MAGNIFIQUE CELEBRATION DE L’ART NIGERIAN AU COEUR DE GENEVE
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masque facial à visage féminin, peuple anang, Ibibio |
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   L’évocation du Nigéria, pays le plus peuplé du continent africain, ne saurait uniquement se résumer aux enlèvements, attentats suicides et assassinats commis, ces dernières années, par la secte Boko Haram, essentiellement, dans le Nord du pays mais aussi à Abuja, la capitale fédérale située au centre, ainsi que dans les pays limitrophes que sont le Cameroun et le Tchad.
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Ce pays ne peut davantage être réduit à l’insécurité ( dont la réalité, ne pouvant néanmoins être niée, conduit d’ailleurs le Quai d’Orsay à édicter des recommandations de prudence strictes à l’encontre de ses ressortissants se trouvant sur place) prévalant dans les grandes villes du sud (notamment Lagos et Port Harcourt) ou autour des gisements de pétrole, exploités par de grandes compagnies pétrolières internationales, qui incite les expatriés et tous ceux qui en ont les moyens à se barricader dans des quartiers résidentiels ultra sécurisés dont ils ne sortent que sous bonne escorte.
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  En effet, résumer la situation de ce géant d’Afrique de l’ouest, actuellement en pleine alternance démocratique (si l’on se réfère aux dernières élections présidentielles qui s’y sont déroulées) à cette seule face sombre serait parfaitement injuste.
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Car le Nigéria réserve également de belles surprises pour qui prend le temps de dépasser ces préjugés ab initio.
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Ainsi, son récent statut de première puissance économique d’Afrique atteste de sa croissance, certes encore à deux vitesses, économique !
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Insolentes réussites sociales, nombreux projets pharaoniques sortant de terre, retour en masse des repats nigérians dans leur pays pour monter des entreprises qui cartonnent; sont quelques illustrations du boom que connait le Nigéria à ce titre.
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Mais le pays est également , et depuis longtemps, une importante plateforme culturelle et artistique sur laquelle il est impossible de faire l’impasse.
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Sa scène musicale compte quelques noms, rentrés dans l’Histoire, qui ne vous sont pas inconnus.
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De Fela Kuti, pape de l’afrobeat ( qui a inspiré de nombreux artistes contemporains), propriétaire du mythique club Shrine, également défenseur des libertés, décédé à l’été 1997 (alors que je passais quelques jours au Nigéria), à Sade, Ayo ou Keziah Jones, sans oublier les Psquare, Tiwa Savage ainsi que les rois du mouvement azonto nigérian dont je parlais ici tels que WizKid, Davido ou Inyanya.
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Sa littérature a également su nous offrir son lot d’écrivains de génie dont je ne citerai que trois noms :  Wole Soyinka, prix nobel de littérature en 1986, Chinua Achebe, dont l’ouvrage Le monde s’effondre était au programme de mes cours de français en 3 eme, et bien évidemment Chimamanda Ngozi Adichie, que l’on ne présente plus, dont j’ai personnellement adoré, notamment, l’ouvrage Purple Hibiscus.
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 Et le Nigéria joue également sa partition dans le monde de la mode africaine avec sa Lagos
 Fashion Week, ses nombreux designers de talent tels que Lisa Folayewo, la designer de la marque Jewel by Lisa, Mai Atafo ou encore Zashadu , une marque d’accessoires que j’ai découverte il y a bientôt trois ans et pour laquelle j’ai eu un coup de cÅ“ur.
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Comme vous pouvez le constater, les attraits culturels ne manquent pas au pays de l’egusi (une spécialité culinaire nigériane) !  Mais l’atout artistique phare de ce pays est celui dont il sera aujourd’hui question dans ce nouvel article du JPV.
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Il s’agit d’une richesse millénaire qui est le fruit des traditions propres aux différentes ethnies qui composent cet immense territoire : un art intrinsèque dont les masques et la statuaire sont d’une exceptionnelle beauté !
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  Mon amour pour l’art africain, de façon générale, et les masques africains, en particulier, n’est plus un secret pour vous comme en atteste d’ailleurs mon récent billet consacré ici à ceux de la Cote d’Ivoire. ( actuellement exposés au Quai Branly Parisien).
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C’est donc toujours avec beaucoup de plaisir que je suis prête à aller explorer les musées et expositions, françaises ou étrangères, qui décident de mettre à l’honneur de telles collections.
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Avec, je dois vous l’avouer, une excitation encore plus grande lorsqu’il s’agit d’œuvres d’art provenant de pays, à l’instar du Nigéria, dont les chefs d’œuvres ne sont pas souvent mis en lumière dans les lieux culturels se trouvant sous nos latitudes.
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Ainsi, c’est tout d’abord, en 2005, au Musée privé du Golf de Guinée de Lomé, la capitale togolaise, puis aux Musées parisien du Quai Branly, en 2012, lors de l’exposition Arts de la Vallée de la Benoué, celui de Dapper, toujours à Paris, et au MAAOA marseillais, durant le dernier trimestre 2014 que j’ai, pour ma part, pu découvrir , ces dernières années, quelques Å“uvres provenant notamment des civilisations nigérianes Nok, Katsina, Sokoto, Yoruba ou Igbo.
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Des escapades culturelles que j’ai, à chaque fois, trouvé très instructives sans pour autant avoir un coup de cÅ“ur franc pour ces objets venus du Nigéria, préférant à ces derniers les objets et masques du pays Dogon.
Mais ça c’était avant !
  Avant que je ne découvre hier, en toute fin de matinée et alors que je faisais un passage éclair à Genève, une exposition temporaire, consacrée à l’art nigérian, dont la beauté m’a littéralement époustouflée !
Pour la découvrir, il faudra vous rendre, jusqu’au 17 janvier 2016 (l’exposition, dont la fin était initialement prévue pour la la fin du mois d’août 2015, a donc été prolongée) au Musée Barbier Mueller, situé rue Jean Calvin, au cÅ“ur même de la charmante vieille ville.
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l’entrée du musée
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Ce musée privé, fondé à la fin des années 70, faisait, d’ailleurs, partie, depuis quelques années déjà , de ma Must Visit List culturelle car la richesse, plus de 7000 pièces, de ses collections (patiemment établies par Monsieur Mueller puis par ses héritiers dont son gendre Monsieur Barbier) d’art primitifs, font de ces dernières les premières du monde à ce titre !
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Et la visite s’annonçait d’autant plus prometteuse que cette exposition temporaire (le musée n’en organise que deux par an) puise dans le fonds le plus important du musée: celui dédié à l’Afrique !
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   C’est à  Nigel Barley, un ancien conservateur du British Museum, qu’est revenu la lourde tâche de puiser dans les Å“uvres de la maison pour proposer au visiteur un parcours fabuleux à travers les principales aires culturelles et artistiques du Nigéria ( nok, ife, igbo, youruba notamment) à la découverte de pièces d’art uniques, souvent exposées pour la première fois !
  Masques, bracelets, céramiques, poteries, porte sculptée, sculptures, statuettes : autant de joyaux dont la beauté m’a transportée à plus de 6000 kilomètres de là !
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Une superbe échappée que je vous recommande vivement !
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écran d’ancêtre, ijo |
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masque frontal, ijo |
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masque heaume, youruba
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tête féminine Ife |
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masque facial igbo |
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parure faciale, igbo |
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jumeaux, youruba |
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masque cimier en forme de requin |
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visage sculpté au centre d’un masque circulaire, ibibio |
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bracelet owo |
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