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ENTRE ART ET DEVOIR DE MÉMOIRE, 3 SITES PEU CONNUS A DÉCOUVRIR AUTOUR DE LYON

  |   ARCHITECTURE, ART & CULTURE, EUROPE, FRANCE, HISTOIRE & DEVOIR DE MEMOIRE, Lyon, MÉMORIAUX, Paris, VOS ENVIES   |   2 Comments

 

tombes de tirailleurs,  venus du continent africain, morts pour la France durant la Seconde Guerre Mondiale

Nécropole Nationale de Chasselay

 

 

Séjourner à l’exclusif InterContinental Lyon Hotel-Dieu, tester le disruptif concept MiHotel, explorer l’insolite Offside Gallery : aussi belles qu’aient été ces expériences, elles n’ont néanmoins représenté qu’une partie des motifs ayant présidé à ma dernière escapade, mi-juin, à Lyon.

 

En revenant dans la Capitale des Gaules, si chère à mon cœur, je souhaitais, en effet, explorer trois sites, situés dans les environs, qui depuis longtemps figuraient sur ma Travel List.

 

Peu connus du grand public, ces deniers s’inscrivent, pourtant, dans l’Histoire hexagonale en y écrivant une page majeure de l’Art, pour ce qui est du premier, et en contribuant, pour les deux autres, au devoir mémoriel lié à de douloureux épisodes survenus lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

D’Hauterives à Chasselay en passant par Izieu, voici donc un émouvant itinéraire, aisément parcourable à la journée, qui vous fera découvrir un singulier palais, une nécropole nationale et un mémorial pionnier.

 

 

LE PALAIS IDÉAL DU FACTEUR CHEVAL, UNIQUE ÉDIFICE D’ART NAÏF, AU MONDE, CLASSÉ AUX MONUMENTS HISTORIQUES FRANÇAIS 

 

façade est du Palais Idéal, vue depuis le Belvédère

 

Au cœur de la Drôme,  l’avant-gardiste Palais Idéal, acquis en 1994 par le village d’Hauterives où il se trouve situé, fait, à double titre, figure de véritable must see.

 

 

En premier lieu parce que ce colossal projet, mené pendant 33 ans (de 1879 à 1912),

 

 

 

est l’oeuvre baroque d’un seul homme : Joseph Ferdinand Cheval (1836-1924),  surnommé Facteur Cheval en raison de sa profession.

 

 

 

Un ancien apprenti-boulanger devenu facteur rural, en 1867, qui, nonobstant la pénibilité de ses longues et solitaires tournées quotidiennes (allant jusqu’a 33 kilomètres effectués à pied) et les nombreuses vicissitudes de la vie auxquelles il dut successivement faire face (pertes de ses deux épouses et trois enfants), puisa, dans son imagination, dans ses envies d’Ailleurs, dans ses lectures, dans la Nature de sa région et dans les cartes postales et magazines illustrés qu’il distribuait, l’inspiration nécessaire à la construction, au milieu de son potager, de ce projet fou plus tard baptisé : le Palais Idéal.

 

le Temple de la Nature et son escalier

 

Le petit musée aménagé sur le site permet d’ailleurs, grâce à des photographies, textes et documents, de non seulement toucher du doigt l’univers de cet incroyable maître d’oeuvre autodidacte, que l’émouvant biopic  » L’incroyable histoire du Facteur Cheval » ,réalisé par Nils Tavernier, célèbre, mais aussi de prendre toute la mesure de son génie.

 

dans le musée

plan du Palais dessiné par Ferdinand Cheval

 

En second lieu pour le caractère unique de son architecture en pierre, coquillages, chaux et ciment, ne répondant à aucunes règles formelles de construction, qui justifia le classement, en France, en 1969 de ce chef d’oeuvre d’art brut, par André Malraux, au titre d’unique monument historique symbolisant l’Art Naïf.

