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QUAND LE QUAI BRANLY MET A L’HONNEUR LES GRANDS MAÃŽTRES DE LA SCULPTURE TRADITIONNELLE IVOIRIENNE

  |   AFRIQUE, ART & CULTURE, EUROPE, FRANCE, île-de-france, MUSEE, TOUS   |   2 Comments

 

masque gouro
 
 
 
 
      En 9 mois d’existence, j’ai partagé avec vous, chers lecteurs, plus de 70 articles racontant  mes tribulations à travers le monde.
 
 
Cependant, aucun d’entre eux ne concerne mon pays d’adoption.
 
 
 Celui où j’ai vécu jusqu’à 17 ans, celui de tous mes souvenirs de jeunesse, celui où j’ai noué de solides amitiés, celui que j’ai fait découvrir à ma chère moitié il y a 3 ans, celui où je me sens à la maison : la Côte d’Ivoire.
 
 
   Alors pourquoi ce silence quand on sait tout ce qu’il y a à dire sur la patrie des Eléphants ?
 
 
 Est ce par crainte de ne pas être totalement objective ? 
 
Par peur de vous donner des informations qui seraient devenues obsolètes depuis mon dernier passage, il y a quatorze mois, à Abidjan ?
 
 
Car tout va si vite au pays de l’attiéké et du coupé décalé….
 
 
Mais comme le dit si bien le proverbe « tout vient à point à qui sait attendre ».
 
 
Ainsi, pas plus tard que la semaine dernière, lorsque Joëlle, la rédactrice du blog  Elle Dit 8, m’a demandée quelle destination africaine je conseillerai à un touriste souhaitant découvrir le continent pour la première fois, j’ai, sans aucune hésitation, répondu la Côte d’Ivoire.
 
 
Et en bonne cartésienne que je suis, j’ai bien évidemment motivé ce choix (pour rappel, vous pouvez retrouver les raisons pour lesquelles ce pays me parait être une destination de choix ici).
 
 
Au rang des attraits du pays, j’ai évoqué ses lieux d’art et de culture sans, toutefois et à regrets, m’appesantir sur son héritage culturel et ses traditions artistiques.
 
 
   Aujourd’hui l’occasion m’est donnée de rectifier le tir en vous parlant d’une exposition, ayant ouvert ses portes ce matin, que j’ai découverte, dans la foulée, à ma pause déjeuner !
 
 
Comme on le dit si bien à Babi (aka Abidjan la capitale économique du pays) : « en même temps est mieux » !
 
 
Il était temps que je braque les projecteurs du blog sur ma chère Côte d’Ivoire.
 
 
   Et je ne pouvais pas rêver meilleur prisme pour vous la faire découvrir aujourd’hui  car c’est un angle d’approche auquel, j’en suis certaine,  vous ne vous attendez pas !
 
 
En effet, le Musée du Quai Branly, l’un de mes lieux préférés à Paris pour découvrir des collections artistiques africaines (mais pas uniquement) comme je vous le disais en octobre dernier, a décidé de mettre à l’honneur, à travers cette rétrospective,  les grands maîtres de la sculpture traditionnelle ivoirienne.
 
Et pour ce faire il a, comme à l’accoutumée, mis les petits plats dans les grands !
 
 
   Plus de 300 pièces, représentant pour l’essentiel des masques, des statues et des objets rituels, ont ainsi été réunies (notamment en empruntant plusieurs Å“uvres à de célèbres musées spécialisés dans l’art du continent africain, à l’instar de celui de Barbier Mueller à Genève) pour non seulement témoigner de la richesse ainsi que de la diversité des 6 écoles artistiques de sculpture réparties sur l’ensemble du territoire ivoirien mais également pour rendre hommage à leurs Maîtres, créateurs individuellement identifiés ou pas, qui jouissaient, à ce titre, d’un statut privilégié.
 
 
Mais l’exposition s’est aussi attachée, en toute fin de parcours, à présenter les œuvres de plusieurs artistes sculpteurs contemporains ivoiriens, comme pour montrer le fil invisible liant passé et présent.
 
 
Un univers, ayant ses propres codes, pratiques et significations, que j’ai, en ce qui me concerne, pris beaucoup de plaisir à découvrir.
 
 
Il faut dire que j’étais déjà sensible à cette problématique car j’ai acquis, il y a quelques années, un ouvrage intitulé « Masques vivants de Côte d’Ivoire » paru chez SAEP  que je me souviens avoir alors trouvé très instructif.
 
Enfin tout ça pour dire que cette exposition du Quai Branly vaut amplement le déplacement !
 
