossolette.
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quelques clichés du PanthéonÂ
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installation du photographe JR |
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dans le Panthéon
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maquette du Panthéon
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La crypte.
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Ce lieu du Panthéon (qui attire tous les visiteurs)  abritait, jusqu’au 27 mai dernier, 73 caveaux, tous identiques, à l’exception de celui de l’Abbé Grégoire, dont je vous parlais ici, marqué d’une croix.
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Y reposent, notamment, des grands noms de la littérature ( tels que Zola, Dumas, Hugo, Malraux), des scientifiques ( les époux Curie, Becquerel, Monge, Berthelot) des politiques (Carnot, Gambetta, Éboué (premier noir a y être entré), Jaurès, Malraux), des résistants (notamment Jean Moulin, Le Général Delestraint ainsi que les 4 derniers panthéonisés),  des philosophes (Rousseau, Voltaire) ou encore des défenseurs d’idées fortes (Schoelcher, l’Abbé Grégoire, Cassin ou Monnet).
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  Sur ces 73 personnalités inhumées (avant le 27 mai 2015) ne figuraient alors que deux femmes (Sophie Berthelot et Marie Curie) dont une seule, Marie Curie (entrée en même temps que son époux Pierre), y a été honorée (seulement en 1995)  pour ses mérites propres !Â
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En l’ occurrence en tant que lauréate du prix Nobel de Physique et Chimie en 1903 et 1911.Â
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Le ratio Homme/ Femme au Panthéon est donc pour le moins très très faible, et ce même après la toute récente entrée de 2 figures féminines !
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( Je ne compte pas, en connaissance de cause, les quelques femmes faisant partie des écrivains combattants de la seconde guerre mondiale à qui une plaque a été dédiée dans le Panthéon, car la globalité de cette dénomination les relèguent au rang d’éternelles anonymes.
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quelques clichés de la crypte du Panthéon
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Voltaire |
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Soufflot |
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QUAND LE PARCOURS DE QUELQUES FEMMES RÉSISTANTES S’EXPOSENT SUR LES GRILLES DU PANTHÉON
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Lucie Aubrac |
  Mercredi 3 juin vers 8 h 30 du matin, je découvre, en passant devant les grilles de l’Hôtel de Ville où le Général de Gaulle prononça son célèbre discours à la Libération de paris le 25 août 44 (vous savez, le fameux « Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé mais Paris libéré« ) de grands portraits de femmes.
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Je reconnais celui de la résistante Lucie Aubrac puis celui de la chanteuse Joséphine Baker.
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Un coup de fil plus tard, j’apprends qu’il s’agit d’une exposition consacrée au rôle, souvent méconnu, des femmes dans la Résistance.
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Malheureusement l’exposition est sur le point d’être démontée ce matin là . On m’assure cependant  qu’elle sera visible, prochainement, sur les grilles du Panthéon.
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C’est le cas depuis le 19 juin et ce jusqu’au 14 juillet prochain.
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Il ne vous reste donc plus qu’une semaine pour aller la découvrir.
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Si Si, elle vaut véritablement le déplacement car combien de personnes savent que la Résistance n’a pas uniquement été une affaire d’hommes  et que le cinquième de ses effectifs était composé de femmes ?
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Si l’Histoire a préféré retenir les cas de collaboration à l’horizontale qui ont été sanctionnés, lors de l’Épuration,  à la Libération par les nombreuses séances publiques de tontes de femmes (images que l’on connait tous), il n’en demeure pas moins que nombreuses sont celles  à avoir joué un rôle important au sein de la Résistance.
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Et  ce, en prenant des risques inouïs alors que leurs hommes étaient sur le front ou dans les Maquis (donc absents).
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Ainsi, elles ont notamment été Résistantes dans les maquis, agents de liaison, passeuses, distributrices de tract, meneuses de missions, hébergeuses de parachutés, collecteuses d’informations.
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(La participation à la Résistance a, quelque part, été le début de leur émancipation).