 

le Temple de la Nature

 

Orné de citations ou d’inscriptions, fussent elles de figures historiques phares ( Goethe, Jacques Cœur ou Socrate) que du Facteur Cheval lui même,  interpellant le visiteur,

 

 

 

, force est aussi de constater à quel point l’imposant Palais Idéal, ceint d’un luxuriant jardin où palmiers, figuiers de Barbarie et oliviers librement s’épanouissent, se joue, en invitant au Voyage, des époques et des destinations :

 

Riche bestiaire, constitué d’animaux exotiques (éléphant, lion, biche, bélier, serpent, caïman, guépard) ou non (ours, oiseaux, pieuvre, chien, cerf, chèvre),

 

 

 

y côtoie ainsi personnages historiques

 

 

,  géants

 

Les 3 Géants: César, Vercingétorix, Archimède

 

et figures bibliques (Adam et Ève)

 

 

 

tandis qu’un temple hindou, un tombeau égyptien, un chalet suisse, un château médiéval, une mosquée, une galerie intérieure, une terrasse , une fontaine, plusieurs grottes et tours

 

 

 

galerie intérieure

la mosquée et l’escalier d’accès à la terrasse

 

les pèlerins sur la crête

 

outre un belvédère surgissent

 

belvédère

 

 

 

, contre toute attente, au détour de l’une ou l’autre des 4 façades constituant le Palais.

 

Sa singularité, véritable ode, par delà les cultures et les religions, à la fraternité, attire donc rapidement les visiteurs, français et étrangers, à qui Ferdinand Cheval propose, dès 1905, des visites guidées.

 

registre des visiteurs ouvert par le Facteur Cheval en 2005, musée du Palais Idéal

 

 

C’est donc à l’un deux, le poète français Emile Roux-Parassac, que l’on doit le poème « Ton Palais, Ton Idéal », inscrit au cœur même du Palais Idéal, qui inspirera à Ferdinand Cheval le nom de son bijou architectural.

 

 

 

Au fil des décennies, cet engouement populaire se double également d’une légitimation venue d’éminents artistes, tels Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, André Breton ou Pablo Picasso.

 

D’origine modeste, ayant fait peu d’études, introverti, presque mutique et victime de l’incompréhension outre des railleries de ses contemporains, le prenant pour un fou, durant la construction du Palais Idéal, Ferdinand Cheval n’aurait assurément pas pu rêver plus grande reconnaissance.

 

D’autant que son oeuvre, en plus de constituer, à présent, un indéniable atout touristique pour la région, s’est aujourd’hui muée en exclusif théâtre voyant plusieurs renommés chanteurs régulièrement s’y produire lors de concerts.

 

Ou l’Art d’ancrer, avec brio, un monument historique dans le Présent.

 

Mais ne quittez pas le village d’Hauterives sans vous rendre au cimetière car vous manqueriez alors l’extraordinaire « Tombeau du silence et du repos sans fin », bâti de 1914 à 1922 par le Facteur Cheval, où ce dernier fut, après son décès en août 1924, finalement inhumé.

 

 

 

En contemplant, avec émerveillement, l’oeuvre, résolument novatrice, du Facteur Cheval,  je n’ai pas pu m’empêcher de songer à la citation de Marcel Duchamp  selon laquelle « L’Art est une chose beaucoup plus profonde que le goût d’une époque« .

 

Car elle illustre le destin de tous ces édifices qui après avoir été, à l’instar du Palais Idéal, décriés lors de leur édification cristallisent à présent toute la fierté d’une nation.

 

A raison.

 

 

LA NÉCROPOLE MILITAIRE NATIONALE DE CHASSELAY OU L’HOMMAGE AUX, OUBLIÉS, TIRAILLEURS AFRICAINS MORTS POUR LA FRANCE DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

 

Le Tata de Chasselay

 

 

Alors que la France s’apprête à commémorer, le 15 d’août 2019, le 75 ème anniversaire du débarquement de Provence, dont le contingent était, contrairement à ceux des troupes alliées intervenues le 6 juin 1944 sur les plages normandes, presque entièrement composé de soldats coloniaux, combien de personnes ont connaissance de la participation et du sacrifice de ces soldats venus du Pacifique, des Antilles, du Maghreb et d’Afrique Noire n’ayant pas hésité à mourir pour la patrie française durant les deux conflits mondiaux, et en l’espèce lors de la Seconde Guerre mondiale, que connut le 20 ème siècle ?

