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A LA DECOUVERTE DU KENTE, LA MAGNIFIQUE ETOFFE DES ROIS ASHANTIS DU GHANA

  |   AFRIQUE, ART & CULTURE, GHANA, HISTOIRE & DEVOIR DE MEMOIRE, TOUS, VOS ENVIES   |   4 Comments
étoffes de kente. Kente Centre du village d’Adanwomase
 
   
Frissons et sensations fortes garanties au Kakum National Park,  charmes incontestables du village lacustre sur pilotis de Nzulezo mais aussi du lac Bosumtwi, quiétude et salvatrice fraîcheur des jardins d’Aburi, calme luxe et volupté offerts par certains de ses bijoux hôteliers , avec une mention spéciale pour l’exclusif Zaina Lodge ainsi que surprenante découverte de l’art funéraire artistique sont quelques unes des, multiples, facettes du tourisme ghanéen dont j’ai précédemment eu à vous parler sur le blog.
 
 
 
Je dis à dessein multiples car le Ghana, ce pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, dont la récente campagne du #YearOfReturn , initiée en 2019, a rencontré un important engouement auprès de la Diaspora africaine, a bien évidemment d’autres superbes attraits touristiques.
 
 
 
    Notamment les jolies plages, telles Buxua et Axim, de la côte ouest ;  son septentrional  Mole National Park, Accra , sa trépidante capitale;  ses lieux de mémoire , à l’instar des anciens forts négriers d’Elmina et Cape Coast, liés au commerce triangulaire;  ses mines d’or, encore exploitées, d’Obuasi (lesquelles n’étaient malheureusement plus visitables par les touristes lors de mon passage, fin 2013, dans la région )
 
 
pancarte indiquant les mines à Obuasi, région ashantie
 
 
 
Sans oublier la découverte du  Royaume Ashanti, niché au cœur du pays, et de sa capitale, également la seconde ville du Ghana, Kumasi.
 
 
Un territoire ayant, depuis des siècles, acquis une importance capitale aux yeux des ghanéens .
 
A mon sens, à double titre.
 
 
En premier lieu pour des raisons historiques car le patriotisme ghanéen y est né.
 
 
Fondé au 17 ème siècle et gouverné par des Asantehene (rois), selon une règle de transmission matriarcale du pouvoir, ce puissant royaume, symbolisé notamment par le Tabouret d’Or royal, est, en effet,  le seul à avoir opposé une résistance aussi  longue ( soit durant près de deux siècles)  que farouche au colonisateur britannique.

Mais l’importance d’Osei Tutu II, l’Asantehene actuel ( depuis 1999) du peuple ashanti, reste, encore aujourd’hui, toujours palpable dans un Ghana moderne où les autorités continuent de le consulter avant toute prise de décision concernant  sa région.

 

portrait du roi dans le palais
 
 
 
Assurez vous d’ailleurs, lorsque vous serez de passage à Kumasi, de visiter sa résidence officielle,  demeure des rois passés , le Manhyia Palace.
 
 
dans l’enceinte du palais

 
symboles adinkra
 
 
 
Une instructive et vivante visite guidée vous permettra, à travers moults objets, documents, vidéos outre anecdotes du guide, d’en apprendre davantage sur royauté et culture ashanti.
 
 
Une halte que je n’ai pas regrettée !

N’hésitez pas, ensuite, à demander audience au roi, qui reçoit indifféremment sujets ou touristes sous réserve que vous lui apportiez un petit présent.

 
 
Malheureusement pour moi,  à quelques jours de la Saint Sylvestre 2013, ces rencontres ont été interrompues.

Qui a dit que les souverains n’avaient pas besoin de vacances ?
 
 
Le royaume Ashanti fascine, en second lieu, parce qu’il est le gardien du patrimoine culturel ghanéen.
 
 
Cette richesse, dont témoignent rites, festivals, ou encore traditions, trouve, pour moi, sa plus belle expression  dans une fabuleuse étoffe .

Ayant , depuis l’origine, toujours été considérée comme un élément clé illustrant la quintessence artistique du pays .
 
 
Assemblage de plusieurs bandes, manuellement, tissées  de fils (de soie et coton) de couleurs vives (initialement rouge jaune et verte);
 
 Entrelacés,  tant verticalement qu’ horizontalement, de façon complexe;
 
 
et reproduisant des motifs possédant chacun un sens précis : le kente est sans conteste la fierté du royaume ashanti et le symbole du pays tout entier !
 
 
Si le port de ce tissu, assez lourd, s’est dorénavant démocratisé (certaines marques ghanéennes l’utilisant pour fabriquer des accessoires tendance) et qu’il est  désormais également possible de  le faire customiser  en faisant part de ces desideratas pour des couleurs plus inhabituelles (par exemple le bleu) au tisserand, il ne faut néanmoins pas perdre de vue que cette étoffe, uniquement tissée à l’origine par des maîtres tisserands aux savoir-faire sans pareil, relevait de l’apanage exclusif des rois.
 