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Pourtant, à  la Libération, mis à part leur octroyer le droit de vote par une ordonnance d’avril 1944 (prérogative citoyenne qu’elles pourront exercer, pour la première fois, en avril 1945) elles ne seront quasiment pas honorées officiellement.
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Et rares sont les films, excepté à ma connaissance Les Femmes de l’Ombre (sorti en 2008) à rendre hommage à leurs actions.
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La finalité de cette exposition sur les grilles du Panthéon est donc de pallier, à travers les portraits de plusieurs femmes résistantes, cette absence de reconnaissance.
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Voici quelques uns d’entre eux …
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BERTHY ALBRECHT Infirmière, fondatrice (avec Henri Frenay) du groupe résistant Combat qui se suicida après avoir été torturée par les allemands.  Â
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LUCIE AUBRAC Agrégée et professeur d’Histoire, membre du réseau Libération Sud, épouse de Raymond Aubrac qu’elle réussit (en étant enceinte de leur deuxième enfant) à faire s’évader de la prison lyonnaise de Montluc (après l’arrestation de Caluire  qui permit également celle de Jean Moulin) par Klaus Barbie.
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Je vous recommande son ouvrage « Ils partirent dans l’ivresse » que j’ai pour ma part lu d’une traite !
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JOSÉPHINE BAKER, La célèbre danseuse et chanteuse franco-américaine devint agent de renseignement pour la France Libre durant la seconde guerre mondiale.
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OLGA BANCIC, Seule femme appartenant au groupe FTP MOI, composés de 23 résistants communistes, du réseau Manouchian. Elle sera exécutée après le démantèlement du groupe.
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Si vous voulez en savoir un peu plus sur ce réseau, dit celui de l’Affiche Rouge, je vous conseille de visionner le film L’Armée du Crime, sorti en 2009, qui raconte l’histoire de ces résistants.
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MARIE MADELEINE FOURCADE: Seule femme a avoir dirigé, dès 1941,  un réseau de résistance en France, en l’occurrence: Alliance.
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GENEVIÈVE ANTHONIOZ DE GAULLE L’une des deux femmes résistantes à avoir fait son entrée au Panthéon le 27 mai 2015 dernier. Je reviendrai sur le parcours de la nièce du Général De Gaulle dans le paragraphe suivant.
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ANNA MARLY C’est à elle que l’on doit la mélodie du Chant des Partisans, l’hymne (si connu) de la Résistance dont les paroles ont notamment été écrites par Joseph Kessel.
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ROCHAMBELLES ET MARINETTES Ce sont des unités d’infirmières et d’ambulancières qui s’engagèrent volontairement au sein de la 2 eme Division Blindée (DB) du Général Leclerc (celle qui libéra Paris en août 1944). Â
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GERMAINE TILLION C’est  la deuxième résistante à être entrée au Panthéon le 27 mai dernier. Je vous en dresserai un portrait un peu plus loin.Â
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MARIE CLAUDE VAILLANT COUTURIER Épouse de Paul Vaillant Couturier, rédacteur du journal l’Humanité, elle réalisa notamment des publications clandestines et transporta des explosifs. Arrêtée, elle eut la chance de ressortir vivante des camps d’Auschwitz et Ravensbruck, où elle fut déportée, et témoigna, après guerre, lors du procès de Nuremberg.
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ROSE VALLAND Elle permit par son travail, au sein du Jeu de Paume à Paris, de garder une trace écrite des œuvres spoliées, en France et durant l’Occupation, par les Nazis.
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Elle est également le personnage central du film Monuments Men, sorti l’an dernier, grâce auquel j’ai appris son action qui m’était jusque là inconnue. Â
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LES DERNIÈRES TÉMOINS Il s’agit de femmes résistantes, encore vivantes, qui mettent un point d’honneur à témoigner de leurs actions durant la guerre.
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Notamment Cecile Rol Tanguy, qui milita, avec son époux,  au sein de la Résistance en qualité d’agent de liaison. Elle est connue pour avoir transporté des armes dans le landau dans lequel elle promenait ses enfants  et d’avoir également rédigé, sous la dictée de son époux, l’appel insurrectionnel lancé aux Parisiens aux alentours de la mi août 1944.