 

A vingt kilomètres au nord de Lyon, la commune de Chasselay évoque cette douloureuse réalité historique, renvoyant à la période 39-45, par le biais d’une singulière nécropole érigée, en 1942, sur ses terres avant d’être classée nationale en 1966.

 

 

 

Ce cimetière rend, en effet, hommage au près de 200 tirailleurs africains d’origines diverses ( notamment sénégalaise, gabonaise, ivoirienne, béninoise, congolaise, malienne, nigérienne, burkinabé),  déjà identifiés ou encore anonymes,

 

 

 

qui, après avoir vaillamment résisté face à l’ennemi durant les dernières heures de la Campagne de France,  furent, les 19 et 20 juin 1940, sauvagement massacrés par la sanguinaire division blindée SS « TotenKopf » qui s’apprêtait à investir Lyon, alors déclarée « ville ouverte » par le Maréchal Pétain .

 

Non parvenue à temps à la 3 ème Compagnie du 25 ème Régiment, unité peu équipée, en sous-nombre et placée sous le commandement du Capitaine Gouzy, à laquelle appartenaient lesdits « tirailleurs sénégalais », cette cruciale information militaire coûtera d’emblée la vie aux soldats noirs combattant dans ses rangs.

 

Des « sous-hommes » que les nazis, imprégnés de la violente propagande raciste du III ème Reich, considéraient comme « une honte » à « liquider » tandis que leurs frères d’armes caucasiens faisaient, à contrario, l’objet d’un tout autre traitement en étant, pour l’essentiel, maintenus prisonniers.

 

Outrepassant l’interdiction prononcée par l’Occupant de toucher aux tombes informelles de ces soldats noirs,  Jean Marchiani, Secrétaire Général de l’Office départemental des Anciens Combattants ,Mutilés et Victimes de Guerre du Rhône, décida pourtant d’acquérir un terrain au lieu-dit, à Chasselay, du Vide Sac, où une partie desdits massacres avaient, en juin 1940,  eut lieu.

 

 Puis il y fit édifier le Tata (un substantif qui en wolof, l’une des langues parlées au Sénégal, renvoie à une enceinte sacrée où sont enterrés les guerriers fauchés sur le champ de bataille) sénégalais.

 

 

 

Inauguré le 8 novembre 1942, ce cimetière devint, en conséquence, le lieu de sépulture de ces valeureux combattants de la Liberté.

 

 

 

Mais au-delà de la reconnaissance nationale ainsi témoignée, l’autre singularité du Tata Sénégalais tient à sa beauté architecturale rappelant à bien des égards le continent africain dont ces hommes étaient originaires.

 

En attestent l’enceinte rectangulaire, aux murs rouge-ocre,

 

 

 

surmontée de pyramides transpercées de pieux s’inspirant de l’architecture soudanaise, notamment visible dans le nord du Mali,

 

 

 

la présence de masques décorant les portails d’entrée,

 

 

 

et la terre, ramenée du Sénégal et mélangée à celle locale, dans laquelle se trouvent enserrées les tombes.

 

 

 

Le Tata Sénégalais de Chasselay est donc un site de recueillement dont, par devoir de mémoire, je vous recommande chaudement la visite.

 

Car à l’heure où certains, encore aujourd’hui, se complaisent, de manière nauséabonde, à mettre en doute la francité et la loyauté des français d’origine immigrée, rappeler l’existence de ce site, seul cimetière militaire africain d’Hexagone, revient à faire œuvre utile.

 

La mémoire collective ne pouvant plus, à mon sens, se permettre d’occulter des faits historiques dont la réalité, objectivement établie, ne souffre pas la discussion.

 

 

LE MUSÉE-MÉMORIAL DE LA MAISON D’IZIEU OU LE SYMBOLE DE LA BARBARIE NAZIE PERPÉTRÉE CONTRE LES ENFANTS JUIFS DURANT LA SHOAH

 

 

 

Le 16 juillet 2019 était commémoré le 77 éme anniversaire de la Rafle du Vélodrome d’Hiver.

 

Une gigantesque opération, baptisée « Vent Printanier », durant laquelle la police française de Vichy, sur demande du pouvoir nazi, procédait les 16 et 17 juillet 1942, à Paris et en région parisienne, à l’arrestation de 13000 personnes, dont 4000 enfants, juives.

