25HOURS HOTEL TERMINUS NORD OU L’ODE AU COSMOPOLITISME DU X EME ARRONDISSEMENT PARISIEN
Sape Bar, 25Hours Hotel Terminus Nord
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En choisissant pour sa première adresse non germanophone d’investir, après une rénovation menée par le cabinet d’architectes Axel Schoenert, l’ancien établissement Mercure, sis parvis de la Gare du Nord,
vue sur le Parvis de la gare du Nord depuis l’une des chambres, situées au 5 eme étage, du 25Hours Hotel Terminus Nord
c’est bien à l’intrinsèque identité cosmopolite et dans une moindre mesure à la culture urbaine du 10 ème arrondissement, voire même plus largement à celles dont témoigne la Ville Lumière, que la chaîne allemande  25Hours Hotel a voulu rendre hommage.Â
Dès l’atypique lobby, sur lequel deux monumentales portes d’entrée vitrées s’ouvrent , l’ode à la multiculturalité et au street art se manifeste, en effet,  via moult détails,  pensés avec soin par les agences ,en design et conseil artistique, Dreimeta et Visto Images.
Ainsi, dans une mise en scène qui renvoie aux historiques kiosques à journaux parisiens, ouvrages, généraux ou plus spécialisés, magazines, objets du quotidien, dvds de films Bollywood (cinéma indien tourné en langue Hindi dans les studios de Mumbai) ou Kollywood (cinéma Tamoul tourné en langue tamoule dans les studios de Chennai), cartes postales, accessoires capillaires , bijoux , tote bags et vêtements en wax de créateurs contemporains, tous disponibles à l’achat,
cartes postales qui représentent notamment une oeuvre de l’artiste ghanéenne Lynette Yiadom Boakye (en bas à droite), évoquée l’été dernier dans ce billet dédié à Rennes, et un autoportrait de l’artiste sud-africaine Zanele Muholi (en haut à droite) évoquée dans cet article dédié à Cape Town
jupe Maison Château Rouge
côtoient ainsi plusieurs œuvres du brésilien Nunca.
oeuvre représentant Jocelyn visible au rez-de-chaussée
œuvres de Nunca visibles au premier étage
Signant d’emblée l’immersion au cÅ“ur des riches cultures indiennes et africaines, fussent elles du nord, de l’ouest ou du centre.
Soit celles la même ayant, depuis les années 60, façonné la physionomie du quartier de la Gare du Nord outre le visage du limitrophe 18 eme arrondissement.
Véritable ode à la Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes (S.A.P.E),
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un art vestimentaire codé, né dans les 2 Congos (désormais connus sous les noms de République du Congo et République Démocratique du Congo) au début du 20 eme siècle avant d’y prendre son essor au sortir des indépendances, permettant à  ses membres d’exprimer créativité, confiance en soi et liberté d’être, le cosy Sape Bar poursuit, au premier étage, l’échappée africaine débutée au rez-de-chaussée.
Multipliant par sa décoration les références aux Sapeurs, au Wax, à la Diaspora africaine ainsi qu’aux illustres Voix ayant contribué à la renommée musicale de ce continent.
Accrochés aux murs, les portraits des premiers lèvent donc le voile sur ces dandys, d’hier et d’aujourd’hui, de Kinshasa, de Brazzaville ou de Chateau Rouge,ayant érigé la S.A.P.E en art de vivre .
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Parmi eux, le visage de Papa Wemba, renommé chanteur congolais, à présent disparu, proclamé roi dudit mouvement, surgit telle une évidence.
Tout comme la paire, me semble t’il, de mocassins Weston exposée sous vitre qui indique l’importance revêtue par cette marque  aux yeux des Sapeurs.
En creux, c’est également l’univers de Jocelyn Armel Bindickou , dit le Bachelor, que l’on peut y toucher du doigt .
 Incontournable figure de proue de la Sapologie parisienne dont le parcours, raconté dans l’instructif Portraits of Gare du Nord publié par l’historien Alex Toledano,
a, notamment, inspiré l’aménagement, sur lequel je reviendrai plus loin, des chambres du 25Hours Hotel Terminus Nord.
 Modèle best seller de la renommée marque française Maison Chateau Rouge, fondée, en 2015, par Youssouf Fofana, autre figure phare de Portraits of Gare du Nord, le Top Bleu Hirondelles
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et les inédits abat-jours recouverts de wax  grâce auxquels le bar acquiert un cachet unique,
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viennent, ensuite, souligner toute l’importance d’un tissu haut en couleurs que le continent africain a, force est de constater, fini par s’approprier .
Entre autre sous l’influence des Nana Benz togolaises, prospères commerçantes qui à compter du 20 eme siècle en assurèrent la commercialisation.
Enfin, les pochettes d’albums vinyl de Manu Dibango ou Myriam MakebaÂ
conjuguées aux sonorités musicales d’une playlist mettant à l’honneur rumba congolaise, morceaux d’Afrobeat et jazz, contribuent à donner à cette escale un parfum inoubliable.