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CÉCILE ROL TANGUY
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ELISE RIVET Une religieuse catholique qui résista en utilisant son couvent pour cacher des résistants, des enfants juifs ou encore des minutions. Elle mourut au camp de Ravensbruck où elle fut déportée après son arrestation par la Gestapo.
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DENISE VERNAY, L’on sait que la famille JACOB, dont Simone (future Mme Veil à qui l’on doit notamment la loi sur l’avortement de 1975), a été déportée (je vous recommande d’ailleurs et à ce titre la lecture d’Une Vie, l’ouvrage autobiographique rédigée par Mme Veil) comme je vous l’indiquais dans mon dernier article Devoir de Mémoire ici , mais ce que beaucoup ignorent c’est que Denise, l’une des sÅ“urs de Simone Veil, fut une résistante active dans les environs de Lyon.
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Une activité qui lui valut d’être déportée dans les camps de Ravensbruck et Mauthausen dont elle revint miraculeusement.
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QUAND DEUX GRANDES FIGURES FEMININES DE LA RÉSISTANCE
 ENTRENT AU PANTHÉON
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MOULIN, PAS LE SEUL RÉSISTANT A ETRE HONORE  AU PANTHÉON
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Jean Moulin, le résistant le plus connu
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  Lorsque l’on songe à l’hommage de la Nation rendu aux Résistants au sein du Panthéon, l’on pense indubitablement et uniquement au transfert des cendres et la panthéonisation, en 1964, de Jean Moulin.
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 Ainsi qu’ au célèbre discours, prononcé dans ces circonstances, du ministre de la Culture André Malraux : »Entre ici Jean Moulin avec ton terrible cortège….. ».
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En effet? Jean Moulin, honoré dans le caveau X de la crypte, apparaît comme le deuxième visage incarnant la Résistance après celui du Général de Gaulle.
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crypte du Panthéon
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ET pour cause !
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Il s’est opposé aux Allemands, dès l’été 1940, alors qu’il était encore Préfet de l’Eure et a subi des tortures au terme desquelles il a tenté de se suicider en s’ouvrant le cou.
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L’image de Moulin portant une écharpe blanche (qui cachait cette cicatrice) est bien connue.
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  Plus tard, alors qu’il est envoyé par le Général De Gaulle en France (car il avait dans l’intervalle rejoint Londres) pour unifier la Résistance intérieure et créer le, 27 mai 1943,  CNR (Conseil National de la Résistance), Rex (son alias dans la Résistance) sera arrêté dans la maison du Docteur Dugoujon à Caluire (près de Lyon) par Klaus Barbie le 21 juin 1943.
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la maison du Dr Dugoujon à Caluire
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la croix de Lorraine, symbole de la Résistance au dessus de la porte |
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au moment de l’irruption de Klaus Barbie dans la maison : 3 patients (en fait des résistants) patientaient dans la salle d’attente : à gauche Rex (Jean Moulin) et à droite : Raymond Aubrac |
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l’escalier menant à l’étage où se tenait la réunion avec d’autres résistants |
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la salle où se tenait la réunion à l’étage au moment de l’arrestation |
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 Incarcéré à la prison lyonnaise de Montluc (un lieu fort en émotion que j’ai visité en 2012 et où d’ailleurs Klaus Barbie sera, plus de 40 ans plus tard, enfermé à son tour sur décision de Mr Badinter, alors ministre de la Justice), il sera torturé à mort par Barbie et mourra dans le train le convoyant, en juillet, vers l’Allemagne.
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mes photos de la prison de Montluc (mai 2012)
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portrait de Jean Moulin |
entrée de la prison
les cellules de Barbie et Moulin
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en allant vers le mur des fusillés de Montluc |
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Les autres résistants honorés au Panthéon
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Pourtant, Jean Moulin n’est pas le seul résistant à avoir été célébré, avant les dernières entrées du 27 mai dernier, au Panthéon.