 

 Internées, dans d’épouvantables conditions, à Drancy (pour les célibataires et couples sans enfants) et au Vélodrome d’Hiver (enceinte sportive, détruite en 1959, aménagée dans le 15 eme arrondissement) pour les familles, elles furent, après un passage dans les camps du Loiret, de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, qui virent parents et enfants être définitivement et brutalement séparés, ensuite déportées vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, situé en Pologne, où la mort les attendait dans les chambres gaz.

 

Si moins d’une centaine de personnes arrêtées les 16 et 17 juillet 1942 à Paris, parmi lesquels 6 adolescents , a survécu à la Shoah, ce ne fut en revanche pas le cas des 4000 enfants de la rafle du Vel d’Hiv.

 

Innocentes victimes de la barbarie nazie auxquelles un émouvant jardin-mémorial, élevé à l’emplacement même du Vélodrome et inauguré le 16 juillet 2017, est à présent dédié.

 

Mais l’extermination des enfants juifs arrêtés en France ne saurait être uniquement circonscrite à cette tragédie parisienne, portée à l’écran dans le bouleversant long-métrage, La Rafle, de Rose Bosch.

 

Ce serait oublier la rafle du 6 avril 1944, opérée, comme l’atteste le télégramme signé de sa main, sur ordre du redouté chef de la Gestapo lyonnaise, Klaus Barbie, à la « Colonie d’enfants réfugiés d’Izieu ».

 

Ayant investi une villa rurale située, au sud de l’Ain, dans l’aussi isolé qu’idyllique hameau de Lélinaz.

 

stèle nationale, Maison d’Izieu 

 

paysages bucoliques se laissant admirer depuis le site de la Maison d’Izieu

 

 

 Ouvert dans une zone dont le placement sous occupation italienne (de novembre 1942 à septembre 1943) assurait, dès lors, aux populations juives l’absence de persécutions (les autorités mussoliniennes se montrant très bienveillantes à leur égard), ce refuge, tenu par les époux Miron et Sabine Zlatin,

 

Sabine Zlatin

 

travaillant depuis peu pour l’OSE (Œuvre de Secours aux Enfants chargée du sauvetage des enfants juifs et de leur placement dans des familles d’accueil ou des maisons), cache, à partir de la mi-mai 1943, une centaine d’enfants juifs.

 

Qui après avoir été sortis, à la faveur des actions menées par les associations de secours juives, des camps d’internements de la zone Sud où ils avaient été enfermés avec leurs familles (originaires d’Afrique du Nord et de toute l’Europe), se retrouvent, ici, désormais placés sous l’autorité de 7 éducateurs (Lucie Feiger, Mina Friedler, Eva Reifman, Sarah Levan-Reifman, Moise Reifman, Lea Feldblum et Miron Zlatin) également de confession juive.

 

Grâce à l’aide apportée par la famille Perticoz, voisine immédiate de la colonie, et les habitants des villages d’Izieu et Bregnier-Cordon, contribuant, en dépit des mesures de rationnement alimentaire, à l’approvisionnement en vivres de la colonie; 

 

Sans oublier celle fournie par les autorités administratives locales (à l’instar de la gendarmerie, des maires des communes d’Izieu & Bregnier-Cordon et du sous-préfet de l’arrondissement de Belley) ayant facilité son installation, aidé à l’ approvisionnement en vivres, couverture, meubles, délivré des sauf-conduits en cas de besoin et les ayant prévenu devant l’imminence d’éventuels dangers;   la vie, sans chauffage ni eau courante, s’organise tant bien que mal à la Maison, supposée n’être qu’un lieu de passage, d’Izieu.

 

Les journées y sont donc rythmées par les cours dispensés sur place, à partir d’octobre 43, aux plus petits dans une classe unique, la scolarité se déroulant, pour les plus grands, au collège de Belley, les spectacles préparés, les  jeux, les séances de dessin, les baignades dans la fontaine de la maison et les quelques sorties effectuées dans les environs.

 

 

 

 

Mais cette parenthèse heureuse prend brutalement fin, le matin du 6 avril 1944, lorsque les forces de la Gestapo nazie font irruption dans la Maison.