 
   Pour vous en donner un avant goût, je vous propose une immersion visuelle, où ne figurent que les clichés que j’ai pris correspondant à mes coups de cÅ“ur; chez les peuples Dan, Des Lagunes, Baoulé, Lobi, Gouro et Sénoufo !
 
 
Akwaba (Bienvenue) chez les Maîtres de la Sculpture de Cote d’Ivoire !
 
 
 
 
 
LES DAN

 

   Ce peuple de l’Ouest de la Côte d’Ivoire est connu pour ses masques,  servant aussi bien aux manifestations sociales et rituelles, réalisés par des maîtres de renom à l’instar de Tame, Uopie ou Sra.
 
On reconnait la statuaire Dan à ses traits féminins,  aux front prononcés, aux bouches ouvertes (masques chantants) ou aux objets, tels les cuillères, à tête de femmes.

 

 

 

Tame

 

 

 

 

awale

 

cuillère Sra

 

 

Images du film projeté montrant des danses de masques sur échassiers
 

 

 
 
PEUPLE DES LAGUNES

 

Ce sont les peuples du sud est du pays.
 
A défaut d’avoir été en mesure d’identifier des sculpteurs individuels et de leur attribuer la paternité de telle ou telle Å“uvre (contrairement aux Dans), les chercheurs en art africain ont toutefois réussi à trouver différents styles qu’ils ont nommé au vu des caractéristiques de chacune des sculptures.
 
 
   Ainsi on trouve, notamment, à côté des Maître des Ombrelles (ayant représenté des personnages portant une ombrelle) et de l’Ivoire ( ayant travaillé l’ivoire) (mes coups de cÅ“ur), ceux des mains géantes (ayant représenté des mains de grande taille), des volumes arrondis ( ayant représenté des femmes aux courbes opulentes) ou encore des jolis seins.
 

 

 

maitre des ombrelles
 

 

femme assise
homme assis
maître des mains énormes
maitre des jolis seins
 

 

 

 
maître aux volumes arrondis

 

 

 

 
maître de l’ivoire
 

 

 

LES BAOULE
 
 
Ce peuple, appartenant à la tribu Akan originaire du Ghana, s’est implanté au centre du pays et doit son nom au sacrifice de son fils unique fait par la reine Abla Pokou que j’avais évoqué dans l’interview du 8 mars dernier.
 
 
La statuaire baoulé est une interaction permanente entre le monde des vivants et celui des esprits.
 
 
Comme pour les peuples des lagunes, seuls demeurent aujourd’hui des Maîtres dont le nom est, le plus souvent, en corrélation avec les ethnologues s’étant rendus sur place, les collectionneurs occidentaux qui ont acheté, en premier lieu, ces objets, ou encore avec le nom de villages locaux.
 
 
Notamment Maitre de Kamer, dont les statuettes sont élégantes,  Maître de Totokro, dont les statuettes ont souvent les yeux mi clos et des coiffures asymetriques, Maître d’Ascher, Maître d’Essankro, dont les statues portent des coiffures relevées en chignon, ou encore Maître de Himmelhelber dont les statuettes arborent une barbichette.
 
 

 

Maitre d’Ascher femme assise

 

 

 

 

 

 

Masque Maitre de Totokro

 

Maitre de Kamer masque

 

masque portrait a trois cornes Totokro

 

masque à trois tetes d’oiseau, masque de Kamer

 

 

 

maitre d ‘Essankro masque a tête de bélier

 

 

 
Maitre dit de Vérité figure assise
Maitre de Himmelhelber homme assis avec une coupe

 

 

 

 
LES LOBI
 
 
Pour les sculpteurs de ce peuple du nord est du pays, le masque n’est pas la représentation privilégiée.
 
Ces derniers lui préfèrent la sculpture des tetes -piquet, représentant des génies protecteurs, ou celle de couples d’ancêtres.
 
 
Je vous avoue avoir été moins séduite par leur statuaire.
 
les têtes piquets
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sikire Kambiré

 

 
LES GOURO  
 
 
J’ai, en revanche, eu un énorme coup de cÅ“ur pour les masques réalisés par les sculpteurs de ce peuple vivant au centre de la Cote d’Ivoire.
 
Qu’ils soient à usage sacré ou profane, notamment avec les zaoulis, ils sont crées pour être d’une beauté sans pareille !
 
 
Les Å“uvres du Maitre de Bouaflé, du nom de la ville ivoirienne éponyme, d’une finesse incroyable ainsi que les masques, très colorés, de Sabu Bi Boti restent les plus connus.
 