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Ainsi dans la nef de l’édifice se trouve notamment une inscription commémorative rendant hommage au Général Delestraint, chef de l’Armée Secrète, qui fut arrêté en 1943 (quelques semaines avant Jean Moulin) et déporté au camp allemand de Dachau.
 Outre celle dédiée aux écrivains morts pour la France durant la seconde guerre mondiale.
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De même, dans la crypte, une inscription rappelle l’existence des Justes de France (2725 personnes dont les habitants du village du Chambon sur Lignon font partie).
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Des personnes dont j’ai eu l’occasion de vous parler lorsque j’ai évoqué ma découverte du mémorial de Yad Vashem à Jérusalem ici.
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   Dans ce saint des saints sont également honorés d’autres résistants à l’instar d’André Malraux, Félix Eboué et René Cassin.
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L’entrée des 4 résistants du 27.05.15
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  Mais depuis le 27 mai 2015, 4 autres résistants reposent  dans la crypte (portant désormais à 77 le nombre de personnes qui y sont inhumées).
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2 hommes :
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    Jean Zay le brillant et prometteur Ministre de l’Education du Front Populaire, à qui l’on doit notamment la création du Festival de Cannes (en 1939), qui fut assassiné par la Milice en 1944.
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Pierre Brossolette,  journaliste chargé, avant l’heure, de l’unification de la Résistance intérieure qui se suicida (en se défenestrant), sans avoir parlé, après plusieurs jours de torture aux mains de la Gestapo.
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Et 2 Femmes,sur lesquelles  je désire à présent m’attarder, car cette cérémonie du 27 mai fait figure de symbole à plus d’un titre.
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Tout d’abord, parce que, comme je vous le disais au tout début de cet article, seules deux femmes étaient jusque là entrées au Panthéon (Sophie Berthelot uniquement enterrée et Marie Curie, elle, honorée).
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Ensuite  parce qu’il s’agit de deux femmes résistantes, les premières à recevoir de surcroît l’hommage de la Nation dans ces lieux.
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A travers elles, c’est donc une reconnaissance du rôle joué par les femmes durant l’Occupation qui est opérée (comme en attestent les portraits exposés sur les grilles de l’édifice).
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   Il vous faudra donc vous rendre dans la crypte où reposent leurs cercueils.
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Ces derniers ne contiennent,  cependant, que de de la terre prélevée sur leurs tombes et placées dans des urnes car les familles se sont opposées à l’exhumation de leurs dépouilles pour un éventuel transfert au Panthéon.
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dans la crypte
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  Mais ne vous contentez pas uniquement d’aller voir et ou de vous recueillir devant les cercueils de ces 4 résistants.
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Assurez vous de faire une halte dans la nef du Panthéon où un parcours leur est également consacré.
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Une exposition très didactique , intitulée 4 Vies en Résistance, où frise chronologique, témoignages écrits, archives vidéos et audios se mêlent pour nous relater le parcours, semé d’embûches, de ces résistants.
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Nous éclairer davantage sur leur histoire et nous compter leur désir, quelque soit le prix à payer, de maintenir, en usant de multiples formes de résistance,  les valeurs démocratiques et républicaines face au péril et à l’occupation nazie dont la France devait se libérer.
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J’ai été intriguée par les trajectoires personnelles de Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz De Gaulle car celles ci se rejoignent.
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 Résistantes dès le début de la guerre (soit en juin 1940), déportées toutes les deux à Ravensbruck (le camp des femmes) où elles se rencontrent et deviennent amies (un lien qui perdurera jusqu’à leur mort), puis femmes engagées au sortir de la guerre ( à laquelle elles ont, contrairement à Jean Zay et Pierre Brossolette, survécu)
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  Ainsi, Germaine Tillion est une historienne, écrivaine , ethnologue qui se rendit plusieurs fois dans le massif algérien des Aures (profession qui l’aida à garder espoir durant sa détention dans le camp de Ravensbruck), membre et chef du réseau de Résistance du Musée de l’Homme, qui, après la fin de la guerre, lutta contre l’usage de la torture en Algérie et entreprit, par ailleurs, des recherches sur la condition des Femmes dans ce pays.