 
La légende Ashanti raconte en effet que c’est en voulant reproduire la toile tissée par une araignée que deux frères firent, au 17 ème siècle, la première tentative de création de kente en  recourant à du raphia.
 
 
Avec le temps, la technique employée s’améliora et il fut convenu, après suggestion royale, de teindre le kente dans les couleurs originelles ( rouge, jaune, vert)  précédemment citées  afin de le rendre plus attrayant.
 
 
Des maîtres tisserands se chargèrent, dès lors, de fabriquer l’étoffe en y incorporant des fils de soie, la finalité étant alors  de créer des pièces dignes d’être revêtues par le roi.
 
 
Autant d’éléments qui expliquent la complexité de sa réalisation outre son prix d’achat relativement élevé (acquisition qui sera cependant plus avantageuse si vous vous procurez votre pièce dans la région Ashanti plutôt que dans la capitale)
 
 
Dans ma famille, comme dans bien d’autres, les pièces de Kente sont de véritables trésors.

Héritages culturels, transmis de mère en fille et de père en fils ou cadeaux inestimables ayant été offerts, que l’on porte, en conséquence, lors de grandes occasions.

Fussent elles  familiales ou non.

 
 
Il était donc important pour moi que je m’en revêtisse , il y a quelques années, lors de mes fiançailles.
 
 
Puis,  désireuse, quelques années plus tard, d’en apprendre davantage sur « l’étoffe des rois », j’ai décidé de mettre à profit ma halte de 48 heures à Kumasi (opérée lors de mon roadtrip, à noël 2013,  dans le pays)  pour aller à la découverte des différents villages de tisserands, situés à une 20 de kilomètres de Kumasi.
 
 
Si vous n’êtes pas pressés par le temps, je vous suggère de, tout d’abord,  vous arrêter dans celui de Ntonso.
 
 
Où vous en apprendrez beaucoup  sur l’ Adinkra.
 
Cette étoffe, unie ou tye and die, sur laquelle sont imprimés des motifs traditionnels ainsi que des symboles, tel Gye Nyame (qui représente la toute puissance et l’immortalité divine), ayant une signification particulière dans la culture Ashanti.
 
 
Du fait de ses couleurs de prédilection, que sont le rouge et le noir, l’Adinkra est souvent porté lors des funérailles.
 
 
Un usage qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler le sens même du terme Adinkra signifiant « aurevoir, adieu ».
 
 
Si votre timing est, en revanche et comme ce fut mon cas, serré, poursuivez votre route jusqu’aux renommés villages de Bonwire ou Adanwomase .
 
Lieux de naissance présumés du Kente.
 
 
A Adanwomase, qui se proclame unique berceau du kente authentique (rien de moins) , j’ai ressenti une atmosphère beaucoup moins  commerciale.
 
 
 
 
Dans la petite maison du Kente Centre, les étapes de la conception du kente sont expliquées,  un métier à tisser permet de découvrir l’outil de travail du tisserand, tandis que quelques photos d’Asantehene drapés, dans toute leur majesté, dans leurs kente ainsi que plusieurs étoffes, accrochées sur des fils, donnent un avant gout du large éventail de possibilités en termes de couleurs.
 
 
 
 
 
Mais la pratique étant toujours plus parlante, je me suis dépêchée de me rendre sous le préau, faisant face au centre, où, en ce début d’après midi, deux tisserands étaient justement à l’œuvre.
 
 
L’un d’eux venait de débuter l’exécution d’un kenté, aux couleurs personnalisées, dont la confection  allait nécessiter pas moins de 3 jours de travail.
 
 
L’observer, pendant plusieurs dizaines de minutes, entrelacer, en simple ou double tissage, les différents fils et voir, peu à peu, apparaître les motifs géométriques sur l’étoffe fut un grand moment d’émotion !
 
 
 
 

 

Un peu plus loin,  séchaient , au soleil, les tye and die tout juste confectionnés tandis qu’à l’autre extrémité du préau, plusieurs jeunes hommes imprimaient, à l’aide d’éponge, des motifs Adinkra sur les tissus déjà secs.
 
 
Je regrette vraiment de ne pas avoir été en mesure de découvrir, de façon plus approfondie et grâce aux visites guidées organisées par le Kente Centre du village, tous les aspects menant à la conception du kente

 

tissus séchant au soleil
adinkra in the making
 
 
 
  
Mais cette première visite a néanmoins été une bonne entrée en matière 🙂
 
 
Elle s’est, en outre terminée, par le spectacle d’une fillette, qui sous mes yeux admiratifs, s’est mise à esquisser quelques pas d’Azonto en entendant les tubes de Davido et Fuse ODG qui s’échappaient des fenêtres de la voiture dans laquelle j’avais pris place.
 