Car non content d’éblouir les hôtes par son cadre, le Sape Bar peut aussi s’enorgueillir de servir d’aussi originaux qu’exquis cocktails et mocktails,
 Basil Lemonade Mocktail (à gauche), Twentieth Century Cocktail ( à droite)
, à accompagner de délicieux tapas méditerranéens cuisinés par le restaurant de l’Hotel.
Acronyme constitué à partir des prénoms des 4 fils de la cheffe Haya Molcho, le magnifique Nenni (établissement familial également établi en Allemagne et en Suisse )
propose, en effet, de goûter à une gastronomie israélienne qui, bien que ne puisant pas ses origines en Asie ou en Afrique Subsaharienne, s’avère riche des multiples influences, occidentales, arabes et américaines en l’occurrence, résultant des vagues d’immigrations qu’a connu l’Etat Hébreu.
Mention spéciale pour les savoureux Houmous, Falafels, Filets de maquereaux croustillants, Shawarma au poulet et Pain pita, dégustables tout au long de la journée, mais aussi pour le pantagruélique petit déjeuner-buffet où quelques spécialités culinaires israéliennes se sont à raison imposées .Â
Chez Nenni, aucun doute possible, vos papilles seront assurément en fête.
maquereaux croustillants
Le cosmopolitisme de la Gare du Nord, fil conducteur autour duquel s’est élaboré le concept du 25Hours Hotel Terminus Nord, imprègne, en dernier lieu, la signalétique des, colorés, couloirsÂ
portrait façon Malick Sidibe réalisé à partir des photographies des figures de Portraits of Gare du NordÂ
menant aux plus de deux cents confortables alcôves qui à terme se répartiront sur 6 étages .
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Coussins & couvertures de lit en wax, poupées, photographies vintage, affiches imaginées selon les canons du cinéma Tamoul à partir de portraits figurant dans Portraits of Gare du Nord, chaises en fil de pêche, gravures vintage, valises, plafonds & murs peints de couleurs vives, pieds de lit réalisés à partir de caisses de vin personnalisées, avec humour, du nom de l’ hôtel (Château Terminus Nord, Appellation Saint 25 heures Grand Cru Classé, 2018, mise en bouteille au Château Paris)
masques réalisés à partir de bidons d’essence de la marque & Banana Cape Town qui rappellent l’oeuvre de l’artiste béninois Romuald Hazoumé
Clonette Doll, Ghana
Nathalie, affiche The 25 Hours Express to Kollywood conçue par Sushant Sandal
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constituent, dès lors, autant d’objets, aux airs de madeleine de Proust pour certains, à travers lesquels la vie de provinciaux, habitants de banlieues, immigrés de première ou deuxième génération, ayant progressivement forgé l’âme de ce quartier du X eme arrondissement, s’y dévoilent.
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Toute l’acuité de cette démarche n’étant, néanmoins, perceptible qu’à l’aune de l’ouvrage Portraits of Gare du Nord d’Alex Toledano, Juliette Abitbol et Edouard Sanville.
Au fil des pages, quinze hommes et femmes « ordinaires », dont  Youssouf-Mehdi-Yoann (fondateurs de la marque Chateau Rouge que l’on ne présente plus), Nono (restaurateur) , Nathalie (s’occupant de l’assemblage et désassemblage manuel des trains à la Gare du Nord) ,Jocelyn ( propriétaire de la boutique Sape & Co dédiée à la Sape), Lucie (propriétaire d’ un salon de coiffure afro) , Medhi (colleur d’affiches), Metin (fromager) et Julie (propriétaire d’un café) font partie, se racontent.
 Ils livrent également, sans fard, leurs points de vue sur cet environnement, cristallisant tout autant les fascinations, les peurs que les préjugés, dans lequel ils évoluaient ou continuent d’évoluer à titre privé et ou professionnel.
Car la finalité poursuivie ici est bien la célébration de l’Humain.
Celui qui, appartenant à l’une ou l’autre des communautés précédemment évoquées, participe au développement économique desdits quartiers;Â
S’attache, nonobstant la gentrification et les mutations progressivement à l’oeuvre, à préserver l’âme d’un arrondissement où une page de l’Histoire parisienne, trop souvent mésestimée, continue pourtant de s’écrire et
Va à la rencontre de l’Autre, peu importe ses origines sociales ou ethniques.
Plus qu’une inattendue renaissance, le 25Hours Hotel Terminus Nord m’est indiscutablement apparu comme une adresse invitant hôtes, parisiens, résidents et passants à (re) découvrir, du lobby au Sape Bar en passant par le Neni Restaurant et les chambres, une autre facette de la capitale française.
Pour ce mémorable voyage multisensoriel  vécu, chambre 517, le week-end dernier, pour ce service à la fois convivial et aux petits soins prodigué par l’ensemble du personnel et pour cette mise en lumière de la diversité à l’heure où le repli identitaire semble être de rigueur : le 25Hours Hôtel Terminus Nord, inauguré début janvier, a, sans surprise, rejoint la liste de mes établissements parisiens coup de cÅ“ur.
Je reviendrai .
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