 

Ils arrêtent, à l’exception de Sabine Zlatin alors en déplacement à Montpellier, toutes les personnes présentes, soit 44 enfants, âgés de 4 à 17 ans, et six éducateurs; 

 

les transfèrent à la prison de Montluc puis au camp francilien de Drancy

 

avant de les déporter, entre mi avril et fin juin 44, par six convois successifs (du n°71, dont font aussi partie la future Simone Veil, sa mère et l’une de ses sœurs, au n°76) en Estonie (s’agissant des deux adolescents et de Miron Zlatin) et vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, pour les autres, d’où Léa Feldblum, la plus jeune monitrice de la Maison d’Izieu, sera la seule à revenir, ses compagnons d’infortune ayant été gazés dès leur arrivée.

 

Après-guerre, l’érection, à l’initiative de Sabine Zlatin, d’un obélisque, inauguré le 7 avril 1946 dans le village de Bregnier-Cordon, constitue le premier hommage qui leur est rendu.

 

carrefour de la Bruyère, Bregnier-Cordon

 

Le tragique sort des pensionnaires de la Maison d’Izieu sera ensuite évoqué lors du procès international de Nuremberg ( novembre 1945- octobre 1946).

 

Avant de constituer, quatre décennies plus tard, l’un des chefs d’accusation retenus, grâce aux minutieuses recherches effectuées par les époux Klarsfeld et ayant permis de reconstituer l’histoire des enfants d’Izieu, à l’encontre de Klaus Barbie, alias le Boucher de Lyon.

 

  Jugé pour crimes contre l’humanité et condamné, en juillet 1987, à la réclusion criminelle à perpétuité, lors du procès qui, en mai 1987, s’ouvre à Lyon devant la Cour d’Assises du Rhône.

 

Au cours de ce dernier, témoigneront notamment Sabine Zlatin, fondatrice de la Maison d’Izieu, plusieurs mères (à l’instar de Fortunée Benguigui et Ita-Rosa Halaunbrenner) d’enfants raflés à la Colonie, Julien Favet ,ouvrier agricole qui fut témoin de la rafle, le maire d’Izieu outre le Docteur Léon Reifman ayant, le 6 avril 1944, échappé de peu à l’arrestation.

 

Mais c’est véritablement au sein du poignant mémorial d’Izieu, aménagé sur les lieux de la rafle et inauguré, le 24 avril 1994,  par le président François Mitterrand, que la mémoire des enfants d’Izieu se laisse, dans toute son entièreté, toucher du doigt.

 

 

 

Premier et seul site français alors consacré aux enfants juifs cachés puis déportés durant la seconde guerre mondiale , le musée-mémorial d’Izieu se dévoile au cœur de deux édifices ouverts à la visite.

 

Ainsi, l’ancienne grange

 

 

accueille une magnifique exposition permanente qui:

 

Offre, en s’articulant autour de la mise en place par l’Etat Français de la politique antijuive nazie;  de l’histoire des enfants juifs d’ Izieu; des grands procès intentés, au lendemain de la seconde guerre mondiale, contre des criminels nazis à l’étranger (Nuremberg, Tokyo, Francfort-sur-le-Main, Kurt Lischka, Adolf Eichmann, Ludwig Sonntag) et en France( Pierre Laval, Philippe Petain, René Bousquet, Paul Touvier, Maurice Papon, Paul Touvier) outre des questions liées à la mémoire, une meilleure appréhension de la Shoah.

 

portraits des enfants d’Izieu

 

 

Et mène, en parallèle, une seconde réflexion sur les génocides ( tels ceux perpétrés contre les Arméniens, les Tutsi du Rwanda ou les musulmans de Bosnie) ayant jalonné l’Histoire du 20 ème siècle et leur condamnation par les juridictions pénales internationales (Cour Pénale Internationale de La Haye et tribunaux pénaux ad hoc). 

 

Le tout en s’appuyant sur des articles de presse, vidéos, enregistrements sonores, œuvres multimédias, archives , documents administratifs, cartes et photographies présentés de manière extrêmement didactique.

 

Puis, l’itinéraire de visite se poursuit dans la maison, située un peu plus haut,

 

 

 

où l’émotion d’emblée étreint le visiteur .