 
 
 
 
  
 
D’Adanwomase, j’ai ensuite pris la route de Bonwire, village situé à  quelques kilomètres de là..
 
 
L’ambiance y était toute autre: magasins à tous les coins de rue proposant du Kente à la vente et nombreux rabatteurs vous exhortant à vous y arrêter.
 
 
C’est finalement au Bonwire Kente Centre que j’ai fini par faire escale.
 
 
Là,  dans un hangar où la chaleur était presqu’étouffante, je me suis crue dans une véritable caverne d’Ali Baba tant la diversité de Kente proposés à la vente était grande.
 
 
Une multitude de couleurs, allant des plus classiques aux plus contemporaines, dont je n’arrivais pas à détacher mon regard…
 
 
Après plusieurs hésitations j’ai finalement opté pour une pièce aux tons rose et crème..
 
 
   N’imaginez pas avoir beaucoup de marge de manÅ“uvre pour y négocier le prix de vos emplettes car dans ce centre, où de nombreux touristes se rendent, les tisserands ont conscience de la valeur et de la qualité de leurs produits et vous annonceront un tarif dont ils ne varieront pas d’un iota.
 
 
Tenez le vous pour dit !
 
 
Mais it’s all worth it car comme je vous le disais un peu plus haut, en acquérir à Accra vous reviendra beaucoup plus cher.
 
 
Cédez donc à la tentation de rapporter chez vous un bout du patrimoine ghanéen que vous pourrez porter, à votre tour, avec fierté 🙂
 
 
 

    

Pour ceux qui seraient tentés d’acheter du  Kente en dehors des frontières ghanéennes, assurez vous qu’il s’agisse bien de l’authentique étoffe (qui est assez lourde et dont le prix est d’autant plus conséquent à l’étranger) car désormais pullulent des pagnes wax  pouvant, par leurs couleurs et motifs,  faire illusion pour un Å“il non averti .

 

Par ailleurs, et à titre informatif, sachez que  :
 
 
– Si le Kenté renvoie, à priori, à l’aire géographique correspondant au royaume Ashanti du Ghana, il est également fabriqué à l’est du pays ( dans la Volta region), près de la ville de Ho.
 
 
Certains pensent même que cette région serait la véritable pionnière en la matière. 
 
(Voici donc encore un autre débat sur ses origines après celui qui oppose les villages de Bonwire et Adanwomase)
 
 
En tout état de cause, un festival dédié au Kenté est, au mois d’août, organisé dans cette région,  majoritairement peuplée par l’ethnie Ewé  (que l’on retrouve également au Togo voisin).
 
 
– Si  le Kente Ewe se distinguait, autrefois, du Kente Ashanti par ses couleurs moins criardes, cette différence tend de nos jours à disparaître, chacun empruntant des caractéristiques à l’autre.
 
 
Enfin, le pagne Kita, que l’on retrouve chez le peuple baoulé (issu des Akan) de Côte d’Ivoire (peuple trouvant lui même ses origines dans le Ghana voisin que la reine Abla Pokou, fondatrice de la dynastie Baoulé, avait fui  pour échapper à la mort avant de finalement s’établir en Cote d’Ivoire) est aussi une variante du Kente.
 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

4 Commentaires
  • Unknown | Jan 7, 2016 at 20 h 29 min

    bonjour
    combien coute les differents pagnes?

    • Le Pigeon Voyageur | Jan 7, 2016 at 21 h 39 min

      difficile de vous donner un prix exact car cela dépend de l'endroit où vous les achetez (si vous le faites à Accra ce sera plus cher que si vous le faites dans le village de Bonwire, dans le centre du pays, où ces pagnes tissés sont traditionnellement fabriqués), de la complexité du tissage, de l'expérience du tisseur etc…

  • Fofana Isaaci | Avr 30, 2016 at 10 h 54 min

    Bonjour

    J’ai un projet de création de marque et je souhaite mettre en avant le fait main africain.
    Le kenté aura une place importante dans mes collections.
    je serai intéressé par une bienveillante aide de votre part.
    Cordialement

    • Le Pigeon Voyageur | Avr 30, 2016 at 16 h 16 min

      Bonjour, comme vous avez pu le constater je tiens un blog consacre à mes voyages à travers le monde et ne commercialise donc pas de kente ou autres produits similaires. Je ne peux donc vous aider dans votre projet. Si ce tissu vous intéresse je vous conseille de vous rendre au Ghana et notamment près de Kumasi pour rencontrer les artisans .

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