 
 
 
Maitre des duonou, masque à tete d’oiseau

 

 

 

 

 

 

 
Maitre des Yasua, masque gou

 

Maitre de Bouafle masque gou
 
 

 

 
 
 

 

Sabu bi Boti, masque jaune zaouli

 

 
 
 

 

LES SENOUFO
 
 
Au nord de la Cote d’Ivoire, en pays sénoufo, les réalisations artistiques, qui doivent être liées au Poro (une société secrète initiatique qui réglait dans le moindre détail la vie de ses membres)  ne sont pas l’œuvre d’un maître, individu identifié, mais plutôt celle de la communauté toute entière.
 
 
C’est pourquoi l’on y retrouve davantage d’ateliers  à l’instar de celui du Maître de la forme triangulaire, au vu de la forme des visages et des scarifications présentées,celui du Maître du visage concave ou encore du Maître de la coiffe en crête de coq dont les yeux des masques sont cerclés de lignes.
 
 
La tradition artistique senoufo fait également la part belle aux masques heaumes.
 
Atelier de Korhogo masque heaume
 
 

 

 

 

 
Maitre de la Coiffe en crête de coq. masque a cornes

 

 

 

 

 
ARTISTES CONTEMPORAINS
 
 
   L’exposition se termine sur les Å“uvres de 4 artistes contemporains ivoiriens, Koffi Kouakou, les frères Emile Guebehi & Nicolas Damas et Jems Robert Koko Bi (le seul encore en vie aujourd’hui).
 
 
J’ai été frappée par la capacité de ces derniers à  conjuguer éléments caractéristiques des sculpteurs d’antan (utilisation du bois, façon de le tailler, vêtements traditionnels portés par les personnages)  et  vision plus moderne, voire futuriste notamment avec les robots, où l’influence du sacré a été reléguée aux oubliettes.
 
 
C’est certain, ces artistes contemporains se sont appropriés l’héritage culturel de leurs aînés tout en l’adaptant à leur vision de l’art moderne !
 
 
    Une jolie façon , à mon sens, de terminer l’exploration des « Maîtres de la Sculpture de Côte d’Ivoire » !
 
 
robots de Koffi Kouakou
Emile Guebehi et Nicolas Damas
 
 
 
 
 
 
Jems Robert Koko BI; Ancêtres

 

    Oyez Oyez, je viens d’apprendre (aujourd’hui 26 mai 2015) que cette exposition sera dès le lundi 1 er juin 2015 et ce, jusqu’au 26 juillet 2015, visible en Cote d’Ivoire grâce à des web- visites guidées, animées en direct par un conférencier du musée, qui se dérouleront à des dates précises dans les lieux suivants :
 
• Lundi 1er juin : • Séance inaugurale au Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire – Abidjan (16h30 heure d’Abidjan / 18h30 heure de Paris) ;
 
     • Lycée Blaise Pascal (lycée français) – Abidjan (9h30 heure d’Abidjan / 11h30 heure de Paris) ;
 
• Lundi 8 juin : Institut Goethe – Abidjan ;
 
• Lundi 15 juin : Institut Français (sous réserve de la confirmation par la direction générale) – Abidjan ;
 
• Lundi 29 juin : Ecole de Formation Artistique et Culturelle (EFAC) de l’Institut Supérieur des Arts et de l’Action Culturelle (INSAAC) – Abidjan ;
 
• Lundi 6 juillet : Maison du Patrimoine – Grand-Bassam ;
 
• Lundi 13 juillet : Centre Culturel Jacques Aka – Bouaké ;
 
• Lundi 20 juillet :  Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire (MCCI). Accueil des étudiants de l’Université FHB de Cocody – Abidjan (en matinée) ;
 
     • Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire (MCCI), séance ouverte à un large public (14h30 heure d’Abi­djan / 16h30 heure de Paris)
 
   Une superbe initiative, que l’on doit à Monsieur Lionel Zinsou, Président de la Société Des Amis du Quai Branly, qui permettra aux ivoiriens et à tous ceux qui s’ intéressent à l’Art en Cote d’Ivoire de (re) découvrir cet exceptionnel héritage culturel !
 
Un rendez vous à ne pas manquer pour tous ceux qui seront à Abidjan, Bouake ou Bassam aux dates mentionnées.
 
Et n’hésitez pas à faire circuler l’information 🙂
 
 
 
 

 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

2 Commentaires
  • Chayet | Mai 2, 2015 at 7 h 46 min

    wahouuu, Merci pour le partage!! Une vraie plongée dans la culture artistique traditionnelle ivoirienne!! Génial d'avoir mis la carte pour situer les ethnies, tu m'as donné envie d'aller voir cette expo!!

    • Le Pigeon Voyageur | Mai 2, 2015 at 16 h 01 min

      Merci Chayet ! je suis contente que tu aies aimé ! l'exposition est vraiment superbe ! un must qui met de surcroit à l'honneur notre jolie Cote d'Ivoire 🙂

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