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Elle s’est éteinte en 2008 au vénérable âge de 101 ans !
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 Quant à Geneviève de Gaulle-Anthonioz (nièce du Général éponyme et femme politique) elle fut également déportée à Ravensbrück en tant que résistante puis, après la libération, s’engagea contre la pauvreté (notamment à la tête de la branche française d’ATD-Quart Monde) pendant un peu plus de 30 ans.
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Elle est décédée en 2002 à l’âge de 82 ans.
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Enfin, 4 vies en Résistance est, également et à mon sens, une exposition qui permet, en faisant écho aux idéaux défendus par ces 4 résistants, de réfléchir aux difficultés (que nous devons surmonter) auxquelles la société contemporaine se trouve confrontée tout en restant vigilant pour que de telles dérives, survenues dans un passé finalement pas si lointain, ne puissent survenir à nouveau.
Le mot d’ordre d’alors (soit pendant la période 39-45), lequel reste toujours d’actualité aujourd’hui, étant, toujours,  de Résister à toutes formes d’humiliation, d’injustices, de privations de liberté et de dictatures.
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  Comme le disait si bien la résistante Lucie Aubrac (dont le portrait est à l’heure actuelle sur les grilles du Panthéon)
  » Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent «Â
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Actualisation au 05.07.2017
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Il y a deux ans, après la panthéonisation, en mai 2015, de 4 résistants (parmi lesquels deux femmes),  j’écrivais alors au tout début de mon article « Panthéon, Femme et Résistance : de l’oubli aux récents hommages tant attendus de la Nation » :
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« Gageons que l’heure soit désormais au changement et que l’entrée en grandes pompes de ces deux illustres femmes soit annonciatrice d’une plus grande représentation des Femmes, ces grandes oubliées de l’Histoire de France, au sein du Panthéon. »
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En ce 5 juillet 2017, à l’issue de l’émouvant hommage national rendu à Madame Simone Veil, le président de la République Emmanuel Macron, usant des prérogatives qui lui sont à ce titre conférées, a annoncé que cette dernière reposerait , dans les prochains mois, au Panthéon avec son époux Antoine.Â
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A l’instar de deux autres couples, Pierre et Marie Curie ainsi que Marcellin et Sophie Berthelot, enterrés dans ce Saint des Saints de la République.
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Une décision à saluer qui, après l’entrée de Geneviève Anthonioz De Gaulle et celle de Germaine Tillion , sonne comme une parfaite évidence eu égard au parcours de cette femme d’exceptionnelle envergure.
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Rescapée de la Shoah ( comme je l’avais déjà évoqué ici), Magistrate, Ministre, Ardente défenseure des droits des Femmes, du Devoir de Mémoire et de l’Europe, Auteure (je vous recommande d’ailleurs la lecture d’ Une vie, sa poignante autobiographie), Immortelle.
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 Entre Autre.
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Décider de l’honorer ainsi permet, par ailleurs, de porter à 5  le nombre de figures féminines inhumées dans la crypte dudit édifice.
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Simone Veil y rejoindra, en effet, les résistantes Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz De Gaulle (entrées en 2015), la scientifique et prix Nobel Marie Curie (entrée en 1995) ainsi que Sophie Berthelot (entrée en 1907, en sa qualité d’épouse, suite à la panthéonisation de son époux).
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Puisse cet hommage, ne souffrant pas la discussion, ouvrir la voie, comme je l’appelais déjà de mes vÅ“ux en 2015, à une plus grande mise en lumière du rôle joué par les Femmes dans l’Histoire Nationale et, partant, favoriser leur entrée au Panthéon.
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Car vous conviendrez avec moi que seulement 5 d’entre elles sur les 79 personnalités que comptera, après l’inhumation des époux Veil, le Panthéon reste un ratio pour le moins très très faible.
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