 

Le souvenir de la vie quotidienne des enfants qui y vécurent pendant près d’un an se dessine, en effet, au fil des pièces traversées

 

 

réfectoire

 

 

salle de classe

 

où apparaissent  leurs portraits,

 

dortoirs

 

dessins 

 

 

et déchirantes lettres.

 

 

 

Visible jusqu’au 31 août 2019, l’exposition d’Olivier Camen, intitulée « Au-revoir les enfants », en recourant à des valises, remplis de vêtements, jouets, chaussures, cahiers d’enfants, et en concevant  de colorés tableaux brodés  

 

 

redonne, 75 ans plus tard, à sa manière vie à :

 

Mina (8 ans) et Claudine (5 ans) Halaunbrenner;

 

Fritz Lobmann (15 ans) ;

 

Alice-Jacqueline Luzgart (10 ans);

 

Paula (10 ans) et Marcel (7 ans) Mermelstein

 

Georgy Halpern (8 ans) ;

 

Max Leiner (7 ans);

 

Renate (8 ans) et Liane Krochmal (6 ans);

 

Théodor Reis (16 ans);

 

Martha (10 ans) et Senta Spiegel (9 ans) ;

 

Claude Levan-Reifman (10 ans);

 

Arnold Hirsch (17 ans);

 

Gilles Sadowski (8 ans);

 

Isidore  Kargeman (10 ans);

 

Albert (4 ans) et Majer-Marcel Bulka (13 ans); 

 

Henri-Chaim (13 ans) et Joseph Goldberg (12 ans)

 

Hans Ament (10 ans); 

 

Nina Aronowicz (11 ans); 

 

Sami Adelsheimer (5ans) ;

 

Lucienne Friedler (5 ans),

 

Egon Gamiel (9 ans) ;

 

Otto Wertheimer (12 ans);

 

Emile Zuckerberg (5ans); 

 

Herman (10 ans) et Max Tetelbaum (12 ans); 

 

Esther (12 ans), Elie (10 ans) et Jacob (8 ans) Benassayag ;

 

Charles Weltner (9 ans);

 

Jacques (12 ans), Jean-Claude (5 ans) et Richard Benguigui (7 ans);

 

Jean-Paul (10 ans) et Max-Marcel (12 ans) Balsam;

 

Barouk-Raoul Bentitou (12 ans).

 

Liliane (11 ans ) et Maurice Gerenstein (13 ans) ;

 

Sigmund Springer (8 ans);

 

Sarah Szulklaper (11 ans).

 

44 enfants arrêté(e)s, déporté(e)s et assassiné(e)s pour le seul fait d’être né(e)s juifs mais dont la mémoire continuera, à Izieu et ailleurs, à être  perpétuée .

 

 

 

 

 

 

AUTEUR - Le Pigeon Voyageur

Et si le cœur vous en dit, vous pouvez également partager avec moi vos impressions, émotions et pourquoi pas interrogations après lecture de cet article et découverte de ces photos (toutes prises par mes soins). Alors à vos plumes !

2 Commentaires
  • Eve | Juil 23, 2019 at 21 h 55 min

    Quel plaisir de te lire Ivy, tu es une conteuse née, c’est indéniable ! Tu sais captiver l’attention jusqu’à la fin de tes récits et ce, quelque soit les thèmes abordés. On passe de l’admiration avec la si singulière œuvre du facteur Cheval, à l’émotion avec le Tata de Chasselay et la Maison d’Izieu. Merci de ces idées de visite hors des sentiers battus, de tes mots toujours justes et pour tes billets toujours si bien documentés. Bravo pour cette passion qui transparaît derrière ces mots et que tu sais si bien communiquer ❤

    • Le Pigeon Voyageur | Juil 24, 2019 at 13 h 22 min

      Eve, devant un tel message, les mots ne suffiraient pas pour t’exprimer toute ma gratitude . Mille mercis à toi ! Mon leitmotiv est de continuer à faire du JPV une singulière enclave où l’on s’évade, bien sur, mais où l’on découvre également des choses qui ne sont d’ordinaire pas évoquées sur les blogs Voyage. Puisses tu continuer à y trouver ton bonheur 🙂

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